Exclusif : Les instructions de Blanquer pour l’école et le collège
Exclusif : Les recommandations de JM Blanquer pour l’enseignement du français
Le Café pédagogique s’est procuré deux projets de notes de service sur l’enseignement de la lecture, de la grammaire et du vocabulaire signés de JM Blanquer. Dans ces textes, qui doivent paraitre dans les jours à venir, JM Blanquer donne lui-même des directives aux professeurs des écoles et des collèges sur la façon dont ils doivent enseigner et les volumes de textes que les élèves doivent étudier. Ces textes sont exceptionnels. D’abord parce que ces notes de service sont signées du ministre lui-même, ce qui n’est pas l’usage. Ensuite, par le niveau de détail où elles descendent qui est inhabituel et piétine la liberté pédagogique des enseignants. On est très loin de la « confiance ». Enfin ils le sont aussi par la conception vieillotte et élitiste de l’enseignement du français que défend le ministre.
Exclusif : Les recommandations mathématiques de JM Blanquer
Rapport Villani ou pas ? Les deux projets de notes de service sur l’enseignement des maths que le Café pédagogique s’est procuré sont prudentes sur le fond mais extraordinairement dirigistes sur la forme. Destinées aux professeurs des écoles et du collège et signées par JM Blanquer lui-même, elles concernent l’enseignement du calcul d’une part et la résolution de problèmes de l’autre. Evidemment on pourra s’étonner de cette séparation, comme si l’un n’avait pas à voir avec l’autre. JM Blanquer se réfère au rapport Villani. Mais en fait les notes sont beaucoup plus prudentes que le rapport par exemple sur l’apprentissage des 4 opérations au CP. Par contre elles vont très loin dans les instructions données aux enseignants , leur disant par exemple comment il faut se déplacer en classe et regarder le travail des élèves. De telles injonctions et un tel contenu interrogent : ces notes relèvent-elles davantage de la propagande politique sur le dos des enseignants que d’instructions pédagogiques ?
Dominique Bucheton : Sur les instructions de JM Blanquer
Un ministre qui réoriente programmes et instructions du Cp au cycle 4 , tout seul ! Du jamais vu ! Zorro ? Décryptons le dessus et le dessous des mots, décodons les messages cachés, les menaces, les intentions d’agir sur le lecteur : cela s’appelle comprendre un texte ! Pas seulement une question de vocabulaire et d’ordre des mots dans la phrase !
Sylvie Plane : Recommandations Blanquer : Un projet qui ne répond pas aux besoins des élèves
Plusieurs textes ou projets de textes en provenance du ministère de l’éducation nationale circulent actuellement. Trois d’entre eux concernent l’enseignement du français. L’un des projets de texte porte un titre prometteur « Lecture : construire le parcours d’un lecteur autonome », mais il contient tant de faiblesses qu’on espère que le ministre ne se déshonorera pas en le signant.
Rémi Brissiaud : En maternelle, Blanquer fait table rase
Dans le projet de note de service signée Jean-Michel Blanquer que le Café pédagogique vient de publier, le ministre aborde certains aspects des apprentissages numériques à l’école. Il en oublie d’autres, par exemple : comment se fait-il que les élèves, bons en calcul mental, le sont également en résolution de problèmes. Il est prévu que cette note paraisse au BO. Bien des commentaires seraient nécessaires, mais il en est un plus urgent que les autres : concernant les nombres à l’école maternelle, le ministre fait CRTL-Z (autrement dit table rase) sur tous les changements majeurs qui, dans les programme 2015, avaient créé un espoir de refondation de la pédagogie du nombre à l’école maternelle et permettant d’envisager une diminution de l’échec scolaire dans ce domaine.
Lycée
Le CSE rejette la réforme du lycée
Malgré de réels efforts faits par le ministère, les arrêtés sur l’organisation du lycée ont été repoussés très majoritairement lors du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) du 12 avril. Le ministère a accepté de faire passer la marge horaire en cycle terminal de 7 à 8 heures. En seconde l’éco-gestion devrait faire sa réapparition sous forme d’un enseignement optionnel, ce qui serait une bonne nouvelle pour les professeurs de SES. Enfin la spéciailté Ressources humaines fait sa réapparition en STMG.
