« Baisser structurellement le poids des dépenses publiques, de 2 à 3 points de PIB sur cinq ans, n’a rien d’inatteignable : Italie, Belgique, Danemark et France exceptés, tous les pays européens y sont parvenus au moins une fois au cours des vingt dernières années », estime France Stratégie dans une nouvelle étude. Certes, l’organe de réflexion du gouvernement estime qu’il n’y a aucun modèle à suivre. Mais tous les exemples donnés invitent à réduire la masse salariale de la fonction publique en commençant par la dépense d’éducation. Des analyses commandées par le premier ministre et qu’il pourrait bien entendre.
» Le montant des dépenses publiques de la France a atteint 56,4 % du PIB en 2017. C’est 10 points de plus que la moyenne de l’Union européenne. Le taux de prélèvements obligatoires — 45,3 % du PIB en 2017 — place également la France en tête des pays européens, après le Danemark », estime FRance Stratégie. » L’objet de cette note est d’apporter, à l’aune de l’expérience accumulée chez nos voisins européens, des éléments d’éclairage sur la stratégie d’ajustement des dépenses publiques à moyen terme que notre pays pourrait adopter ».
Pour France Stratégie le bon objectif que la France doit se fixer c’est une baisse de 3 points de PIB des dépenses publiques. Cet objectif « n’a rien d’exceptionnel », estime le service du premier ministre qui rappelle le cas des pays scandinaves et de l’Allemagne, ou encore ceux de la Grèce et de l’Espagne.
» L’ajustement consécutif à la crise économique a été porté dans ces deux groupes de pays par une baisse de la masse salariale publique et un recul de l’investissement public. Dans certains pays, la baisse de la masse salariale publique s’est faite via un recul spectaculaire de l’emploi public. Entre 2009 et 2015, l’emploi public a ainsi baissé de 15 % en Grèce, de plus de 7 % au Portugal et de plus de 4 % en Irlande (source : OCDE). Ces ajustements ont été permis par des baisses ou des gels des rémunérations et des recrutements, ainsi que par des plans de départs volontaires », relève France Stratégie. » Les baisses de dépenses ont également été importantes dans les domaines de la santé (baisse d’effectifs mais aussi réformes portant sur les prestations) et de l’éducation (l’Espagne a augmenté la taille des classes et le temps de travail des professeurs et significativement rehaussé les frais d’inscription à l’université).
» Au-Royaume-Uni, les postes en plus fort recul sont les dépenses d’éducation (–1,5 point de PIB), de défense (–0,5 point, dont la moitié liée à l’aide apportée à des pays étrangers) et d’ordre et de sécurité (–0,5 point : baisse de 20 % des effectifs de police et suppression d’un quart des places en prison depuis 2010 ; forte baisse de l’aide juridictionnelle). Les dépenses de retraite ont augmenté (+0,5 point), mais celles liées à la politique familiale ont fortement reculé (–0,8 point), notamment via une restriction de l’éligibilité aux crédits d’impôt et d’une baisse de leur montant ».
La conclusion de FRance Stratégie n’est rien moins qu’un appel à suivre ces modèles. » Trois éléments méritent d’être soulignés. Tout d’abord, tous ces pays ont fait porter une part substantielle de leurs ajustements sur la masse salariale publique et sur les transferts sociaux. Ensuite, les ajustements les plus importants se sont accompagnés de réformes touchant les procédures budgétaires elles-mêmes. Enfin, baisser structurellement le poids des dépenses publiques, de 2 à 3 points de PIB sur cinq ans, n’a rien d’inatteignable : Italie, Belgique, Danemark et France exceptés, tous les pays européens y sont parvenus au moins une fois au cours des vingt dernières années ». Reste plus qu’à appliquer..
F Jarraud