» La sonde lancée par la présidente du CSP ne doit donc pas être prise à la légère » : la décision de Souâd Ayada, exprimée dans une tribune du Monde, fait bondir Laurence de Cock, historienne spécialisée dans l’histoire de l’enseignement de l’histoire. Elle revient sur Médiapart sur la vision de Souâd Aayada pour les futurs programmes du lycée.
La présidente du CSP avait émis l’idée que les programmes d’histoire doivent servir la cohésion nationale. Une idée déjà très influente sur les programmes du collège de 2015 largement réécrits après une campagne médiatique appuyée par quelques historiens.
Pour L de Cock, « la finalité nationalo-identitaire de l’enseignement de l’histoire est fortement sujette à caution pour au moins trois raisons : d’abord parce qu’elle éloigne l’enseignement de l’histoire des avancées historiographiques qui travaillent depuis bien longtemps sur des récits d’histoire(s) de France très étrangers aux poncifs du roman national… ; ensuite parce qu’elle invisibilise sciemment la multiplicité des échelles d’appartenances et d’ identifications des élèves aux héritages culturels divers…; enfin, parce qu’il n’existe aucun travaux sérieux montrant la transitivité entre l’apprentissage de l’histoire nationale, l’amour de la nation et la résolution de « crises identitaires » ». L’historienne relève que cet objectif de cohésion nationale était à l’ouvre jusque là dans les programmes de l’école. Suite aux crimes de la seconde guerre mondiale, depuis la Libération » plus aucun programme de lycée n’oubliera l’importance de l’ouverture au monde et de la dimension critique de l’enseignement de l’histoire ».
Pour L de Cock la proposition de S Ayada » révèle en creux la régression qui guette l’enseignement de l’histoire en lycée et constituerait, si la prophétie venait à s’accomplir, une notable rupture dont on voit bien comment les récents engouements réactionnaires pour la réhabilitation du roman national dictent la ligne ». L de Cock publie à cette rentrée « Dans la classe de l’homme blanc » (PUL), une histoire de l’enseignement du fait colonial sur laquelle on reviendra.
Des programmes dans la tradition