Lycée : Dernier round pour l’Apses, l’Appep et l’Aphg
A la veille de la présentation des textes sur le lycée, les trois associations d’enseignants exercent une ultime pression sur le ministre. L’Apses, association des professeurs de SES, qui manifestera le 11 avril rue de Grenelle, est particulièrement remontée contre la réforme Blanquer. Elle vient d’apprendre que ses vieux ennemis de l’Académie des sciences morales et politiques siègeront dans la commission chargée de rédiger les nouveaux programmes du lycée. L’Académie n’a eu de cesse depuis des années d’obtenir une réforme des SES. En mars 2017 elle jugeait « néfaste » l’enseignement des SES et exigeait « une réforme ambitieuse » des SES. Alors que le ministère a retiré les sciences politiques du champ des SES et que se profile une intégration de l’économie gestion dans les programmes, l’Académie prône le recentrage des SES sur al seule micro économie » comment assurer l’équilibre du budget de la famille ?, est-il possible — et comment — d’envisager d’acheter un logement ?, pourquoi épargner et comment placer les revenus épargnés ».
Inégalités
ATD contre « la fatalité d’orientation scolaire »
L’orientation scolaire est elle socialement injuste ? Vendredi 6 et samedi 7 avril, ATD Quart Monde a invité familles, chercheurs, enseignants à débattre de « Grande pauvreté et orientation scolaire ». Depuis deux ans le réseau école s’interroge sur l’orientation massive des enfants de familles en situation de grande pauvreté vers les enseignements adaptés et spécialisés. En effet, le constat est sans appel : 85% des élèves scolarisés en SEGPA ou ULIS sont issus de milieux défavorisés. La pauvreté serait-elle synonyme de handicap ?
La chronique de Véronique Soulé : « Il faut une loi contre la ségrégation scolaire»
Plusieurs collectifs et associations (1) ont organisé les « 2èmes États généraux de l’éducation dans les quartiers populaires » les 6 et 7 avril à Créteil (Val-de-Marne). A l‘issue des travaux, ils ont rédigé un cahier de doléances avec des propositions pour en finir avec les inégalités et la ségrégation scolaire, qu’ils enverront cette semaine au ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer avec une demande d’audience. Largement absente des nombreux discours et interviews de ce ministre très prolifique, la mixité va-t-elle revenir à l’ordre du jour ? Attendons de voir.
Ministère
Blanquer : Fin de l’état de grâce
Moins d’un an après l’arrivée au ministère de JM Blanquer, un tournant vient d’être pris. Après des mois d’opinion semble-t-il très favorable, le ministre semble ne récolter que de l’opposition chez les professionnels de l’éducation comme le montrent pas moins de trois études récentes. L’état de grâce qui a suivi l’élection présidentielle et les premières mesures, semble terminé. L’ascension politique de JM Blanquer continue. Mais son programme éducatif se heurte à une opposition à la fois large et déterminée. Pour JM Blanquer, les temps difficiles rue de Grenelle arrivent alors que l’oasis de la rue de Varenne est encore loin.
Un rapport veut redéfinir la politique éditoriale du ministère
Absence de pilotage et même d’identité éditoriale, calendriers soumis aux décisions politiques, tutelles laissées à elles-mêmes, relations tendues avec les éditeurs privés; le rapport coordonné par Christine Gaubert – Macon , Yves Poncelet et Philippe Santana n’est pas avare de critiques sur « la politique éditoriale du ministère ». Rédigé en décembre 2016, s’il a mis 18 mois à sortir c’est sans doute que le moment de la réorganisation est arrivé rue de Grenelle.
Blanquer crée un « collège de déontologie »
Est-ce la réponse aux Gafam ? Aux élèves amenés dans les boutiques Apple ? Un arrêté publié au J.O. du 12 avril annonce la création d’un « collège de déontologie » au sein du ministère de l’éducation nationale. Le collège est chargé de « de rendre un avis sur les questions d’ordre général relatives à l’application des obligations et des principes déontologiques » et de « répondre aux questions relatives aux situations individuelles dont il est saisi ». Le collège pourra être saisi par le ministre et les chefs de service mais aussi » par tout agent relevant des services et établissements… concernant sa situation au regard de ses obligations et des principes déontologiques ainsi que sur des faits susceptibles d’être qualifiés de conflit d’intérêts ». Le collège sera composé d’un membre du Conseil d’Etat et de deux inspecteurs généraux.
Des militants de Sud Education entendus par la police suite au stage antiraciste
Deux responsables de Sud Education 93 ont été convoqués par la police les 9 et 10 avril, annonce le syndicat, « dans le cadre de l’enquête faisant suite à la saisine du procureur par le ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, contre le syndicat SUD Education 93 ». La plainte ne concerne pas la diffamation mais la discrimination qui aurait eu lieu durant ce stage syndical. « Le syndicat SUD Education 93 est outré de se voir accusé de « discrimination ». SUD Education 93 a participé à de nombreuses reprises depuis sa création aux mobilisations antiracistes aux côtés des personnes migrant-es, des victimes des violences de la police, des élèves rroms que les mairies refusent de scolariser… Le stage « Au croisement des oppressions : où en est-on de l’antiracisme à l’école ? » était destiné à outiller les personnels de l’Education Nationale à lutter contre les discriminations racistes. Du reste, SUD Education 93 dénonce cette pirouette qui consiste à accuser les antiracistes de pratiquer la discrimination ».
