Réformes
Lycée : Les futurs horaires annoncent des suppressions de postes
Dévoilés par les syndicats, les futurs horaires du lycée, qui seront appliqués en 2019 en seconde et en 2020 en premières et terminales générales et technologiques, annoncent des suppressions de postes. S’il est difficile de prévoir précisément le nombre de postes supprimés, il est clair que l’offre scolaire est réduite et qu’il s’agit, portant sur 20 000 divisions pour chaque niveau, de milliers de postes. Les options sont particulièrement visées.
L’Etat va mettre met fin aux CIO
Pour ceux qui dénoncent la volonté gouvernementale de réduire les missions confiées à l’Etat, voilà un premier cas concret. Le projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », qui sera étudié à l’Assemblée à partir du 12 avril, prévoit la fermeture des Centres d’informations et d’orientation et le transfert du personnel des directions régionales de l’Onisep aux régions. La destruction du service d’Etat d’orientation se fait dans la précipitation. Le gouvernement conclue à la hussarde un débat vieux de plusieurs années.
A Stains, le lycée Utrillo paralysé par la peur
Mardi 3 avril 2018, des événements graves se sont produits devant le lycée Maurice Utrillo de Stains (Seine – Saint – Denis). À 7h45, une voiture, occupée par des personnes cagoulées, s’est arrêtée devant le parvis de l’établissement alors que les lycéens affluaient pour commencer leur journée de cours. Les occupants ont visé l’un des lycéens avec une arme à feu. À midi, l’un des assistants d’éducation qui se trouvait à la grille de l’établissement pour assurer l’entrée et la sortie des élèves a été menacé d’une arme blanche par plusieurs personnes en scooter. Et à 13H20, c’est un autre élève qui a été agressé par cinq individus, toujours cagoulés, munis de hachoirs et bâtons. Cela ressemble à un film de Tarantino, mais depuis le début de l’année scolaire, il s’agit bien de ce que vit la communauté éducative de cet établissement – élèves, enseignants, personnels de la vies scolaire, parents…
Du ministère à Amazon
En mai 2017, le Café pédagogique rendait public un courrier interne du directeur du numérique éducatif, Mathieu Jeandron, prévoyant la livraison des données des élèves des établissements scolaires aux grands groupes du Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). S’en suivaient de vives réactions des syndicats, des parents et de la Cnil, une déclaration gouvernementale de haut niveau et des « explications » embarrassées de M. Jeandron. Finalement Le Canard enchainé du 4 avril annonce son recrutement par Amazon. C’est un fait sans précédent de « pantouflage » qui fait tache rue de Grenelle. Le précédent évoqué par le Canard concernait un conseiller et non un fonctionnaire.
Le rapport Taddei veut créer un « GIEC des intelligences »
C’est la ministre du travail, celle de l’enseignement supérieur et le ministre de l’éducation nationale, qui ont reçu le 4 avril le rapport de François Taddei « co-construire une société apprenante ». Le rapport reprend des préconisations traditionnelles et apporte aussi des propositions relativement nouvelles comme une « fête de l’apprendre », « créer des écosystèmes numériques d’apprentissage » en plus de lieux physiques, des laboratoires dans les ESPE ou un « carnet de l’apprenant ». On retiendra les propositions de financement par projets , certains bien avancés, alors que dans quelques jours le ministère va lancer un appel à projets… Tout le rapport oscille entre les appels répétés à la coopération et aux initiatives de terrain et l’incantation à un plan d’Etat et à des projets sélectionnés par le ministère.
2018 : Baisse des effectifs au primaire, hausse au secondaire
Selon les prévisions de la Depp (direction des études du ministère), la population scolaire devrait être globalement stable à la rentrée 2018 mais avec une évolution divergente entre premier et second degré.
Une mission sur les internats
Promoteur des internats d’excellence sous Sarkozy, JM Blanquer remet le sujet dans l’actualité. Il a confié le 29 mars à Jean Yves Gouttebel, président du conseil départemental du Puy-de-Dôme, une mission de réflexion sur un « grand plan internats », annonce La Montagne.
