» Un temps de réflexion et consultation suffisamment long des différents protagonistes concernés doit être consacré à la proposition des exercices proposés à l’examen. On le sait, ils vont piloter le travail des enseignants, l’ouvrir, le rénover ou le réduire. Il est bon d’y prêter la plus grande attention. Ce sont les compétences culturelles et langagières des bacheliers et futurs étudiants qui sont en jeu », écrit l’Association française des professeurs de français sur son site. L’Afef prend position contre une réforme qui semble restaurer des exercices traditionnels au détriment, selon elle, des compétences des élèves dans un contexte où le ministre a déjà fixé les résultats de la « concertation ».
» La redéfinition de l’épreuve orale est fondamentale, car, actuellement, c’est elle qui conditionne très largement les pratiques de classes durant l’année de première, voire de seconde », écrit l’AFEF. Pour elle, l’épreuve actuelle » ne permet d’évaluer ni l’oral, ni les aptitudes de lecture littéraire des élèves », les élèves apprenant par coeur des corrigés. L’Afef défend l’idée d’utiliser l’oral de français comme une préparation au grand oral de terminale, la nouvelle épreuve introduite par la réforme du bac. Il s’agirait de » développer, durant les années de seconde et de première, un apprentissage des techniques de l’oral » et de » mettre les élèves, durant l’année de première, en situation de développer un projet littéraire, de préférence collectif voire collaboratif, éventuellement avec des outils numériques, du travail en réseau… Le jour de l’oral, l’élève serait amené à défendre son projet, et serait interrogé sur ses lectures et les connaissances littéraires et artistiques conjointes. Il serait évalué sur sa prestation orale, sur la soutenance de son projet et sur ses aptitudes en lecture littéraire ».
Pour l’écrit l’Afef relève que les élèves choisissent actuellement l’écriture d’invention et le commentaire de textes et rejettent la dissertation. « La diminution du nombre des exercices à deux est souhaitable. Ces deux exercices sont à inventer autour de deux fondements essentiels », écrit l’Afef, « un corpus littéraire…, un croisement, pour chacun des deux exercices, d’au moins deux des compétences : argumenter, synthétiser, imaginer, organiser, mobiliser sa culture littéraire. Des types d’exercices écrits dont nous pourrions nous inspirer : l’épreuve de synthèse suivie d’une argumentation proposée actuellement à l’épreuve de culture générale de BTS pourrait servir de point d’appui. Un exercice pourrait combiner une écriture littéraire et une argumentation dans laquelle les élèves devraient ensuite justifier leurs choix ».
L’intervention argumentée de l’Afef dans le débat sur la réforme de l’EAF sera-t-elle entendue ? Le ministre a lui même annoncé le 20 février le contenu de l’écrit d’EAF. « La dissertation sera revalorisée », a dit JM Blanquer. « On peut imaginer 2 dissertations et un commentaire de textes à l’épreuve anticipée de français », car selon lui , « on a un bilan mitigé de l’épreuve d’écriture d’invention ». La concertation demandée par l’Afef semble close avant d’avoir commencée.
F Jarraud