Macron : On continue !
« Nous allons continuer sur l’école », a affirmé Emmanuel Macron lors de son intervention dans le JT de TF1 le 12 avril. Le président de la République a également lancé des chiffres sur l’école qui semblent éloignés de la réalité…
Fonction publique
L’intersyndicale Fonction publique appelle à la grève le 22 mai
Face à l’intransigeance gouvernementale, l’Intersyndicale CGC, CFTC, CGT, FA, FO, FSU et Solidaires appelle à la grève le 22 mai. Les désaccords portent sur la remise en cause du statut fonction publique, avec le recrutement de contractuels, les suppressions de postes et la revalorisation salariale. L’Unsa et la Cfdt restent en dehors du mouvement.
Fonction publique : La Cfdt se joint à l’appel à la grève du 22 mai
C’est une étape importante dans le conflit entre le gouvernement et les syndicats de la Fonction publique. La Cfdt Fonction publique a décidé le 12 avril d’appeler les agents « à se mobiliser le 22 mai ». Elle rejoint ainsi l’appel lancé par l’Intersyndicale CGC, CFTC, CGT, FA, FO, FSU. L’Unsa est maintenant la seule grande fédération à ne pas participer au mouvement.
Fonction publique : Les neuf syndicats font front commun
Ce n’est pas une entrée officielle dans l’intersyndicale. Mais face à l’intransigeance gouvernementale et à l’importance des questions soulevées, la Cfdt et l’Unsa fonction publique ont fait déclaration commune le 4 avril avec l’intersyndicale Fsu, Cgc, Cftc, Cgt, FA, FO, Solidaires. « Pour l’UNSA, il s’agit de rappeler au gouvernement le désaccord des organisations syndicales sur le fond du document d’ouverture de la concertation, malgré des modifications utiles », estime l’Unsa. Les syndicats estiment que « le dialogue social a besoin d’instances renforcées pour être plus efficaces, (CT, CHSCT, CAP, CCP) avec une réaffirmation de leurs rôles, le recours accru aux contrats est une attaque contre le statut…, c’est l’amélioration des déroulements de carrière et de la reconnaissance des qualifications dont ont besoin les agents de la Fonction publique et pas d’une rémunération encore plus individualisée assise sur des critères antinomiques du service public ».
L’élève
Jean-Paul Payet : Réinterroger la relation avec les parents
« On entend souvent dire que la proximité entre l’école et les familles est un facteur favorable à la réussite scolaire des élèves. Qu’en est-il réellement ? » Jean-Paul Payet, université de Genève, ose poser la question. Et il la pose en sociologue. Est-ce la même chose de collaborer avec des parents de milieu aisé ou défavorisé ? Les relations sont-elles dépourvues de préjugés ? Les attentes se rencontrent-elles toujours ? L’injonction de collaboration avec les parents interpelle les enseignants individuellement mais elle engage aussi le groupe d’enseignants de la même école. La grande richesse du petit livre de JP Payet (Ecole et familles. Une approche sociologique, de Boeck) c’est d’interroger ce qui est devenu une évidence avec les regards du sociologue et de l’ethnologue. Car là comme ailleurs, les inégalités sociales, les différences culturelles traversent la relation entre enseignants et parents.
Le CESE propose de repousser l’orientation en fin de seconde
Le Conseil économique , social et environnemental a adopté le 11 avril un projet d’avis rapporté par Laure Delair (groupe des organisations étudiantes et mouvements de jeunesse) et Albert Ritzenthaler (groupe CFDT). Le CESE propose de revoir le système d’orientation actuel et propose plusieurs recommandations. Le CESE préconise « de déplacer le palier d’orientation de la fin de la troisième à la fin de la seconde, en faisant de l’année de la seconde une année d’observation et de découverte des voies générales, technologiques et professionnelles » et « de spécialiser la formation en première et en terminale pour les diplômes de l’enseignement professionnel de niveau IV tout en offrant la possibilité d’une spécialisation de niveau IV après le baccalauréat ». Il invite aussi à « développer le mentorat par des salariés d’une entreprise ou d’une association » auprès des jeunes et à « développer les relations entre Ecole et monde professionnel par la nomination dans chaque établissement d’un.e délégué.e au monde économique et social disposant de moyens pour organiser les relations avec les entreprises et services publics du bassin d’emploi ».
