Comment enseigner la littérature à l’école maternelle ? Professeur à l’Espe de Créteil, Christophe Lécullée publie un ouvrage pratique qui a la particularité de proposer une progression précise sur l’ensemble de la maternelle. C’est à une véritable initiation à la littérature que nous invite Christophe Lécullée.
Parler d’initiation à la littérature pour les petits enfants de maternelle n’est ce pas trop ambitieux ?
Non car cet objectif peut se décliner quelque soit l’âge. Quand on travaille avec des petites sections (PS) sur les émotions c’est un travail qui va continuer jusqu’à la fin de la scolarité. Les enfants perçoivent très bien les états émotionnels. Et construire une culture littéraire passe par la découverte des archétypes. Les enfants vont découvrir dans les textes des situations qui leur parlent. Par exemple des histoires qui parlent de séparation en petite section, ou de l’autonomie.
L’ouvrage s’ouvre sur uen analyse des obstacles à la compréhension. Pourquoi ?
Il y a de nombreux obstacles qui peuvent empêcher l’enfant d’entrer en littérature. Il faut que les enfants comprennent ce qu’est une histoire avec un personnage, une suite d’événements. Ils peuvent avoir du mal à hiérarchiser les informations. Ils doievnt avoir la compréhension de ce qu’est un récit littéraire , des choix narratifs de l’auteur et de l’illustrateur. Par exemple quand le loup dit « je mets ma culotte », ce n’est pas le maitre qui lit le livre qui le fait ! Il y a aussi tous les problèmes liés à la représentation du temps dans le récit.
Les enfants vont aussi rencontrer des difficultés liées aux textes par exemple la façon de nommer un personnage de plusieurs manières. On n’oubliera pas les difficultés liées à l’image, les codes iconographique sretenus par l’auteur. Ou encore la relation entre le texte et l’image : c’est souvent une source de difficultés pour les enfants.
Vous dites qu’il y a aussi des obstacles qui sont générés par l’enseignant ?
Les enseignants font souvent de bonnes séquences mais ont du mal à identifier des objectifs littéraires et à assurer une progressivité. Ils choisissent souvent des ouvrages trop difficiles ou qui détournent les stéréotypes avant qu’ils soient construits. Par exemple une histoire avec un loup gentil alors que le stéréotype du loup sauvage n’est pas construit. Souvent aussi ils morcellent l’histoire au lieu de la suivre. Ca rend les choses plus difficiles pour les enfants les plus fragiles.
L’essentiel de votre ouvrage est composé de propositions de progressions. Pourquoi ?
Le point de départ de ce livre c’est mon travail avec des professeurs des écoles en formation initiale. Souvent ils sont perdus en progressivité. Je me suis dit comment construire une progression qui aille de la petite section à la grande section ? Pour chaque objectif j’ai établi une progression. Par exemple je propose un travail sur les archétypes de personnage par exemple le loup, la sorcière ou le monstre. C’est abordé avec différents textes de la PS à la GS.
Vous donnez des séquences clés en main. N’est ce pas risqué ?
Je donne deux ou trois séquences par niveau. Evidemment si on les prend comme la seule façon de faire c’est problématique et normalisant. Mais il faut toujours adapter à ses élèves. Et je développe tout un cadre didactique sur l’enseignement de la littérature.
Dans tout le livre je développe deux axes: d’un coté on va pratiquer des usages littéraires que les enfants ne vivent aps dans leur quotidien. Dr l’autre on enseigne la littérature et la compréhension.
Propos recueillis par F Jarraud
Christophe Lécullée, La maternelle une école de littérature. Des propositions pour surmonter les obstacles de compréhension, Canopé, ISBN 978-2-240-04398-6