La présidente du Conseil supérieur des programmes est vivement critiquée par des associations d’enseignants et une centaine de linguistes dans une tribune de Médiapart. Ils lui reprochent sa conception de la langue et son ignorance qui met aux manettes « la superstition et la soumission en principes de pilotage des programmes éducatifs, ce qui est contraire aux finalités officielles de l’éducation en France » suite à ses propos dans Le Point.
» Elle ignore et surtout refuse que la grammaire soit l’organisation syntaxique et morphologique effective d’une langue dans ses usages et ses variations, et pas uniquement celle de la variété normative, et que cette organisation grammaticale soit décrite scientifiquement et objectivement par les… sciences du langage, discipline solide d’enseignement supérieur et de recherche scientifique. La présidente du CSP ignore aussi, manifestement, l’histoire de la notion et la notion même de « prédicat », pourtant traditionnelle en grammaire française. Il lui suffirait pourtant d’ouvrir un bon dictionnaire ou d’interroger des linguistes », écrivent-ils. » L’observation dite réfléchie de la langue, présente dans les programmes français depuis de nombreuses décennies, est pourtant traditionnelle mais la présidente du CSP l’ignore sans doute aussi. »
Ils évoquent aussi » plusieurs paragraphes où la présidente du CSP enchaine les poncifs, lieux communs, rumeurs tous aussi inexacts les uns que les autres mais utiles pour manipuler l’opinion relevant de cette pseudo-sociolinguistique de comptoir si fréquente dans le discours nationaliste français : « Nivellement de la langue, langage SMS, la destruction de la langue qui est en marche, la sauvegarde de notre langue… ».
» La langue française (comme l’Histoire, dont la même présidente du CSP veut faire l’apprentissage d’un roman national) est une religion d’État : on la traite non pas d’un point de vue scientifique et éducatif mais d’un point de vue irrationnel et dogmatique. On érige l’ignorance, la superstition et la soumission en principes de pilotage des programmes éducatifs, ce qui est contraire aux finalités officielles de l’éducation en France. On coupe l’enseignement primaire et secondaire de l’enseignement supérieur, ce qui pose d’ailleurs un problème grave de formation des enseignant·e·s : formé·e·s à l’université, sur des contenus et méthodes scientifiques, ils et elles devraient ensuite apprendre aux élèves, à nos enfants, à gober et imiter sans réfléchir, y compris des âneries. C’est tout simplement, totalement, affligeant, scandaleux et dangereux. La fonction de présidence du CSP demande des compétences, des connaissances et une capacité d’information sérieuse dont cette interview révèle une absence inquiétante », terminent les linguistes.