De 2015 à 2017, le robot Poppy part à la rencontre des élèves de 7 classes de la Gironde. Création artistique, pédagogie et recherche scientifique ont travaillé de concert durant deux années scolaires afin que ces élèves de la maternelle à la sixième puissent se construire un « regard sensible », qu’ils découvrent l’univers des sciences et de l’innovation et celui d’un artiste/chorégraphe. Philippe Guillem, médiateur de ressources et services numérique Éducatif au sein de l’atelier Canopé Gironde a participé à la mise en œuvre de ce projet aux multiples partenariats.
Pourriez-vous nous parler de la genèse du projet ?
L’idée de départ revient à Isabelle Depaire actuelle directrice de l’Atelier Canopé de la Gironde. Elle avait à cœur de mêler les arts et les sciences. Elle avait aussi le souci de proposer aux élèves des parcours d’éducation artistique et culturelle et d’accompagner les enseignants dans ces projets. Elle a donc pensé un parcours associant des partenaires locaux autour de la Danse et la Robotique.
Quels étaient les objectifs principaux du projet ?
Pour les enseignants, l’objectif pédagogique principal, était de construire et conduire un projet artistique en danse en l’inscrivant dans le projet culturel de la classe et donc d’amener les élèves à se construire, dans une démarche de création, un langage corporel et chorégraphique singulier.
Dans le domaine culturel, l’objectif de l’enseignant a été la rencontre entre la classe, un artiste et son spectacle et d’autre part, une structure culturelle dédiée à l’art chorégraphique. Un autre objectif important lié à ce projet était d’amener les élèves à se construire une première culture en robotique éducative et à s’initier à un langage de programmation simple (de type Snap ou Scratch).
Pour l’élève les enjeux et objectifs étaient aussi nombreux dans ce projet sur une année. Ils avaient par exemple à construire un regard sensible et référencé en lien avec l’enseignement de l’histoire des arts et à appréhender deux univers : celui de la science et de l’innovation et celui d’un artiste/chorégraphe, et comment ils peuvent interagir entre eux. Autre enjeu, s’intéresser au mouvement humain, explorer la locomotion et la gestuelle humaine en dialogue avec la machine afin d’enrichir ses réponses corporelles et sa motricité symbolique. Il ont du aussi acquérir des notions de programmation et découvrir l’univers scientifique des objets programmés. Et bien sur apprendre à se connaître soi-même et accepter les autres à travers la danse.
Comment arriver à créer du lien entre l’ensemble des partenaires ?
Les partenaires institutionnels que sont Réseau Canopé, la DSDEN 33 et la DRAC ont l’habitude de mener nombre de projets ensemble et ils ont été rejoints pour celui-ci par le Centre de développement chorégraphique d’Aquitaine Le Cuvier et le centre de recherche en sciences et technologies du numérique INRIA de Bordeaux. Le lien s’est fait autour de la classe et de la rencontre entre les élèves, le danseur et le robot. Une rencontre assez inédite pour que chaque partenaire puisse considérer son travail d’origine sous un nouvel angle et donc d’y trouver un intérêt renouvelé. La restitution finale du projet donnée par les élèves sur la scène professionnelle du Cuvier, devant d’autres élèves et les parents aura aussi, je pense, fortement contribué à fédérer les énergies et l’intérêt de chaque partenaire.
L’Atelier Canopé 33 avec ses médiateurs (Christian Lebbe la première année et Philippe Guillem la seconde) a accompagné les classes tout au long de l’année. Lors des séances en classe avec le danseur, ils ont permis « l’animation » du robot Poppy. En contact régulier avec les enseignants, ils ont pu les conseillers et leur apporter leur regard sur les activités conduites en classe. Enfin, ils sont intervenus auprès des élèves pour mener des ateliers de programmation leur permettant de créer la chorégraphie de Poppy pour la restitution.
Quels retours avez-vous pu avoir de l’ensemble des acteurs sur l’intérêt de ce projet ?
Les retours ont été bons, que ce soit du côté des partenaires que de celui des enseignants et des élèves. L’intérêt manifesté par les élèves, leur investissement et leur motivation à participer aux différentes phases du projet et à construire un spectacle ont été un des indicateurs importants de la réussite de ce parcours. Les nombreux retentissements en classe ont aussi montré l’intérêt de tels projets. Tous ceux qui ont accompagné le projet ont pu constater tout au long de l’année qu’il sollicitait beaucoup la créativité ; celle des élèves dans leurs réalisations et celle des enseignants dans leur propositions pédagogiques. Le projet a aussi souvent aidé à la cohésion de la classe, au travail en collaboration et à l’entraide.
Les artistes et scientifiques ont aussi témoigné de leur satisfaction et de leur intérêt pour ce projet et souvent de leur surprise quant à la qualité des travaux et des réflexions des élèves.
Et demain, une nouvelle danse ?
Ce projet était expérimental et il est difficilement reproductible tel quel car il a nécessité beaucoup de moyens, et de ressources humaines et matérielles. En revanche, il permet de constater combien l’introduction d’un robot en classe quel qu’en soit le niveau (cycle 1 2 ou 3), suscite l’intérêt et permet des progrès rapides chez les élèves, dans le domaine de la robotique et du code mais aussi dans ceux moins attendus des activités corporelles ou artistiques.
Aurélie Badard