De quoi ont besoin d’abord les enseignants ? Qu’on leur fasse confiance, affirme un sondage Ifop publié par le.Se-Unsa. Alors que « l’école de la confiance » est le maitre mot du ministre de l’éducation nationale, une grande majorité des enseignants du second degré ne l’ont pas rencontrée. Ils souhaitent aussi garder leur statut alors que le gouvernement tente de le remettre ne question.
Heureux
Jean Michel Blanquer obtient-il la confiance des enseignants ? » Globalement oui, parce que je vais beaucoup sur le terrain », affirmait-il le 18 mai sur France Inter. Le sondage publié le 30 mai par le Se Unsa montre qu’il en est rien. Et il confirme ce que le « baromètre Unsa » avait déjà montré mais cette fois sous forme d’un sondage dans les règles de l’art.
Le sondage Ifop Se-Unsa montre des enseignants heureux de faire leur métier à 82% (contre92% dans le baromètre). Avec une nuance de taille : un tiers des enseignants du second degré en éducation prioritaire ne se déclarent pas heureux. Il faut noter aussi que la conception du métier a évolué. Si 91% des enseignants sont attachés au statut de la fonction publique, 75% se verraient bien exercer une autre fonction en fin de carrière.
En quête d’améliorations concrètes
Qu’est ce qui peut leur apporter du bien être au travail ? 88% répondent par une baisse de la charge de travail. Mais les locaux sont aussi vivement critiqués, un tiers des enseignants demandant des locaux « salubres ». L’isolement est aussi ressenti par 59% des enseignants. Deux enseignants sur trois trouvent un équilibre entre le métier et la vie personnelle mais c’est le cas de seulement 55% des moins de 35 ans.
Le Se unsa leur demande ce qui pourrait leur apporter plus de sérénité. C’est un meilleur climat scolaire qui vient en premier. Mais les enseignants aimeraient aussi des politiques éducatives qui durent, un salaire correct. Pour être plus efficace ils demandent surtout moins d’élèves et plus de formation, même si 92% croient dans le travail collectif.
Un fort sentiment de dévaluation du métier
Pisa a montré que les enseignants français sont ceux qui pensent le plus dans l’OCDE que leur métier est déconsidéré (avec la Slovaquie). Le sondage montre qu’ils demandent qu’on leur fasse confiance dans leurs choix pédagogiques (69%), que la société les reconnaisse (53%), qu’on les consulte sur les réformes (50%). Dans le Baromètre unsa seulement 35% des professeurs se sentaient reconnus.
On notera la consultation sur les réformes, comme exigence de professionnalisation des enseignants. Ce point avait été développé par Anne Barrère dans un ouvrage récent. « Ce qu’on appelle résistance de la base est une résistance à des solutions qui peuvent être brillantes sur le papier mais qui, bâties à partir d ‘une formulation trop conventionnelle des problèmes, trop éloignée des acteurs de terrain, et remontées elles-mêmes de manière à s’en éloigner, deviennent un problème de plus dans l’organisation ».
Motion de défiance pour 2 enseignants sur trois
Que pensent ils des mesures prises par JM Blanquer ? Selon le sondage 63% pensent qu’elles ne vont pas dans le bon sens. Un taux qui descend à 47% en Rep, résultat sans doute des dédoublements appliqués en rep. Dans le baromètre unsa 29% des enseignants partageaient les orientations du ministre. On reste dans la même fourchette.
» Loin des propos du ministre sur des critiques n’émanant que d’ « une minorité de professionnels de la défiance », ce sont 63% des enseignants qui jugent que sa politique ne va pas dans le bon sens. Cette proportion culmine à 72% chez les professeurs en lycée général et technologique. Seuls les enseignants en éducation prioritaire expriment à une courte majorité leur satisfaction (53% de réponses favorables) », déclare Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa.
» Pour se sentir bien dans leur métier, les enseignants demandent à être mieux accompagnés en cas de difficultés professionnelles et en fin de carrière et souhaiteraient à 75% pouvoir expérimenter temporairement d’autres fonctions /métiers en vue d’une mobilité professionnelle », poursuit S Crochet. « L’agenda social annoncé par le ministre pourrait lui permettre de répondre concrètement à ces attentes mais les transformations profondes envisagées pour toute la fonction publique n’encourageront pas les enseignants à l’optimisme alors que pour 91% d’entre-eux, leur statut de fonctionnaire est indispensable à la sérénité de leur métier… Les enseignants, comme les autres fonctionnaires, ont à coeur de bien faire leur métier. Ils attendent soutien et reconnaissance de leur employeur ».
François Jarraud
A Barrère : Au coeur des malaises enseignants