Coordination nationale, manifestations et grèves, pétitions : les opposants à la réforme du lycée et du bac comptent jouer sur tous les tableaux pour faire échouer la réforme lancée tambour battant par le gouvernement. Réunie le 27 janvier, une coordination nationale a fait le point et lancé un appel. De nouvelles analyses sur la réforme sont publiées alors que les premiers blocages apparaissent.
Deux journées d’action
Le secondaire et le supérieur peuvent ils coordonner leurs efforts ? C’est l’objectif de la Coordination nationale de l’éducation qui a réuni le 27 janvier une dizaine d’organisations. Quatre syndicats enseignants, FSU, FO, Cgt, Sud, une association de parents d’élèves (Fcpe), trois mouvements lycéens (SGL, UNL, UNL SD), l’Unef et une trentaine d’universités réunies par Sauvons l’université, ont partagé leurs positions le 27 janvier.
A l’issue de la journée elles ont lancé un appel à participer à al journée de mobilisation le 1er février en organisant des assemblées dans les lycées et universités. Elles participeront également à la journée d ‘action du 6 février qui devrait être le point d’orgue du mouvement. Cette même date du 6 février est retenue aussi par le syndicat Se-Unsa AEFE pour un mouvement contre les suppressions de postes dans les établissements français à l’étranger.
L’analyse de l’Apses
L’Apses a publié une analyse précise de la réforme du lycée qui dénonce « la disparition de la série ES qui a pourtant fait la preuve de son succès ». Pour l’Apses, « loin d’abolir la hiérarchie des séries, le projet propose au contraire un lycée à deux vitesses entre les classes de « scientifiques » et celles qualifiées fort inopportunément de « non scientifiques ». Un lycée modulaire soucieux de l’égale dignité des voies de formation n’aurait pas cantonné les SES dans un ensemble « lettres-humanités-société » tendant à dénier la spécificité d’une troisième culture qui a justement l’attrait de se situer au croisement des sciences et des humanités ».
L’Apses dénonce aussi la perte « de la cohérence des parcours d’enseignements » et des groupes classes. « En démultipliant les choix que devront effectuer les élèves, cela risquerait d’accroître les inégalités sociales entre les lycées et de profiter aux seules familles « initiées » », écrit l’Apses. Pour l’Apses, « la modularisation du lycée couplée à l’accentuation de la sélection des bacheliers dans le supérieur via Parcoursup transformerait radicalement la fonction sociale du lycée en engageant trop tôt les élèves (dès la fin du premier semestre de seconde !) dans des choix d’orientation stratégiques à l’âge où les adolescents, en train de se construire, sont justement traversés par des questionnements et des incertitudes ». L’Apses demande des dédoublements et des enseignements sur une base annuelle.
Premiers blocages
L’Apemu, l’association des professeurs d’éducation musicale, jamais reçue par P Mathiot, adresse elle aussi une critique de fond au projet. « Les pistes de réforme envisagées par Pierre Mathiot entérinent la situation actuelle qui, d’une part exclut les cultures et pratiques artistiques du tronc commun de formation générale et, d’autre part, enferme un parcours substantiel en ces domaines (couples de disciplines majeures) sur les lettres et les humanités », dénonce l’Apemu. Elle demande leur inscription dans le tronc commun.
Enfin de premiers blocages réussis ont eu lieu le 26 janvier dans des établissements des quartiers populaires contre Parcoursup. Plusieurs centaines de lycéens ont bloqué le lycée professionnel Jean Macé de Vitry et le LGT Romain Rolland d’Ivry contre la sélection à l’université. Les blocages pourraient continuer cette semaine. Le gouvernement entend rendre sa décision le 14 février.
F Jarraud