« L’idée c’était d’avoir une vision concrète du parcours d’un migrant ». Au collège Val d’Oudon du Lion d’Angers, Pierre Ramon, professeur d’histoire-géographie, a adopté une double démarche. D’abord faire rencontrer par les élèves Alex, un migrant érythréen. Ensuite, avec des outils Google Maps, observer et cartographier son parcours. Au final, une découverte humaine où la géographie et ses outils sont au service d’une réflexion citoyenne.
Une rencontre : celle d’Alex, érythréen
« On est habitué à une image médiatique mythifiée du migrant. Il est intéressant pour les élèves d’accompagner un migrant. En tous cas cela a été un moment particulièrement fort ».
Jeune professeur d’histoire géographie, Pierre Ramon associe la géographie et l’éducation civique, l’humain et l’outil numérique, pour mener avec les élèves une réelle découverte géographique et citoyenne.
Dans une première séquence, les élèves ont rencontré Alex, un migrant érythréen, et une représentante de la Ligue des droits de l’Homme. Alex leur raconte son voyage à travers l’Afrique et la Méditerranée, marqué par le chavirage de son bateau et la mort de 500 personnes. Un moment dramatique particulièrement fort auquel il a fallu préparer les élèves.
Lors de cette séquence, Google Maps est utilisé pour observer le village natal d’Alex, les étapes de son trajet. « On a pu voir à quoi ressemble Khartoum, l’aridité de son pays natal. On a beaucoup d’informations avec ce seul outil », nous dit P Ramon.
» On n’était pas dans l’abstrait. On peut voir les choses directement », ajoute-il. Surtout, « les élèves ont pu toucher une vraie expérience humaine. Même si la vision est aseptisée, ils ont compris la force de ce qui se passe en Méditerranée avec tous ces morts ».
Une géographie citoyenne
Lors d’une seconde séquence, les collégiens de 4ème ont du cartographier le trajet d’Alex en s’aidant de leur prise de notes. Ils ont réalisé un florilège de cartes numériques.
Mais qu’ont-ils appris en faisant tout cela ? « Le plus important c’est qu’ils ont un élément de réalité qu’on ne voit pas quand on traite de façon abstraite le programme. Après ils ont appris à cartographier avec Google Maps. C’est à dire qu’ils ont aussi appris à collaborer et à travailler en petits groupes ».
Et puis il y a toute la maitrise de l’outil numérique, les choix de représentation cartographique, l’élaboration d’une légende. L’outil numérique permet d’appuyer les propos d’Alex par l’observation mais aussi de collaborer. Mais la rencontre humaine est l’élément le plus marquant pour les élèves.
Pierre Ramon se défend de pratiquer une géographie engagée et il a raison. En fait il pratique une géographie citoyenne, celle qui donne aux futurs citoyens les moyens de devenir des acteurs de la gestion de leur espace. A coté des discours surplombant sur l’immigration, Pierre Ramon a fait découvrir directement les flux migratoire. Il a aussi rompu les fantasmes et les stéréotypes qui accompagnent les migrants. Alors plus géo ou plus éducation civique ?
François Jarraud
Une cartographie des soldats morts lors de la 1ère Guerre mondiale