« Le temps de l’enfant doit être vu comme un temps complet. On ne peut pas rester indifférent à ce qui se passe dans le périscolaire ». A écouter JM Blanquer le 20 juin présenter le Plan Mercredi, on se serait cru 5 ans plus tôt lors de la mise en route des activités périscolaires. Pourtant le plan est bien mince par rapport à l’initiative précédente. Si le plan continue officiellement la logique des PEDT sous contrôle de l’Etat, les temps périscolaire et scolaire sont nettement séparés et le volume n’a plus rien à voir. Le Plan Mercredi camoufle mal la très bonne affaire qu’est pour l’Etat le retour à la semaine de 4 jours.
Des communes sous pression
Comment accommoder ce qui reste de périscolaire ? Alors qu’environ 80% des communes devraient repasser à la semaine de 4 jours à la rentrée 2018 (43% dès la rentrée 2017), JM Blanquer, accompagné de la ministre de la culture et de la ministre des sports, a présenté le 20 juin un plan de soutien aux activités périscolaires du mercredi.
Pour JM Blanquer, il s’agit d’une « nouvelle alliance entre les collectivités locales , l’Etat, les familles et les élèves ». Le ministre vante la qualité des activités que les communes vont pouvoir développer grâce à l’appui des Dasen chargés de veiller sur les programmes éducatifs territoriaux (PEDT).
Interrogé sur le financement des activités du mercredi, le ministre répond avec une logique originale. « On double la participation aux activités. Aujourd’hui c’est 55 centimes par heure (et par personne). Demain ce sera 1 euro. Donc les communes vont être aidées deux fois plus. Donc cela permettra d’avoir deux fois plus d’enfants concernés ».
En octobre dernier lors d’une réunion entre l’association des maires de France et le ministère, les communes avaient manifesté leur situation difficile aggravée par la disparition des contrats aidés qui travaillaient dans les écoles à la restauration comme dans le secrétariat du directeur. Le passage de 4.5 à 4 jours s’est aussi traduit par une chute des recettes des communes , privées des aides du fond de soutien au périscolaire. Dans Libération, le maire de Cergy explique que pour lui cela s’est traduit par un trou de 1.1 million dans le budget, sans compter le cout du matériel acheté et désormais inutile. En conséquence il a du licencier massivement (80 personnes) pour rééquilibrer. En ce sens le doublement de l’aide de la CNAF sera bien accueillie par les communes.
Un désengagement financier massif de l’Etat
Mais le Plan Mercredi révèle surtout les économies faites par l’Etat avec le retour à la semaine de 4 jours. Le fond de soutien de l’Etat aux communes était doté de 400 millions d’euros pour permettre un versement différencié selon les communes : 50 € par élève et par an et 90 € dans les communes pauvres (de la DSU). A cette aide directe de l’Etat s’ajoutait le soutien de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) : 574 millions. Dans ces 574 millions, 250 étaient consacrées au paiement des 3 heures périscolaires.
On aperçoit immédiatement la bonne affaire qu’a été le retour aux 4 jours pour l’Etat. Avec 20% de communes en 4 jours et demi le ministère récupère plus de 300 millions et la CNAF environ 450. L’aide qui sera versée aux communes dans le cadre du plan mercredi ne devrait pas dépasser, quand le Plan sera à son maximum, 400 millions pris en charge par la CNAF et non directement par l’Etat.
La fin d’un dispositif social
Pour autant le Plan Mercredi apporte du nouveau et aussi du traditionnel. Traditionnel est le positionnement de l’Etat qui contrôle les activités communales et délivre un « label Plan Mercredi ». En fait le désengagement financier de l’Etat est bien symbolisé par le terme de « label ». Autre coté traditionnel, la course que l’Etat impose aux communes. En juin 2017 c’était la course pour produire un projet et le faire valider pour passer aux 4 jours. Là ça va être la course pour bénéficier de l’aide promise d’ici la rentrée, même si les communes ont souvent eu des difficultés administratives avec la CNAF.
La nouveauté c’est que le nouveau Plan Mercredi fait comme si toutes les communes étaient à égalité pour développer des activités périscolaires. Les communes qui restent aux 4.5 jours pourront bénéficier du Plan. Mais Clichy sous Bois percevra autant par enfant que Neuilly sur Seine.
En ce sens le Plan Mercredi est un exploit. D’une part il camoufle le désengagement financier massif de l’Etat dans le périscolaire. D’autre part il met un terme à la dimension sociale du périscolaire. Vivement jeudi !
François Jarraud