Ecole rurale : Le Lot fait des propositions
Réunis suite aux fermetures de classes , les Etats généraux de l’Ecole rurale a adopté des propositions pour l’avenir de l’école rurale dans le Lot. Depuis un mois, les élus du département, les parents, les syndicats enseignants ont travaillé à redessiner l’avenir de l’école rurale. Il en ressort 30 propositions qui seront remises au ministre.
Fonction publique
Fonction publique : L’intersyndicale face à la volonté gouvernementale
Bougera. Bougera pas. Nouvelle journée de tension entre l’intersyndicale Cftc, Cgc, Cgt, FA, FO, Fsu et Solidaires de la Fonction publique et le gouvernement, représenté par G Darmanin et O Dussopt. En début d’après midi l’intersyndicale annonçait que la ligne rouge était franchie, le nouveau document de base de la négociation n’apportant aucune amélioration par rapport au texte produit avant le 22 mars. Le 29 mars au soir le gouvernement accepte de produire une 3ème version. Evitera t-on un conflit long ? Pas sur.
Fonction publique : Les neuf syndicats font front commun
Ce n’est pas une entrée officielle dans l’intersyndicale. Mais face à l’intransigeance gouvernementale et à l’importance des questions soulevées, la Cfdt et l’Unsa fonction publique ont fait déclaration commune le 4 avril avec l’intersyndicale Fsu, Cgc, Cftc, Cgt, FA, FO, Solidaires. « Pour l’UNSA, il s’agit de rappeler au gouvernement le désaccord des organisations syndicales sur le fond du document d’ouverture de la concertation, malgré des modifications utiles », estime l’Unsa. Les syndicats estiment que « le dialogue social a besoin d’instances renforcées pour être plus efficaces, (CT, CHSCT, CAP, CCP) avec une réaffirmation de leurs rôles, le recours accru aux contrats est une attaque contre le statut…, c’est l’amélioration des déroulements de carrière et de la reconnaissance des qualifications dont ont besoin les agents de la Fonction publique et pas d’une rémunération encore plus individualisée assise sur des critères antinomiques du service public ».
Privé
Scolarisation à 3 ans : Le ministre plus très sur que cela n’aura aucun effet pour le privé
« Il n’y a pas de changement en ce qui concerne le privé lié à cette évolution », nous avait dit le 27 mars JM Blanquer à propos de la scolarité obligatoire avancée à 3 ans. Mais finalement le ministre n’est pas très sur. Répondant à une question de la sénatrice RDSE Mireille Jouve le 5 avril, le ministre répond que » le forfait d’externat est (déjà) acquitté par les trois quarts des communes ». Il ajoute que « l’obligation de scolarité à 3 ans n’ajoutera pas forcément aux dépenses des communes, d’autant que l’on attend une baisse démographique dans les prochaines années qui devrait dégager des marges de manoeuvre. Mais si c’était le cas, nous respecterions la Constitution », ce qui veut dire que l’Etat serait obligé de financer la mesure. Dans sa réponse le ministre « oublie » d’évoquer les emplois d’atsems dans les écoles privées qu’il faudra aussi que les villes prennent en charge. Pour Pierre Marsollier, délégué général national de l’enseignement catholique, il n’y a pas de doute de l’effet de cette mesure sur les communes. « S’il y a obligation de scolarisation, il faut que le financement suive. Nous sommes paisibles. Nous n’allons pas présenter la facture dans six mois, mais il faut que pour l’application de cette réforme, en septembre 2019, nous ayons notre dû. Et on ne lâchera pas », dit-il dans La Voix du nord.
Hors contrat : Adoption définitive de la loi Gatel
Comment concilier peur de l’ouverture d’écoles islamistes et volonté de maintenir la liberté de l’enseignement ? Un vrai débat a eu lieu à l’Assemblée les 28 et 29 mars , aboutissant à adopter la proposition de loi Gatel. Il n’y aura toujours pas d’autorisation préalable pour ouvrir une école mais le controle sera renforcé tout en restant dans assez flou.
