Si l’école inclusive doit rester un objectif à atteindre, cela ne doit pas être au prix de souffrances accrues pour les enseignants et les enfants. Le tchat organisé par l’Autonome de solidarité et l’Apajh, une association de parents d’enfants handicapés, rend public les souffrances des uns et des autres face au manque de moyens et de formation.
» Je me fais frapper tous les jours par un enfant de 4 ans dans ma classe (petite section). Il se met en danger (fuite, saut de meubles). Il frappe les autres enfants violemment. Il n’est pas en situation de handicap. L’équipe éducative a permis de le déscolariser 2 après-midi par semaine. Les choses empirent. Le RASED, le médecin PMI, l’IEN, l’ASL sont au courant. Questions : Suis-je obligée d’accepter cette situation ? Est-on obligé d’accepter cet enfant à l’école? », demande Isabelle.
La réponse est donnée par Jean-Claude Rouanet, vice président de l’APAJH, partenaire du tchat. « Il ne faut pas en venir à l’inclusion à tout prix. Certaines situations supposent une forme de scolarisation adaptée et spécialisée. Il existe des structures d’accompagnement (SESSAD) qui peuvent être prescrites par décision de la CDAPH (commission départementale d’autonomie pour les personnes handicapées) suite à une demande formulée par les parents auprès de l’équipe pluridisciplinaire. »
» Je suis pour une école inclusive mais avec des partenaires qui se trouvent dans l’école, éducateurs spécialisés, orthophonistes, psychomotriciens, psychologues…En tant qu’enseignante spécialisée depuis plus de 20 ans, je travaille depuis 6 ans en ULIS école. Je fais mon maximum pour gérer tous ces enfants avec leurs troubles associés mais c’est avec grandes difficultés que je vis mes journées de classe. Même avec un AESH, les difficultés sont parfois insurmontables. Quand pourrons-nous enseigner dans de bonnes conditions avec des partenaires à nos côtés? », demande Natzou. » En effet, l’inclusion suppose un accompagnement spécialisé au plus près de l’élève. L’intérêt de l’inclusion c’est la participation à une classe ordinaire malgré des besoins éducatifs particuliers que l’enfant peut avoir », répond JC Rouanet.
Le tchat montre aussi les difficultés de communication avec les parents, les lourdeurs administratives, tout un continent de souffrance aux dépens des enseignants et des enfants.