Un bac » modernisé « , » remusclé « , » simplifié « , » limpide « , » avec plus de sens » et surtout un bac qui favorise la réussite des élèves dans le supérieur et même dans la vie : le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer n’a pas caché hier son enthousiasme pour son projet de réforme du bac, fondé sur les propositions de Pierre Mathiot, l’ex-directeur de Sciences Po Lille.
» La réussite des élèves » : Jean-Michel Blanquer a dû répéter une dizaine de fois, lors de sa conférence de presse, cette expression prometteuse en recevant hier rue de Grenelle le rapport de Pierre Mathiot sur le bac 2021. Pour le ministre, le bac à quatre épreuves terminales, en plus de l’épreuve anticipée de français, qui est en train de se dessiner, vise avant tout la réussite des élèves : dans le secondaire, dans le supérieur et dans la vie.
» L’idée est que les élèves, en préparant le bac, préparent aussi leur réussite après, dans les études supérieures et dans la vie « , a-t-il annoncé, rappelant que le » véritable scandale était les 60% d’étudiants qui ne réussissent pas leur licence en trois ans « .
Eclair
Prudent, le ministre a toutefois bien expliqué que le rapport Mathiot ne préfigurait pas l’architecture finale du nouveau bac de l’ère Macron. Il reste des choix à faire, a-t-il rappelé, et ils ne seront tranchés qu’après une concertation, qui s’ouvre maintenant, avec les syndicats et les associations d’enseignants. Une concertation éclair de trois semaines comme les aime Emmanuel Macron : le projet final de la réforme sera annoncé lors du conseil des ministres du 14 février.
Interrogé sur les marges de discussions, Jean-Michel Blanquer a assuré que les choses étaient largement ouvertes. » Par exemple, on pourra débattre de la manière dont le contrôle continu (40% de la note finale au bac dans le rapport Mathiot) peut s’organiser, du déroulement du grand oral (l’une des quatre épreuves terminales) ou encore de la place de la philo dans ces quatre épreuves « .
Arguments
En même temps, la concertation partira bien des propositions du rapport. » Très vraisemblablement, il y a aura un grand oral, a ainsi reconnu le ministre, à moins que quelqu’un avance des arguments qui démontent ses avantages. L’intelligence collective devra l’emporter : sur la base des points (du rapport Mathiot), ce sont les meilleurs arguments qui gagneront. »
Le ministre s’est un peu empêtré en célébrant le vaste dialogue autour de la réforme. Il a d’abord félicité Pierre Mathiot de la » véritable concertation » menée pour son rapport – » plus de 100 interlocuteurs, 40 000 contributions de lycéens sur internet « . Puis il a expliqué que la concertation commençait maintenant. Avant d’introduire un distinguo : Pierre Mathiot a mené » une consultation « , le ministre, lui, lance » une concertation » … L’idée étant de montrer que contrairement aux ragots, rien n’est joué d’avance car on consulte et on concerte.
Test
Interrogé sur les implications du nouveau bac sur le lycée, Jean-Michel Blanquer a voulu désamorcer les critiques sur la précipitation. Les discussions sur les changements induits – comme la disparition des filières proposée par Pierre Mathiot – débuteront après le 14 février. Et les premiers changements importants n’interviendront qu’à la rentrée 2019 avec la nouvelle classe de première.
Dès la rentrée 2018, la seconde va bien s’ajuster au futur bac mais, selon le ministre, » les changements seront minimes « . Grand amateur d’évaluations et de neurosciences pour remédier aux faiblesses pointées dans les évaluations, Jean-Michel Blanquer a toutefois annoncé, en début de seconde, un nouveau » test de positions » numérique, qui permettra de voir les compétences de chaque élève » notamment en expression écrite et orale « .
Egalité
Evoquant l’impact sur le travail des enseignants, Jean-Michel Blanquer s’est montré rassurant. Si l’on retient l’idée du rapport Mathiot de découper l’année en semestres, les heures de cours des enseignants vont varier d’une période à l’autre. Ce qui renvoie à une annualisation des » temps de service « . Sachant le sujet explosif, le ministre a été précautionneux : » Des sujets aussi structurels ne peuvent se régler en trois semaines, il y a des chantiers pour les mois et les années à venir « …
Soucieux de répondre aux inquiétudes avant de lancer la concertation, le ministre a notamment assuré que ce nouveau bac conduirait à » un renforcement des disciplines » et qu’il serait le même et égal partout sur le territoire.
Incontestablement pour Jean-Michel Blanquer, le fruit est mûr et l’opinion prête à voir évoluer » ce grand rendez-vous républicain « .
Véronique Soulé