A l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie qui aura lieu le 17 mai, l’association SOS Homophobie publie son 22ème rapport annuel. Le bilan est inquiétant : en 2017, les témoignages d’actes LGBTphobes ont augmenté de 4,8 % ; en milieu scolaire, l’augmentation est même de 38 %. « Pédé » est toujours la première insulte prononcée dans les cours de récréation. S’ajoutent moqueries, menaces, agressions physiques, cyberharcèlement, affiches contre l’homophobie taguées dans une université, distribution de manuels anti-genre et anti-IVG dans un établissement privé…
La discrimination vient le plus souvent des élèves, mais enseignant.es et directions en sont aussi parfois responsables, ou complices par leur indifférence aux victimes. Et les conséquences sont graves : SOS Homophobie rappelle que « chez les jeunes victimes de LGBTphobies, la probabilité de tentative de suicide est entre 3 et 7 fois plus élevée que chez les autres adolescent•es ».
« Un garçon à l’allure « efféminée », une jeune fille avec une « grosse voix » … : les éléments déclencheurs sont souvent les stéréotypes sexistes, que l’Ecole a aussi le devoir de combattre. A ce sujet, on se souvient des ABCD de l’égalité, lancés à la rentrée 2013 par la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem et abandonnés l’été 2014 par le ministre de l’Education nationale Benoit Hamon. Désertion d’un champ de bataille qui continue à faire des victimes, cette décision rangeait la lutte contre le sexisme et l’homophobie « dans le placard » politique. A jamais ?
Si des actions ponctuelles ont lieu dans l’Education nationale, conclut SOS Homophobie, « beaucoup reste à faire : davantage d’interventions et aussi un développement de plans d’actions sur le long terme », ce qui suppose de « former les adultes en début de carrière puis d’assurer un suivi continu. ». On ajoutera que la question appelle à mettre en œuvre, à tous les niveaux, une réelle Education aux Médias et à l’Information : pour contrer l’homophobie qui déferle sur certains sites et réseaux sociaux, pour décrypter et dépasser les stéréotypes sexistes qui font des ravages dans trop d’images et propos diffusés, pour aider chacun à se comporter, jusque sur internet, en citoyen éclairé.
Jean-Michel Le Baut
Le rapport 2018 de SOS Homophobie
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