Claude Lelièvre : Deux cadeaux au privé
Après la scolarité obligatoire à 3 ans et le risque de financement du privé, JM BLanquer a-t-il fait un second cadeau au privé ? » Les établissements privés ont reçu sans coup férir un cadeau important. Jusqu’alors, les dossiers de leurs élèves pouvaient certes avoir quelque poids lors des oraux de rattrapage ou surtout dans les candidatures à l’entrée en classes préparatoires aux grandes écoles, en IUT ou en STS. Mais il ne s’agissait pas à proprement parler d’épreuves d’examens ad hoc. Ce sera désormais le cas, et un précédent : les établissements privés vont participer es qualité à la tenue même d’examens conduisant à des »grades » (le baccalauréat en l’occurrence, qui est l’un des »grades » universitaires, le premier). C’est une rupture historique ; car, depuis Jules Ferry, le monopole de la »collation des grades » avait été dévolu exclusivement à l’enseignement public », explique Claude Lelièvre. » Finalement, il est fort douteux que l’on ait une simplification du baccalauréat. Mais on aura en fait la fin du monopole du public en matière de »collation des grades ». Un véritable cadeau (pas annoncé du tout) au privé ».
Numérique
Bruno Devauchelle : Numérique : Pas de confiance sans vigilance
A qui et à quoi peut-on faire confiance ? Chaque enseignant, chaque éducateur se pose la question à propos de ses élèves, des jeunes dont il a la charge. Le ministre de l’éducation a répété à plusieurs reprises son souhait de faire une « école de la confiance ». C’est sur cette base que l’on peut essayer de penser ce qui est en train de se passer dans le domaine du numérique : à qui, à quoi pouvons-nous faire réellement confiance ? L’élève, l’étudiant face aux propos de son enseignant fait confiance a priori. Mais a-t-il raison ? Et inversement ? En associant confiance à l’esprit de liberté, le ministre complète le tableau et déclare en septembre dernier : « Cet esprit de liberté est la condition de la confiance si nécessaire à l’échelle de chaque école, de chaque collège et de chaque lycée pour renforcer la réussite des élèves et le dialogue avec les familles. «
Bruno Devauchelle : Téléphones portables, écrans, …, même loi ?
La Loi peut-elle et doit-elle se substituer à l’éducation ? Ce n’est pas une question nouvelle. Sur le principe nous y avons répondu depuis longtemps et nous reformulons ainsi notre position : la Loi est l’ultime proposition quand l’éducation « ne sait plus faire ». Interdire les téléphones portables (ministre de l’éducation) ou les écrans (Cédric Villani), c’est poser le principe que le « peuple » est trop faible et qu’il faut des lois pour s’y substituer. Ceci dit, une loi peut aussi être rédigée de manière éducative, c’est à dire laisser une chance au « principe éducatif ». Mais à la différence de lois comme celle sur la maltraitance, le harcèlement ou sur bien d’autres domaines, les objets, écrans et téléphones portables, ont une place telle dans la société en générale que l’on peut douter d’une quelconque efficacité (comme certaines lois sur la sécurité routière – téléphone portable au volant). Certes dans le domaine éducatif il sera difficile d’aller vers une réaction binaire du type « pas vu pas pris », mais il faudra plutôt pencher pour une loi qui organisera une graduation des sanctions ou tout au moins des interventions de l’Etat.
L’élève
Jean-Paul Payet : Réinterroger la relation avec les parents
« On entend souvent dire que la proximité entre l’école et les familles est un facteur favorable à la réussite scolaire des élèves. Qu’en est-il réellement ? » Jean-Paul Payet, université de Genève, ose poser la question. Et il la pose en sociologue. Est-ce la même chose de collaborer avec des parents de milieu aisé ou défavorisé ? Les relations sont-elles dépourvues de préjugés ? Les attentes se rencontrent-elles toujours ? L’injonction de collaboration avec les parents interpelle les enseignants individuellement mais elle engage aussi le groupe d’enseignants de la même école. La grande richesse du petit livre de JP Payet (Ecole et familles. Une approche sociologique, de Boeck) c’est d’interroger ce qui est devenu une évidence avec les regards du sociologue et de l’ethnologue. Car là comme ailleurs, les inégalités sociales, les différences culturelles traversent la relation entre enseignants et parents.
L’Ecole en action dans Le Café mensuel 181
Où en sont les réformes et les grands dossiers de l’institution scolaire ? Quels nouveaux projets pédagogiques dans les classes ce mois ci ? Ces deux axes organisent Le Café mensuel n°181. Un numéro qui reflète la richesse des créations des enseignants.