Le rapport Mathiot préconise le maintien des épreuves anticipées de français, écrites et orales, mais évoque certaines évolutions, notamment « une réduction du nombre d’exercices auxquels se préparer ». Comment l’Association française des professeurs de français (AFEF) envisage-t-elle cette possible évolution ? Viviane Youx, sa présidente, nous répond.
« Un point du rapport, resté volontairement flou, nous inquiète particulièrement. Si le français conserve sa place dans le dispositif général, rien n’est précisé sur les épreuves (pas plus que dans les autres disciplines), si ce n’est qu’un paragraphe cible spécifiquement l’écrit de français qui serait resserré : « Par exemple, pour l’épreuve écrite anticipée de français une réduction du nombre d’exercices auxquels se préparer améliorerait sans doute la transmission des savoirs. » (p. 26)
Ce resserrement de l’écrit nous avait été indiqué lors de l’audition de l’AFEF et nous avions insisté sur l’écriture littéraire (créative, d’invention…) et sur les activités de synthèse, préférables, à notre avis, aux activités de glose prépondérantes à l’heure actuelle à l’écrit et à l’oral. De même, pour l’oral, nous avions préconisé de faire de cette épreuve une véritable évaluation de l’oral qui suivrait une préparation spécifique.
Des indicateurs nous amènent à penser que ce ne sont pas nos choix qui vont prédominer, mais que l’écrit se resserrerait sur la dissertation et le commentaire (exit toute activité d’écriture littéraire et de synthèse), sans aucun changement notable pour l’oral. Il y a urgence absolue à réagir publiquement, car le ministre doit présenter « son projet pour le bac » le 14 février.
C’est pourquoi nous faisons appel à tous les contributeurs volontaires pour recueillir des propositions pour les épreuves écrites et orales. Les orientations que nous proposons sont les suivantes.
Pour les deux épreuves écrites, nous proposerions :
1. Une épreuve d’écriture littéraire (nous préfèrerions ce terme à celui d’écriture créative ou d’invention, il est plus large et marque bien que sa fonction est de développer des qualités littéraires).
2. Une seconde épreuve plus formelle, qui pourrait combiner synthèse, commentaire, argumentation… par exemple une synthèse à partir d’un corpus littéraire, avec une partie de commentaire ; ou un commentaire, avec une partie d’argumentation où l’élève expliciterait ses choix ; ou une dissertation (il est difficile actuellement de s’opposer à la dissertation, mais nous pourrions recommander qu’elle soit repoussée en terminale avec l’épreuve de philo).
Les propositions sont ouvertes, mais les aspects importants à défendre à l’écrit sont l’écriture littéraire, des activités de synthèse comme préparation aux études et aux compétences professionnelles et citoyennes ; et bien sûr une présence forte de la littérature par des pratiques personnelles, notamment numériques.
Pour l’oral, dont le contenu n’est pas évoqué dans le rapport, nous pourrions proposer un oral délibératif, sur un sujet préparé dans l’année, s’appuyant sur le corpus étudié, des projets collaboratifs, une écriture créative, des réalisations numériques… Ces propositions alternatives iraient dans le sens de la préparation du « grand oral » préconisé par Pierre Mathiot.
Les propositions seront les bienvenues, à condition de faire vite. Nous devons en effet agir par différents canaux, et rapidement ! Merci d’envoyer les propositions au plus tard le 31 janvier. »
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut
Pour participer à la concertation lancée par l’AFEF : afef.contact@gmail.com