Une école efficace mais injuste. C’est ce que donnent à voir les résultats des évaluations nationales de 6ème dont les résultats viennent d’être publiées par la Depp. Si 85% des élèves ont une maitrise correcte du français à l’entrée au collège, ce n’est le cas que pour 63% des enfants entrant en collège Rep+.
L’évaluation de 2017 a concerné plus de 800 000 enfants à leur entrée en 6ème . Elle a eu lieu en novembre. Les exercices ont permis de tester les connaissances et compétences associées à la « Lecture et compréhension de l’écrit » et à l’« Étude de la langue » pour le français. Pour les mathématiques, sont concernées les connaissances et compétences associées aux « Nombres et calculs », « Grandeurs et mesures » et « Espace et géométrie ».
Les résultats sont meilleurs que ce que pourrait donner à penser la rhétorique ministérielle. « 85,3 % des élèves de début de sixième ont une maîtrise satisfaisante ou très bonne des connaissances et des compétences en français. Les résultats sont moins élevés en mathématiques où les éléments nécessaires à l’acquisition des connaissances et des compétences sont correctement assimilés par 73,2 % des élèves », déclare la Depp.
Mais l’évaluation montre aussi de très fortes inégalités sociales. » Les disparités de maîtrise sont très marquées selon le profil social de l’établissement. Dans les collèges accueillant les élèves les plus favorisés socialement, les taux de maîtrise, mesurés par le cumul des modalités « Maîtrise satisfaisante » et « Très bonne maîtrise », avoisinent 90 % (93,8 % pour le français, 86,2 % pour les mathématiques). Un échelonnement des taux de maîtrise des compétences est observé entre les cinq groupes, ce qui confirme la corrélation généralement observée entre l’origine sociale et le niveau des acquis des élèves. Dans les établissements les moins favorisés, les taux de maîtrise sont alors respectivement de 72,2 % et de 54,5 %, pour le français et les mathématiques », écrit la Depp. Elle souligne l’écart de niveau dès le début de la 6ème entre collège Rep+ (64% de réussite en français ) et collèges privés (92%).
Si les inégalités géographiques s’expliquent largement par les différences sociales entre académies, l’étude montre aussi des écarts d’équité dans le système éducatif entre académies. » certaines académies affichent de plus faibles performances ainsi qu’un faible degré d’équité (Rouen et Lille notamment) tandis que d’autres académies parviennent à combiner performance et équité (en particulier les académies de Besançon, Rennes et Grenoble). Pour reprendre l’exemple de Lyon et de Rennes, à profil social équivalent, la deuxième académie est légèrement plus performante mais aussi plus équitable ».
Reste maintenant la grande question : comment le collège va-t-il aborder ces inégalités et les réduire. En décembre 2017, une étude d’Alexia Stefanou (Depp) a montré par exemple que » les dispositifs d’éducation prioritaire semblent parvenir à contenir l’effet de la très forte concentration de difficultés sociales, qui selon les travaux du Cnesco, devrait provoquer une forte dégradation des performances dans ces établissements ».
F. Jarraud