Les enseignants doivent -ils payer pour leur formation continue ? Le bruit a fait rapidement le tour des réseaux sociaux ce week end soulevant l’indignation de nombreux enseignants : les professeurs utilisateurs des services de Canopé doivent désormais payer un abonnement de 20 euros par an. Qu’en est-il réellement ? Jean-Marie Panazol, directeur général de Canopé, explique les raisons de cette nouvelle politique tarifaire.
Opérateur de l’éducation nationale, Canopé a pour mission de » contribuer au développement professionnel des enseignants et répondre plus largement aux besoins de la communauté éducative dans son ensemble. L’établissement continuera en outre à jouer un rôle central dans la mise en œuvre de la stratégie du numérique éducatif du ministère », précise la loi de finances 2018. Qui ajoute que « en 2018, la consolidation du modèle économique de l’établissement (développement de l’offre payante, optimisation des coûts) sera poursuivie ». De fait, la subvention pour charges de service publique est légèrement réduite en 2017 et 2018 passant de 90 à 89.6 millions. Et la nouvelle politique tarifaire vient d’être mise en place.
» L’abonnement Atelier Canopé vous permet de développer vos compétences dans l’usage de vos pratiques pédagogiques, l’anglais, la bureautique avec les outils d’autoformation M@gistère, Mycow et Vodéclic; emprunter un ensemble de ressources physiques et numériques; bénéficier de remises sur les ressources éditoriales physiques Canopé vendues en Atelier ». La nouvelle page abonnement du réseau Canopé n’est pas passée inaperçue. Elle propose un abonnement individuel enseignant de 20€ par an et un abonnement établissement de 10€ par enseignant. Une situation nouvelle qui a éveillé des craintes, notamment de devoir payer pour ce qui relève de la formation continue. Jean-Marie Panazol, nouveau directeur général de Canopé, répond.
Pourquoi cette nouvelle politique tarifaire dans les ateliers Canopé ?
C’est le résultat de la refondation du réseau Canopé qui passe de 31 établissements avec des politiques tarifaires différentes en un seul établissement. Dans certains ateliers tout était gratuit. Dans d’autres on demandait plus que 20€.
Cette restructuration s’accompagne d’une offre nouvelle. On passe d’une logique de produits à une offre de services enrichie. Les médiathèques Crdp deviennent des ateliers. L’accès aux ateliers, avec la possibilité de consulter des ressources , l’espace de travail, le test de matériels reste gratuit.
L’abonnement de 20€ par an est très minime comparé au bouquet offert avec les service sd’Europress, Mycow pour l’apprentissage d’une langue étrangère, Vodéclic pour la formation à des logiciels. Et notre objectif n’est pas de multiplier les abonnements individuels mais de faire prendre en charge par les établissements scolaires les frais d’abonnement.
Ce qui change en 2018 c’est que cette politique tarifaire, expérimentée dans 4 zones est généralisée à tout le territoire.
Vous comprenez que les professeurs soient surpris de payer pour être formés ?
Tout ce qui relève de la mission de service public de Canopé reste gratuit. Par contre quand quelqu’un exprime un besoin individuel de formation , on l’accompagne individuellement dans le cadre de l’abonnement. On ne lui fait pas payer le coût réel de la formation.
Le ministère a raboté votre budget ?
La part de subvention est constante aux environs de 90 millions pour un budget de 135 millions. Le reste vient essentiellement de subventions liées à des projets par exemple quand on accompagne une collectivité territoriale dans la mise en place d’un plan tablettes. La part versée par les enseignants est minime.
Alors pourquoi ne pas la rendre gratuite ?
Dans notre esprit l’abonnement ne doit pas être payé par les enseignants mais par les établissements grâce au budget attribué par les collectivités territoriales. En échange nous offrons un bouquet de services de qualité.
Propos recueillis par François Jarraud