Onisep et CIO : Des personnels sous le choc
Quand les éléphants dansent les fourmis sont écrasées. C’est ce qui est en train de se passer pour les personnels de l’Onisep , environ 500 personnes; et ceux des CIO. Le 12 avril ils manifestaient à Paris contre la régionalisation de leur mission. Une décision inscrite dans le projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » qui arrive en examen à l’Assemblée ce 12 avril.
Orientation : Le transfert aux régions critiqué
« Nous ne comprenons pas ce qui motive nos tutelles à soutenir un transfert de compétences qui affaiblit la mission du service public d’éducation, constitue un risque d’accroissement des inégalités et des disparités entre les territoires et favoriserait davantage les déterminismes en limitant les perspectives d’un Avenir à un territoire », écrit l’Association des délégués régionaux adjoints de l’Onisep. Le projet de loi sur la formation professionnelle, qui arrive en discussion au Parlement le 12 avril, prévoit le transfert des directions régionales de l’Onisep aux régions.
J Vauloup : Comment sauver les personnels des CIO
« Il y a bien un plan B pour sortir par le haut du marasme actuel et de la stigmatisation, constante depuis des décennies, des CIO à la française, qui respecterait à la fois la vision compréhensible des régions de France, qui ont la compétence de l’orientation professionnelle sur leur territoire, et la compétence qu’a l’Etat via l’Education nationale sur l’orientation scolaire et universitaire des collégiens, lycéens et étudiants… Ce serait d’intégrer les psychologues de l’éducation nationale à des centres psycho-médico-sociaux, selon l’exemple belge ».
Numérique
Bruno Devauchelle : Téléphones portables, écrans, …, même loi ?
La Loi peut-elle et doit-elle se substituer à l’éducation ? Ce n’est pas une question nouvelle. Sur le principe nous y avons répondu depuis longtemps et nous reformulons ainsi notre position : la Loi est l’ultime proposition quand l’éducation « ne sait plus faire ». Interdire les téléphones portables (ministre de l’éducation) ou les écrans (Cédric Villani), c’est poser le principe que le « peuple » est trop faible et qu’il faut des lois pour s’y substituer. Ceci dit, une loi peut aussi être rédigée de manière éducative, c’est à dire laisser une chance au « principe éducatif ». Mais à la différence de lois comme celle sur la maltraitance, le harcèlement ou sur bien d’autres domaines, les objets, écrans et téléphones portables, ont une place telle dans la société en générale que l’on peut douter d’une quelconque efficacité (comme certaines lois sur la sécurité routière – téléphone portable au volant). Certes dans le domaine éducatif il sera difficile d’aller vers une réaction binaire du type « pas vu pas pris », mais il faudra plutôt pencher pour une loi qui organisera une graduation des sanctions ou tout au moins des interventions de l’Etat.
Bruno Devauchelle : Peut-on encore penser le numérique à l’école ?
La place du numérique à l’école fait débat. Au vu des errements, des difficultés, des dysfonctionnements, des annonces et contre annonces, des décisions brutales, des plans et autres sorties politiques et médiatiques, il est inévitable (et peut-être nécessaire) que l’on doive tout remettre à plat. Pour ce faire, il est nécessaire que chacun de nous, en particulier éducateur, s’interroge sur son rapport à la technique, à la science, à la société, au progrès, etc.… et bien sûr à la place que l’on veut assigner au numérique (informatique ?) dans cette réflexion. Cette réflexion, d’abord personnel, est celle qui traverse nos chroniques depuis de nombreuses années. Malheureusement, il est difficile de faire entendre une parole mesurée et questionnant dans un espace de communication qui se transforme plus rapidement qu’on ne le pense et qui mériterait surement un traitement de fond avant qu’il ne soit trop tard…
Le jeu numérique à l’Ecole
Eduscol publie un excellent dossier sur le jeu numérique en éducation dans les premier et second degrés. « Il s’agit de s’intéresser aux bénéfices pédagogiques apportés par le jeu sous ses différentes formes et manifestations dans le cadre des pratiques enseignantes. » Cette lettre Edu_num présente notamment une sélection de jeux et de séquences pédagogiques dans les différentes disciplines. Beaucoup sont bine connus. Mais Edu_num révèle aussi des pépites comme Vigilance 1.0, un jeu qui éduque à la citoyenneté.
L’Ecole en action dans Le Café mensuel 181
Où en sont les réformes et les grands dossiers de l’institution scolaire ? Quels nouveaux projets pédagogiques dans les classes ce mois ci ? Ces deux axes organisent Le Café mensuel n°181. Un numéro qui reflète la richesses des créations des enseignants.