Est ce le retour des « jardins d’enfants », une tentative de réforme de la maternelle lancée en 2008 ? Dans une nouvelle étude , France Stratégie, un service du Premier ministre, dresse un tableau sombre de l’école maternelle.
« Notre école maternelle se caractérise par une forte et constante focalisation sur la préparation aux apprentissages formels de l’école élémentaire, que l’on ne retrouve pas avec une telle ampleur chez nos voisins. Une inflexion récente et des textes officiels qui appellent à prendre en compte le développement de l’enfant dans toutes ses dimensions, sensorielle, motrice, cognitive, sociale et affective, n’ont pas effacé cette « primarisation » de la maternelle… Enfin, le modèle français, dual, avec une forte césure entre l’accueil des 0-3 ans et la préscolarisation à partir de cet âge, apparaît désormais de plus en plus isolé face au développement en Europe des systèmes « intégrés » d’accueil du jeune enfant, qui traitent comme un bloc la période allant de la première année à l’âge de la scolarité obligatoire ».
Cette analyse rejoint celle de l’OCDE qui soulève aussi la question de la coupure entre l’école maternelle et les autres modes de garde. Cela revient à poser la question de la scolarisation précoce des enfants en maternelle.
« Comment tirer parti de ces constats pour dessiner l’avenir de l’école maternelle française ? À court terme, il serait pertinent d’expérimenter un renforcement de l’encadrement des élèves, en le hissant à la moyenne de l’OCDE. Il conviendrait aussi d’améliorer la spécialisation des enseignants et la qualification des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem), et de mieux accompagner les innovations pédagogiques initiées par les enseignants. À plus long terme, l’évolution vers un système intégré, regroupant progressivement dans un dispositif commun l’école maternelle et les modes actuels d’accueil des enfants de moins de 3 ans est à envisager ».
Ainsi la note propose un développement qui réduirait l’école maternelle au profit d’une nouvelle structure probablement pas gratuite. C’est ce que proposaient en 2008 plusieurs rapports parlementaires de droite.
S’il y a bien une question de surcharge des classes en maternelle, accentuée d’ailleurs en ce moment par les Dasen pris à la gorge par les dédoublements, cette étude se situe aussi dans une situation de pénurie de postes d’enseignants et de tentation d’en finir avec la scolarisation précoce pour récupérer les 3000 postes qui manquent pour appliquer la politique présidentielle au primaire.
Le contenu du rapport mérite une réflexion. Mais un rapport est aussi une étape dans une politique . C’est elle qu’on voit se dessiner depuis quelques mois . Le rideau devrait être levé lors des Assises de la maternelle dans quelques jours…