A Questembert, Morbihan, les élèves de Benjamin Vautrin préparent leur prochaine émission sur les ondes de Radio Plume, la radio locale. Et les SES et leurs notions entrent dans la vie locale et accompagnent la réflexion des habitants. Quand l’Ecole s’ouvre sur sa communauté, le travail enseignant y gagne en sens. Celui des élèves en qualité.
Un travail d’enquête
A 38 ans, Benjamin Vautrin reste un jeune professeur de SES. Après avoir travaillé dans le journalisme, la sensibilisation à l’écologie en Biélorussie et en Russie, il a choisi de devenir professeur de SES pour faire « un travail qui a du sens ». Une volonté qui trouve à s’exercer en zone rurale. Le lycée de Questembert (Morbihan) accueille des élèves qui viennent majoritairement du monde rural au coeur du pays gallo.
« Je faisais déjà travailler les élèves sous forme d’enquête. Car le travail en sociologie et économie est proche de celui de journaliste », nous confie B Vautrin. « On emploie des méthodes identiques. On vérifie les faits, particulièrement quand on travaille sur des faits de société, comme le chômage ou la socialisation ». Avec cette exigence de qualité il fait produire aux élèves des documents appelés à devenir des documents utilisés en classe pour la génération suivante. Les élèves réalisent aussi des enquêtes de terrain sur des faits sociaux.
Quand les élèves animent une émission
Depuis deux ans cette exigence est mise aussi au service de Radio Plume, une radio communautaire généraliste qui émet en français et en gallo. L’année dernière, les élèves de terminale ont animé une série d’émissions de 3 à 4 minutes sur des thèmes de SES. Ils ont produit des émissions sur l’abstention, les sondages, le mode de scrutin, les raisons du vote, autant d’occasions de reformuler les notions du cours et de les utiliser au service de la communauté.
Cette année, Benjamin Vautrin utilise les ondes de radio Plume avec ses élèves de seconde. « En seconde les SES sont un enseignement d’exploration, avec toute la difficulté de motiver les élèves pour un enseignement qui n’est pas noté ». Les élèves travaillent sur l’actualité, locale ou pas, vue sous l’angle des SES : les difficultés des festivals locaux, Youtube et ses youtubers, les transferts du foot etc. Ils font intervenir des personnalités dans leur émission.
Responsabilité et exigence
Grace à une subvention de la DRAC, un animateur de Radio Plume, Matthieu Perret, les aide sur le plan technique et intervient aussi pour l’éducation aux médias. Il apprend aux élèves à vérifier l’information, à faire face aux théories du complot. Cette formation est utilisée dans d’autres disciplines. Par exemple les élèves ont participé à un concours de nouvelles avec une autre radio dans le cadre du cours de français.
« Les élèves apprennent à être responsables », nous confie Benjamin Vautrin. « Bien sur il développent des compétences scolaires : sélectionner des informations, argumenter, prendre la parole etc. Mais ils se responsabilisent aussi. Comme ils tiennent un créneau sur la radio il faut qu’ils livrent leur chronique à l’heure et qu’elle soit de qualité. C’est toute la différence avec un exposé en classe ».
« Pour mon rapport à la classe c’est très intéressant », note B Vautrin. « Dès la seconde les élèves ont un niveau d’exigence que l’on trouve seulement en cycle terminal. Ils retravaillent leurs textes. Ils sont responsables de leur émission ». Des qualités d’apprentis journalistes au service de leur formations scolaire et de leur communauté.
François Jarraud