Comment rendre les élèves plus actifs en cours de langue ? Quels sont les nouveaux usages possibles avec la baladodiffusion ? Linsay Bellerive, enseignante d’anglais au collège Pierre Perrin de Tremblay (35) multiplie les activités avec cet outil numérique. Elle incite ses élèves à communiquer entre pairs. Entre mobilité des collégiens dans la classe et multiplication de leur temps de parole, Linsay Bellerive qualifie le fond sonore en classe de « bruit positif ».
Quels usages faites-vous de la baladodiffusion en classe d’anglais ?
J’essaie d’avoir une utilisation originale de la valise de baladodiffusion car même si je l’utilise toujours de manière classique de temps en temps (fiches d’écoute), j’ai vite perçu un rejet de l’outil par certains élèves, plus particulièrement les élèves en difficulté ou ceux qui ne sont pas assez autonomes.
J’applique trois principes de bases : varier les utilisations de la valise (utiliser toutes les fonctions des baladeurs, varier les destinataires), exploiter les spécificités des ressources en les adaptant de manière plus originale (vidéo sans son/images, pédagogie différenciée, différents documents sur un même thème, groupes puzzle) et imaginer d’autres façons de travailler pour impliquer davantage l’élève et le surprendre (ateliers tournants, jeux de rôles, déplacements dans la salle…).
J’ai également associé l’utilisation d’une valise de baladodiffusion avec des pratiques collaboratives pour que les élèves apprennent avec et grâce aux autres. Je cherche à développer l’entraide entre élèves pour leur redonner confiance en eux. Je diversifie l’usage de l’espace classe pour démultiplier le temps de parole de chacun afin qu’ils s’entraînent davantage et pour surprendre les élèves avec des activités inhabituelles pour les inciter à essayer de faire.
Quelles sont les activités proposées à vos élèves ? Que produisent-ils ?
Certaines activités que je propose aux élèves ont le nom que je leur ai donné afin de pouvoir m’y référer rapidement. En voici quelques-unes en vrac :
– Les chenilles inversées : idéale pour des dialogues entre élèves, les élèves se déplacent sur deux lignes selon le principe du speedmeeting en changeant de partenaires lors du signal donné.
– Les serpents qui se mordent la queue : les élèves vont faire le tour de la salle en s’arrêtant tour à tour à chaque table mais ils ont une activité à faire à l’aide des baladeurs à chaque table (compréhension, écriture ou dialogues). Ils changent donc de binômes à chaque table.
– La marche désordonnée : un peu de musique pour qu’ils se déplacent dans la salle, un travail lorsque celle-ci s’arrête (dialogues, aide apportée par l’élève qui écoute dans le cas d’un monologue) et un changement de binômes lorsque la musique redémarre, et ainsi de suite jusqu’à l’arrêt de l’activité.
– Les binômes ‘surprises’ : la moitié de la classe ne sait pas à qui elle parlera dans une minute.
A la chaîne : les élèves sont placés en cercle et reçoivent un objet ou un document de l’élève précédent. Plusieurs documents circuleront. Ces objets ou documents ont pour but de déclencher la parole.
En quoi vos élèves sont-ils plus impliqués ? Parlent-ils davantage anglais ?
Les élèves sont beaucoup plus actifs, à l’oral plus particulièrement car le temps de parole est démultiplié, les élèves se déplacent souvent dans la salle et ils changent souvent de partenaires. Même si je ne peux pas tout écouter et corriger, les élèves ont envie d’essayer de faire et n’ont pas peur de se tromper puisqu’ils sont souvent face à un de leurs camarades et non pas la classe entière. Bien souvent, les problèmes relationnels entre élèves disparaissent, ils ne craignent pas les moqueries des autres en cas d’erreurs et les élèves timides qui n’osent pas prendre la parole en classe entière osent le faire. Ces activités sont généralement bruyantes mais quand on entend les élèves parler tous anglais, j’appelle cela du bruit positif.
Comment évaluez-vous vos collégiens ?
J’ai souvent la possibilité de participer aux activités avec les élèves et comme les groupes évoluent souvent, j’ai le temps de parler avec plusieurs élèves pendant l’activité. Je peux repérer les erreurs et les corriger directement. Avec les ‘chenilles inversées’ par exemple, je peux écouter un groupe différent à chaque signal. J’évalue également au hasard quelques enregistrements effectués pour repérer les erreurs les plus courantes et revenir dessus au cours suivant.
En quoi votre projet permet-il une pédagogie différenciée ?
La valise de baladodiffusion en elle-même permet de différencier, par exemple en donnant des documents différents aux élèves sur un même thème. Diversifier les activités permet également de tester différents modes d’apprentissages. Lorsqu’ils sont en activité et que j’y participe, je peux choisir d’aider les élèves les plus en difficulté ou au contraire donner un coup de pouce aux plus avancés pour qu’ils puissent ensuite aider les autres. Toute la classe progresse plus rapidement car le fait de faire évoluer les binômes permet aux élèves de rencontrer des élèves de différents niveaux et d’apprendre des autres, soit en recevant de l’aide, soit en aidant les autres.
Que retiendrez-vous de votre participation au 10ème forum des enseignants innovants ?
Beaucoup de choses seraient à retenir mais deux sont plus particulièrement évidentes. C’est l’enthousiasme des professeurs présents à ce forum pour faire progresser les élèves ainsi que la possibilité d’échanger avec des personnes qui aiment imaginer d’autres pratiques pour leurs élèves.
Entretien par Julien Cabioch