« Blitzkrieg ». Le mot est lâché par le Snes qui livre une analyse alarmante des réformes lancées par JM Blanquer. Le Snes réagit aussi vigoureusement sur la réforme de l’orientation. Alors que le ministre multiplie les petites phrases et va s’en prendre au noyau dur du pouvoir syndical, la procédure d’affectation, le ton est en train de monter…
La stratégie de la Blitzkrieg
« Le gouvernement a adopté la stratégie de la guerre éclair sur tous les fronts y compris dans le domaine éducatif », affirme le Snes dans un communiqué de 4 pages publié le 18 janvier. « Les réformes de l’enseignement secondaire et supérieur auxquelles il faut ajouter celles de la formation professionnelle, sont solidaires. Tous les projets actuels (pour le bac, le lycée, la voie professionnelle et le post-bac… mais aussi le collège en 2016) s’inscrivent dans une même logique ».
Pour le Snes, » les grands axes qui se dégagent de cet ensemble de réformes sont en effet l’orientation précoce…; un second degré divisé en une « école du socle » jusqu’au collège d’une part et un « continuum bac-3/+3″ d’autre part ; l’apprentissage comme modèle dominant pour un enseignement professionnel confié aux branches professionnelles ; la sélection généralisée à l’entrée dans l’enseignement supérieur sur la base de compétences scolaires mais aussi extra-scolaires ».
La sélection et son impact
» La boite de pandore de la sélection est ouverte et certains rivalisent d’imagination pour multiplier les obstacles à l’entrée de l’université », explique le syndicat. « Stages linguistiques, lettres de recommandation, de motivation, engagements divers et variés au sein d’associations, engagements sportifs, BAFA, validation de MOOC… Les attendus se transforment en obstacles parfois infranchissables pour le commun des bacheliers. Les enseignants de lycée risquent de devenir malgré eux les artisans de cet écrémage via les conseils de classe du second trimestre et les avis portés sur la fiche avenir… Les bacheliers les plus socialement défavorisés seront bien en difficulté pour accepter des affectations à la fois tardives, hors vœux et lointaines… La sélection est fonction des capacités d’accueil, quelle que soit la formation. Ce n’est plus le lycéen qui choisit mais la formation qui choisit le lycéen ».
Le Snes pointe l’impact de ces politiques sur le métier d’enseignant. » La restructuration du système éducatif fait peser sur nos métiers des risques importants : annualisation des services et dilution des missions des enseignants entièrement centrées sur la gestion des flux lycéens et étudiants via l’orientation ; dégradation des conditions d’enseignement en raison de la multiplication des classes liées aux diminution des horaires hebdomadaires propres à chaque discipline ; emplois du temps variables d’un semestre à l’autre; dénaturation du lien pédagogique car l’enseignant devient le censeur de l’orientation post-bac; les tensions entre enseignants, élèves et parents d’élèves risquent aussi de s’accroître compte tenu du poids accru du contrôle local ».
Sur le terrain citoyen, pour le Snes, « le nouveau système, s’il se mettait complètement en place, conforterait les logiques de ségrégation sociale et de relégation scolaire ».
La réforme de l’orientation
Un exemple en est donné dans un autre communiqué qui fustige la réforme de l’orientation. » L’orientation serait ainsi réduite à l’information et à la gestion des flux d’élèves, soumise aux aléas de la situation régionale de l’emploi. Comment prétendre que des formations locales seraient la clé d’une orientation et d’une insertion réussies alors que par ailleurs les temporalités de l’emploi et de la formation ne sont évidemment pas les mêmes ? », écrit le Snes en réaction à l’annonce (un peu confuse) d’un accord entre l’Etat et les régions pour leur confier l’orientation scolaire. » Le SNES-FSU et la FSU sont très attachés à une conception éducative de l’orientation qui fasse le pari des possibilités de développement et de réussite de tous les élèves. Ceci suppose que l’orientation scolaire reste de la responsabilité de l’Education nationale et que les Psychologues de l’Education nationale puissent y apporter leur regard spécifique et toutes leurs connaissances du développement des adolescents, des structures de formation et des métiers, de la manière dont s’élaborent les projets d’avenir. Le SNES et la FSU s’opposeront à toute nouvelle tentative de décentralisation des personnels et des CIO ».
F Jarraud
Communiqué sur le lycée et le bac
Communiqué sur la réforme de l’orientation