Débuts affligeants pour le nouveau système d’affectation dans le supérieur. Là où APB affectait dès son ouverture 80% des jeunes, Parcoursup, la nouvelle plate forme ministérielle, ne fait de propositions qu’à la « meilleure » moitié des 810 000 jeunes inscrits. Simple problème technique pour la ministre. Refus de prendre en compte les besoins de la jeunesse pour la FSU. Peut-être y a-t-il des deux…
« Pas d’inquiétude… »
« Ce soir la moitié des lycéens auront une ou plusieurs propositions. Un petiot nombre qui auront des « non » à toutes leurs demandes seront pris en charge par les commissions rectorales dès demain ». Sur France Inter, Frédérique Vidal s’est voulue rassurante. « Le processus est radicalement différent d’APB. Plusieurs centaines de milliers de places seront libérées… Je leur dis : dès demain de nouvelles propositions seront faites… Pas d’inquiétude ».
La ministre s’est fixée comme objectif 80% de réponses après le bac, début juillet. « Entre ceux qui finalement font autre chose et ceux qui n’auront pas le bac, tout le monde aura une proposition. C’est un engagement ». En effet le décret sur la phase complémentaire prévoit que les commissions rectorales fassent des propositions parmi les places qui resteront vacantes au niveau national. Mais cela répond il aux attentes des lycéens ?
Un choix politique
C e n’est pas l’avis de la FSU. Dans un communiqué du 22 mai, la FSU » dénonce le fiasco de Parcoursup ». » Le gouvernement a fait le choix de refuser d’entendre l’expression de la jeunesse à accéder à une formation et un diplôme de l’enseignement supérieur », écrit le syndicat. « Depuis des mois, un mouvement social conteste les fondements de la politique de sélection à l’entrée de l’université. Le gouvernement s’enferme dans le déni et choisit la répression comme seule réponse. La FSU exige que tous les lycéens lauréats du baccalauréat puissent choisir leurs études ». Mais pour cela il faudrait ouvrir des postes dans l’enseignement supérieur. Et il est vrai que c’est devenu un mot tabou. F Vidal parle de « places », éventuellement de millions. Mais jamais de créer de nouveaux postes, comme si l’on pouvait ouvrir des places sans mettre d’enseignant devant les élèves… Il y a bien refus gouvernemental d’investir dans l’enseignement supérieur pour répondre à la fois à la montée démographique et à celle des aspirations de la jeunesse, notamment celle des lycées professionnels.
La part de la plateforme
Pour autant la nouvelles plateforme explique aussi la mise de coté de la moitié des jeunes à l’ouverture de Parcoursup. Selon Guillaume Ouattara, un élève ingénieur qui analyse sur son blog l’algorithme de Parcoursup, l’absence de classement des voeux crée cet embouteillage à l’ouverture qui sera lent à se résorber, suscitant des angoisses chez les lycéens les plus fragiles. Il confirme également que la publication de l’algorithme de Parcoursup n’éclaire en rien le mode de tri des dossiers dans l’enseignement supérieur, comme le Café l’écrivait le 22 mai. Il souligne le risque d’overbooking dans les formations sélectives : à la création de postes, le ministère semble avoir organisé le bourrage des classes…
F Jarraud