La question des jeunes ni en formation ni en emploi est révélateur d’un changement profond de société , estime Claire Bernot Caboche, qui publie une étude importante réalisée pour l’IRES. Elle apporte de nouveaux chiffres qui montrent que les jeunes « invisibles » existent aussi de façon importante en dehors des questions. Face à cela les politiques menées ne prévoient pas l’avenir : une mutation profonde de la société et de la place de l’emploi.
» Les chiffres montrent pour les jeunes, que trois sur dix sont en situation précaire, un actif sur cinq est au chômage, un sur vingt est en invisibilité totale, et parmi les « invisibles », neuf sur dix ne sont plus issus des seules Zones Urbaines Sensibles (ZUS) et deux sur cinq sont issus de milieu plutôt favorisé. Ce qui change radicalement l’image des exclus faisant jusqu’à présent l’objet des « Politiques de la ville » », explique Claire Bernot Caboche.
De ses études il ressort aussi l’inadaptation des mesures prises. » Certes elles sont multiples, mais relèvent plus de l’empilement, sans réelle coordination ni cohérence. Elles en deviennent inefficaces et sont, de plus, sous-dimensionnées en regard notamment du fort taux de natalité en France produisant les deux tiers de l’accroissement naturel de la population des vingt-huit pays de l’Union Européenne. Par ailleurs, notre pays a mal anticipé les mutations sociétales en matière d’éducation, de formation et d’emploi. Les conséquences sont fondamentales : cela empêche provisoirement de résorber le chômage et explique en partie la situation des jeunes français, le nombre important d’invisibles et leur sentiment de ne plus être des citoyens à part entière. »
Pour elle on doit faire face à un changement profond de société. » L’emploi est-il encore un élément structurant de la société ? Nous l’entendons comme d’utilité sociale, produisant de la fierté et offrant une place dans la société. Nous pensons que non, alors quel nouveau modèle de société faut-il construire ? Quels outils conceptuels et opérationnels faut-il proposer ? Il nous semble que dans un pays d’abondance, nous devons jouer la carte de « l’humain », en équilibrant les moyens d’assistance pour sortir de l’aide à la survie, les moyens d’insertion pour donner à chacun(e) une place dans la société, et enfin les moyens politiques pour réinscrire les jeunes dans une citoyenneté active. »