Dans l’éducation nationale, même les disciplines scolaires ont un sexe. Le phénomène est bien connu chez les élèves et l’institution scolaire développe des programmes pour lutter contre. Mais cela a peu de chance de convaincre quand, par exemple, le prof de maths a deux chances sur trois d’être un homme et le professeur d’anglais une femme. Autant dire que la prééminence des hommes est bine installée dans l’institution scolaire. Plus un poste est haut placé dans la hiérarchie plus on y trouve des hommes et vice versa. Si N. Vallaud Belkacem avait tenté d’inverser la situation en nommant symboliquement autant de femmes que d’hommes chez les recteurs, JM. Blanquer n’a pas ce souci. Quand il nomme en février 2018 quatre nouveaux recteurs ce sont 4 hommes…
Inégalités dans les fonctions
Les inégalités entre hommes et femmes dans l’éducation nationale se lisent d’abord dans les emplois. La règle est simple : plus on monte dans la hiérarchie, moins la part des femmes est importante.
C’est vrai chez les enseignants. Ainsi on compte 82% de femmes chez les professeurs des écoles. Mais elles ne sont plus que 64% chez les certifiés. A partir des agrégés on atteint la parité (52%). Au dessus les hommes dominent : on ne compte que 35% de femmes chez les professeurs de chaire supérieure.
Le même principe s’applique aux personnels de direction et d’inspection. Si 56% des principaux adjoints sont des femmes, ce n’est plus vrai que pour 46% des principaux et 31% des proviseurs. Chez les inspecteurs il y a 47% de femmes chez les IEN, 43% chez les IPR et seulement 32% chez les inspecteurs généraux.
Au dessus seulement 29% des Dasen sont des femmes. Quant aux recteurs on a vu que la parité instituée par la ministre précédente n’existe plus.
Par contre les femmes dominent largement dans les fonctions traditionnellement dévolues aux femmes : les assistantes sociales, les infirmières (96% de femmes), les médecins scolaires (96%).
Et ce n’est pas près de finir. L’examen des candidatures aux concours montrent que l’écart entre les sexes existe aussi chez ceux qui entrent dans le métier. Ainsi 51% des candidats à l’agrégation sont des femmes, 62% des candidats au capes, des taux identiques à celui des titulaires.
Inégalités salariales
L’écart entre les sexes reste important. Globalement le salaire net moyen des enseignantes atteint 2371 € contre 2 664 pour les hommes. L’écart se retrouve dans toutes les catégories : 2190 et 2359 pour les P.E., 2534 et 2667 pour les certifiés. Il atteint même 300 € chez les agrégés et professeurs de chaire supérieure.
Le Bilan social du ministère de l’éducation nationale explique cette situation par deux phénomènes. D’une part les hommes sont plus avancés dans leur carrière et ont donc un indice plus élevé. D’autre part le niveau et la part des primes sont également plus élevés pour les hommes. « Parmi les professeurs des écoles du public, l’écart de primes est de 50 % entre hommes et femmes, en lien avec une relative surreprésentation des hommes dans les directions des écoles… Dans le second degré public, et plus encore parmi les professeurs agrégés et de chaires supérieures, les hommes perçoivent en moyenne 29 % de primes de plus que les femmes. Ces derniers ont en particulier une plus grande propension à effectuer des heures supplémentaires, percevant, en moyenne 52 % de rémunérations pour heures supplémentaires de plus que les femmes ».
Quand les disciplines ont un sexe
Même les disciplines scolaires sont affectées de forts déséquilibres entre les genres. Les femmes sont majoritaires dans les disciplines générales (62,1%) et le domaine des services (67,6%), elles sont minoritaires dans les domaines de la production (27,4%).
Mais il y a des exceptions. Notez les nuances. Seulement un professeur de philosophie sur trois est une femme quand c’est deux professeurs de lettres sur trois. Du coté des sciences, les SVT sont féminines (65%) mais ni les maths ni la physique (44 et 43%). La technologie, les STI, l’informatique sont des bastions masculins (15% de femmes e technologie) quand écogestion, le paramédical ou les biotechnologies – santé sont très féminines.
L’éducation nationale n’échappe ni aux stéréotypes ni aux inégalités. Par manque de volonté politique ?
François Jarraud