Après l’année record qu’a été 2017, c’est la chute. Avec 87% de reçus, le taux de réussite est en recul de 2% par rapport à 2017 selon les chiffres donnés par le ministère le 13 juillet. Un écart aussi fort pose question. Il interroge la réforme mise en place en 2017 par le nouveau ministre.
Une forte inégalité sociale
La série générale obtient 88% de lauréats (-1.8%) et la série professionnelle seulement 78% (-1.6%). Les filles réussissent mieux que les garçons avec 91% de réussite contre 84% pour les garçons. Sur 824 900 inscrits à l’examen 704 200 collégiens ont décroché le brevet.
Malgré la réforme mise en place en novembre 2017, le nouveau brevet continue à porter les tares de l’ancien. Cela se lit dans l’existence des deux séries, socialement fortement marquées et l’écart de réussite entre les séries. Cela se lit aussi dans la baisse du taux de réussite cette année.
Une réforme ratée
A l’origine de la réforme de 2017, la volonté de revenir sur la situation absurde crée par la réforme précédente. Après celle ci la majorité des candidats arrivait aux épreuves finales avec suffisamment de points pour avoir déjà le brevet.
Cette situation étrange résultait de l’absence de choix par le ministère entre deux formules d’examen. Le brevet est il un diplôme délivré par un examen final ou correspond il à la validation du socle commun ? Faute d’avoir choisi, avant 2017 le ministère avait privilégié la validation du socle et la plupart des élèves avaient assez de points pour avoir le brevet avant les épreuves finales. Conséquence : celles ci ne comptaient que pour les élèves les plus faibles qu’elles éliminaient…
En octobre 2017 le nouveau ministre veut renforcer l’examen sans revenir sur le socle. Le balancier repart dans l’autre sens. JM Blanquer prolonge la vie du monstre à trois têtes.
Le brevet comporte d’abord une évaluation du socle menée tout au long de l’année portant sur trois disciplines et 4 domaines. L’évaluation finale est validée en fin d’année par le conseil de classe et le chef d’établissement. JM Blanquer opte pour un affaiblissement de cette part de l’examen et un renforcement du poids de l’examen final. Il compte maintenant pour 400 points sur 800 au lieu de 300 sur 700. Les élèves, qui auraient pu être tentés de ne même plus venir subir un examen final inutile, doivent s’y présenter même si la plupart ont besoin de peu de points.
Deuxième type d’épreuve : les candidats doivent passer un oral, en général portant sur un travail interdisciplinaire (EPI). Faute d’EPI, l’épreuve de 2018 peut porter sur un parcours.
Troisième type d’épreuve : les épreuves finales de type examen classique. Le ministre a réintroduit une hiérarchie entre les disciplines qui va probablement générer des effets de cascade. Finie l’époque ou maths, sciences, histoire géo et français étaient à égalité. Dorénavant on distinguera les français et les maths, matières nobles et fondamentales à coefficient double (100 points), et le reste. De là à penser que les autres disciplines, celles qui ne sont pas présentes à l’examen final, comptent encore moins, voire pour des prunes, il n’y a qu’un pas.
Au final personne ne veut de ce monstre administratif qui est massivement rejeté par le CSE le 19 octobre. Mais JM Blanquer n’écoute pas et sur de ses choix impose son projet.
Le résultat se lit cette année avec une baisse de 2 points du taux de reçus. Il se lit aussi dans la complexité de l’examen, dénoncée par le SNPDEN. Le brevet nécessite des semaines de préparations et il obère une bonne partie du mois de juin. Et tout ça pour quoi ? Pour une examen qui n’a pas d’utilité par rapport à l’orientation, décidée sur la seule vue du socle. Et qui n’en a pas non plus pour la société où il ne jouit d’aucune reconnaissance. Sa seule utilité semble être d’entretenir la division à l’intérieur de l’Ecole. Est-ce la raison du maintien de ce monstre inutile ?
F Jarraud