Le Cnesco vous invite à participer à une nouvelle conférence de comparaison internationale sur l’orientation. Organisée les 8 et 9 novembre à Paris, vous pouvez dès aujourd’hui vous inscrire pour participer en présentiel ou à distance à cet événement. Alors que le gouvernement réforme l’orientation scolaire en la confiant aux régions, la conférence de comparaison internationale associera acteurs de terrain et chercheurs pour faire des propositions sur la construction du parcours d’orientation.
Cette nouvelle conférence est organisée par le Cnesco en partenariat avec le CIEP, France Stratégie et le CESE. Le CREN de Nantes fournira un véritable dossier en amont de l’événement pour les participants. Nathalie Mons, présidente du Cnesco, Xavier Naud , président de la section éducation du CESE et Daniel Agacinski, chef de projet à France Stratégie expliquent l’intérêt d’une conférence de comparaison internationale et spécialement sur ce sujet de l’orientation.
Pourquoi le choix de ce thème ?
Nathalie Mons : La question de l’éducation à l’orientation a croisé plusieurs sujets que le Cnesco a traité récemment : par exemple les inégalités sociales. Il y a des inégalités de ressources et de résultats dans l’orientation. A note équivalente on va avoir des voeux différents selon les jeunes et des affectations différentes. On veut rendre cela visible. Ensuite on s’est rendu compte qu’à l’étranger il y a des pays très en avance dans les politiques d’orientation pour lutter contre les inégalités dès le primaire. C’est le cas en Angleterre, en Suisse, en Australie par exemple.
Xavier Naud : L’orientation est capitale pour réduire les inégalités. On a publié un avis en avril sur cette question et il est intéressant de croiser les regards avec d’autres institutons.
Daniel Agacinski : On a trouvé cette question par exemple quand on a étudié les inégalités d’accès à l’ascension sociale. On voit bien que la situation e Charente , par exemple, ne se pose pas dans les mêmes termes qu’à Paris. Il y a des cultures régionales de l’orientation. Il y a aussi la question de la transition du lycée au supérieur qui est d’actualité.
Comment allez vous organiser la conférence ?
NM : Il y aura trois parties. Une sur les grands enjeux comme par exemple la compétence à s’orienter. Dans plusieurs pays (Suède, Angleterre, Australie etc.) on ne voit pas l’orientation comme un moment précis ou une aide apportée aux élèves les plus en difficultés mais comme la construction chez tous les élèves de la capacité à s’orienter.
La seconde partie traitera des dispositifs pour limiter l’autocensure des jeunes. Et là aussi on a des exemples internationaux, en Corée par exemple. La troisième partie se demandera de quoi a -t-on besoin pour dispenser une éducation à l’orientation. Comment on coordonne les acteurs nationaux et régionaux par exemple. Comment on forme les enseignants. Quels liens entre les enseignants et le marché de l’emploi.
XN : La conférence traitera de ce croisement entre le désir du jeune et la connaissance de lui même et du marché.
DA : On va donc se décentrer par rapport au débat français sur la gouvernance nationale ou régionale et se recentrer sur les besoins des familles et des enseignants. Il va bien falloir réfléchir au contenu des 54 heures prévues dans la réforme du lycée.
Aujourd’hui on a un traitement inégal entre riches et pauvres, les premier retardant l’orientation et les seconds étant poussés vers l’apprentissage ou les formations courtes. Comment en finir ?
NM : On va montre deux pays, l’Angleterre et l’Australie qui depuis 15 ans luttent contre ces inégalités. Ce qu’ils nous disent c’est qu’il ne faut pas attendre le dernier moment pour s’atteler au problème. Les anglais combattent les inégalités sociales d’orientation dès le primaire avec des programmes d’ouverture intellectuelle pour leur donner la possibilité de se voir dans des études universitaires. Ces programmes visent les jeunes des premières générations susceptibles de faire ces études.
XN : Un des marqueurs d’inégalités c’est que moin son réussit scolairement plus il faut s’orienter tôt. On préconise de repousser les choix plus tard, à la fin de la 2de.
DA : On s’intéresse à la façon dont on construit l’information vers les élèves. On voudrait faire un état des lieux des ressources et de leur fiabilité sur les débouchés et sur les services d’orientation.
La conférence comprend également des ateliers. A quoi servent -ils ?
NM : La conférence va permettre aux participants (membres de l’éducation nationale, entreprises, régions, enseignants du supérieur etc.) après avoir lu le rapport produit en amont et avoir échangé, de produire des recommandations par exemple sur la lute contre l’autocensure, les stéréotypes sociaux etc.
Ce type de conférence produit-elle un contenu scientifique ?
NM : C’est la méthode du Cnesco, à la fois d’évaluation scientifique et participative. On est attaché aux deux et le CESE et France Stratégie aussi. Cela a pour avantage de poser des éléments robustes pu discutables en terme de diagnostic et de permettre de construire des préconisations. On doit réfléchir en mettant autour de la table tous les acteurs en leur demandant d’enrichir l’évaluation de leur expertise de terrain pour construire des recommandations. Sinon on tombe dans l’évaluation gendarme ou sur le consensus mou. Notre consensus est innovant. Je me rappelle par exemple que lors de la conférence de comparaison internationale sur l’enseignement professionnelle on a fait des recommandations concrètes pour pallier la crise du recrutement des enseignants en permettant à des professionnels d’entrer dans le métier sans master mais en les accompagnant vers le master.
XN : En France on a de nombreuses évaluations qui ne sortent pas du cercle des chercheurs. L’enjeu c’est d’arriver jusque dans les collectivités locales ou les salles des profs. Et utiliser l’expertise des décideurs et des acteurs permet cela. Le nombre des consultations sur le site du Cnesco le montre.
Propos recueillis par François Jarraud