Deux responsables de Sud Education 93 ont été convoqués par la police les 9 et 10 avril, annonce le syndicat, « dans le cadre de l’enquête faisant suite à la saisine du procureur par le ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, contre le syndicat SUD Education 93 ». La plainte ne concerne pas la diffamation mais la discrimination qui aurait eu lieu durant ce stage syndical. « Le syndicat SUD Education 93 est outré de se voir accusé de « discrimination ». SUD Education 93 a participé à de nombreuses reprises depuis sa création aux mobilisations antiracistes aux côtés des personnes migrant-es, des victimes des violences de la police, des élèves rroms que les mairies refusent de scolariser… Le stage « Au croisement des oppressions : où en est-on de l’antiracisme à l’école ? » était destiné à outiller les personnels de l’Education Nationale à lutter contre les discriminations racistes. Du reste, SUD Education 93 dénonce cette pirouette qui consiste à accuser les antiracistes de pratiquer la discrimination ».
Devant l’Assemblée, le 21 novembre, le ministre avait annoncé porter plainte contre un stage de Sud Education 93 qui avait utilisé l’expression de « racisme d’Etat ». « Les mots les plus épouvantables du vocabulaire politique sont utilisés au nom d’un prétendu antiracisme alors qu’ils véhiculent évidemment un racisme. Pour ces raisons, et parce que le syndicat en question a également employé les termes de « racisme d’État », j’ai décidé de porter plainte pour diffamation à l’encontre de SUD éducation 93 en vertu de l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881 », avait dit le ministre. Cet article concerne la diffamation par voie de presse.
Finalement le ministre n’a pas choisi cette voie trop risquée puisqu’elle aurait amené à débattre de la ségrégation ethnique dans l’éducation nationale. Il utilise l’argument de la discrimination pour un stage où à un moment les stagiaires suivaient une formation différente sur le racisme en fonction de leur « race ».
» A travers de nombreuses études depuis les années 1970, les sciences sociales montrent en effet que les discriminations et inégalités de traitement ethnico-raciales, comme celles de genre et de classe, opèrent dans quasiment toutes les dimensions du système scolaire : dans l’accès à la scolarité pour certains groupes, dans les interactions avec les élèves et avec les parents, dans la notation et l’évaluation des travaux, dans l’orientation scolaire.. Cela ne signifie pas que cela soit systématique ni intentionnel, et il est clair que les professionnels ne voient souvent pas cet ordre des choses, mais le fait est néanmoins massif : l’enquête Trajectoires et Origines de l’INED et l’INSEE, menée auprès de 22.000 personnes en France métropolitaine, montre par exemple qu’avoir des parents immigrés ou avoir soi-même migré étant enfant expose à presque autant d’expérience discriminatoire dans le domaine éducatif que dans celui de l’emploi (de l’ordre de 20%) », nous avait dit F Dhume dans un article sur « le ministre ignorant ».