Dans dix jours le nouveau site Parcoursup, le remplaçant d’APB, ouvrira. JM Blanquer et F Vidal inaugurent le 12 janvier le Salon Postbac Ile de France. Mais des critiques se font entendre sur un dispositif qui marque une rupture avec des années de démocratisation de l’accès au supérieur.
Le refus de la démocratisation
« A travers la réforme qui vient, c’est la première fois que s’exprime autant le refus de la démocratisation scolaire. Celle-ci ouvrait ce droit simple : permettre à ceux qui le souhaitent, une fois le baccalauréat obtenu de fréquenter l’université et la filière de son choix. Malgré les démentis et les tours rhétoriques, c’est ce droit fondamental aux études qui est remis en cause. Le «planétudiants» n’est qu’une vaste machine à sélectionner et à trier ».
Un collectif d’universitaires, regroupant des sociologues comme S Orange ou A Allouch, des historiens comme L de Cock ou R Branche, et d’autres spécialistes, publient dans Libération une tribune critique envers Parcourssup.
« Menée à la va-vite par un ministère que l’on ne peut, a priori, soupçonner d’amateurisme, cette réforme universitaire qui vient révèle, in fine, son vrai visage, idéologique : «En finir avec le mythe de l’université pour tous» (selon les propres mots du président Macron), bref interdire aux élèves des classes populaires et moyennes d’accéder aux études supérieures de leur choix. En un mot, les enfermer définitivement dans un destin scolaire qui sera leur tombeau social », disent ils.
Ou « achever la démocratisation » ?
F Vidal est d’un avis contraire. » Achever la démocratisation de l’enseignement supérieur et réaliser la promesse de progrès individuel et collectif qui l’accompagne : voici en un mot l’esprit qui anime le Gouvernement au moment de présenter devant vous ce projet de loi destiné à favoriser l’orientation et la réussite des étudiants », a t-elle expliqué en décembre lors de la publication des « attendus ». « L’enjeu, c’est bien de donner à nos équipes pédagogiques dans les établissements les moyens de saisir à bras le corps l’enjeu de la réussite étudiante et d’accompagner ainsi toute notre jeunesse au moment de son entrée dans l’enseignement supérieur… C’est donc bien une révolution copernicienne que le Gouvernement vous propose, en passant d’un traitement de masse dont l’algorithme d’APB était le symbole à une procédure d’entrée qui redonne, à toutes les étapes, du pouvoir de décision à chacun des futurs étudiants et qui fait de la personnalisation le principe… Il n’y a pas de décision éclairée sans une pleine information. C’est tout le sens des attendus ».
Manque d’informations
C’est pourtant le manque d’information qui est signalé aujourd’hui par les acteurs de l’orientation. Le Snes déplore que les enseignants n’aient toujours aucune information à donner aux élèves sur la façons dont ils devront gérer leurs voeux. Les enseignants devront émettre des avis sur les voeux des élèves sans connaitre réellement l’effet de cet avis ni les formations en question… Dans le supérieur, des universités bloquent le processus de rédaction des attendus et protestent contre le manque de moyens pour appliquer al réforme. Il apparait que les universités n’ont aps les moyens pour effectuer autre chose qu’un traitement informatique des demandes reposant exclusivement sur la note. Elles n’ont pas aussi les moyens de développer l’ accompagnement personnalisé promis par la ministre.
Certains attendus se transforment dès maintenant en piège. Ainsi pour suivre la licence de psychologie il faudra dorénavant « savoir mobiliser des compétences en matière d’expression », disposer de compétences dans au moins une langue étrangère et avoir des compétences dans les disciplines scientifiques. Cette filière en tension accueille chaque année des milliers de bacheliers L qui ont 1h30 de sciences en première et plus rien en terminale (et pas de maths non plus en 1ère et terminale). En clair le gouvernement vient de claquer au nez des élèves de L un de leurs principaux débouchés. Et cela sans préavis.
Les bachelières de L ne sont pas les seules. Il suffit de lire les attendus en économie gestion ou en sanitaire et social pour voir que ces filières sont fermées aux bacheliers technologiques. Quant aux bacheliers professionnels ils sont chassés de toutes les licences.
Parcoursup semble surtout mis en place pour adapter les flux à un nombre de places insuffisant dans le supérieur.
F Jarraud