» L’orientation en fin de collège demande très tôt (14 ans) aux élèves de choisir « une voie ». Les élèves allant en lycée général ont pour leur part trois années supplémentaires pour se spécialiser et effectuer un choix, qu’ils peuvent encore différer de deux ans pour ceux choisissant les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). Les élèves de lycée professionnel ne sont-ils pas trop jeunes pour déterminer leur avenir surtout lorsqu’on constate que leurs voeux ne sont pas respectés et qu’ils sont formés dans des filières ne correspondant pas à leurs envies ? » Interlignes n° 48, la revue des PLP Lettres histoire de l’académie de Versailles, consacre un riche numéro (150 pages !) aux 3ème prépa pro.
Ce numéro sort au moment où la loi sur la formation professionnelle prévoit de remplacer les prépa pro par des prépa métiers, davantage professionnalisées et tournées vers l’apprentissage. Le numéro tente une sorte de bilan de ces classes de 3ème très peu connues qui sont en général abritées en L.P.
La revue donne largement la parole aux enseignants et à l’expérience souvent déstabilisante d’enseigner en prépa pro. Ainsi Hélène Kuhnmunch évoque le coté réparateur de ces classes. Le rôle du professeur principal y apparait comme central pour imaginer avec l’élève une orientation post 3ème. Le travail sur l’estime de soi apparait, dans plusieurs articles, comme le premier levier de toute démarche pédagogique.
Aurore Lecomte montre qu’on peut faire de la géographie en 3ème prépa-pro et même une géographie citoyenne. Cécile Alfandéri présente la construction de progressions pédagogiques parallèles entre disciplines. Jocelyn Charpentier en donne un bel exemple avec un EPI histoire – anglais.
A l’issue du numéro, on ne sait pas vraiment si la 3ème prépa-pro est « un tremplin vers la réussite ». Mais le numéro sait convaincre à la fois de l’investissement des enseignants en charge de ces classes particulières et de leur capacité à inventer des pédagogies nouvelles pour renouer le contact entre des enfants à la scolarité difficile, voire traumatisante, et l’Ecole. C’est aussi un numéro à lire pour connaitre le vécu des enfants très défavorisés.