« Ce vademecum a pour fonction d’expliciter le nouveau cadre légal et réglementaire et d’accompagner les équipes dans sa mise en oeuvre ». Valse hésitation autour de ce vademecum. Publié le 28 dans la journée sur Eduscol , il était retiré en fin de journée. Pas de chance, nous avons eu le temps de l’archiver…
Là où la loi parle de « l’encadrement de l’utilisation du téléphone portable dans les établissements d’enseignement scolaire » le Vademecum ministériel affiche « l’interdiction du portable ». Les mobiles sont accusés de tous les maux : non seulement ils nuisent à la qualité d’attention en classe mais « leur usage est à l’origine d’une part importante des incivilités et perturbations », ils diminuent « la qualité de la vie collective », ils facilitent l’accès aux images pornographiques sur internet.
Le Vademecum invite les établissements à revoir leur règlement intérieur pour y inscrire l’interdiction et par exemple « à prévoir des lieux spécifiques où les élèves ont la possibilité de joindre leurs responsables légaux ». Les toilettes du deuxième étage ?
Car rien n’est dit du comment on fait appliquer une interdiction quand 92% des jeunes ont un téléphone portable et quand l’interdiction concerne aussi tout le reste y compris les tablettes mises à disposition par les collectivités locales. Le Vademecum mentionne d’ailleurs tout juste l’obligation de formation au numérique qui est aussi inscrite dans la loi.
La seule façon de faire appliquer la loi envisagée par le Vademecum c’est d’interdire tous les portables dans les établissements (« L’utilisation des téléphones mobiles à l’école et au collège est interdite uniquement pour les élèves. Cependant, les personnels de direction ainsi que les équipes éducatives doivent faire preuve d’une utilisation raisonnable de leurs appareils de communication, pour permettre aux élèves de bien s’approprier la mesure » avant peut-être de l’interdire en ville ?
Le Vademecum est nettement pris au piège du discours conservateur du ministre. Un discours qui se fracasse non seulement sur la réalité de la vie quotidienne des jeunes et des adultes mais aussi sur les politiques des collectivités locales qui misent sur les équipements personnels des élèves.
Pour sortir de cette impasse politicienne, les enseignants trouveront dans la loi au contraire la possibilité légale d’autoriser les portables et les tablettes dès l’école ce que la loi précédante interdisait.