Qui fera partie du Comité des sages ayant à traiter des questions de laïcité qui sera réuni par JM Blanquer lundi 8 janvier ? Selon des informations recueillies par le Café pédagogique, le Comité compterait 13 membres. Le dosage est subtil entre les différentes conceptions qui s’opposent sur cette question. Le ministre veut réunir à la fois des partisans d’une laïcité « ouverte » et « fermée ». Il a totalement écarté l’école sociologique plus critique sur la « laïcité à la française ». Une décision critiquée par l’historien C Lelièvre.
Ainsi le Comité réunirait des personnalités aussi diverses que JL Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité, et Laurent Bouvet ou Dominique Schnapper, qui présidera le Comité.
Autour d’eux, le Comité réunirait Abdennour Bidar, ancien chargé de mission laïcité à l’Education nationale et membre de l’Observatoire, Alain Segsik, du Comité Laïcité République, en charge du Casnav de Paris, la philosophe Catherine Kintzler, la juriste Frédérique de la Morena, proche de laïcité République, Ghaleb Bencheikh, animateur de l’émission Islam sur France 2, Jean-Louis Auduc, pédagogue et ancien membre de la mission laïcité du HCI, Patrick Kessel, membre de l’Observatoire de la laïcité, le philosophe catholique Rémi Brague, proche de Radio Courtoisie, et Richard Senghor, ancien membre du HCI et collaborateur du Défenseur des droits.
Jean-Michel Blanquer ouvre largement l’éventail du Comité en associant des personnalités très engagées et médiatiques, liées au camp « républicain », voir plus extrêmes, à la franc maçonnerie ou aux églises, à des personnalités plus ouvertes et des pédagogues. Une telle ouverture n’ira pas sans poser des problèmes à un Comité qui ne compte peut-être pas que des sages.
Pour autant JM Blanquer a aussi pris position. Il rompt avec la vision « ouverte » défendue par N Vallaud Belkacem. Le ministre a écarté du Comité toute une école sociologique qui voit dans une certaine défense de la laïcité un outil clivant pour la société française. Son Comité est large mais penche à droite.
Reste la question des finalités de ce Comité. S’agit-il pour le ministre d’alimenter sa communication au moment où on commémore les attentats de 2015 ? Pour Claude Lelièvre, » il s’agit sans doute de tout autre chose si l’on prend au sérieux la présentation qu’en a faite le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer au Conseil des ministres du 8 décembre 2017 : une fois confirmés dans leur mission, ces « experts issus de tous les horizons » devront « préciser la position de l’institution scolaire en matière de laïcité et de fait religieux. » Ils devront aussi répondre « aux sollicitations de l’équipe nationale “laïcité et fait religieux” qui apporte un soutien opérationnel à ses déclinaisons académiques : les équipes académiques “laïcité et fait religieux” qui sont placées sous l’autorité des recteurs « .
Pour l’historien de l’éducation, » on devrait pourtant se souvenir pour le moins en la matière (la « laïcité »!) que l’institution d’une Ecole républicaine laïque a commencé par l’éviction de tout représentant (sous quelque forme que ce soit) de confessions religieuses dans les instances de direction du ministère de l’Instruction publique (à commencer par la réforme emblématique du Conseil supérieur de l’Instruction publique en date du 27 février 1880) . Mais le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer n’est pas dépourvu d’une certaine inclination au retour de certaines dispositions antérieures à l’établissement de l’Ecole républicaine ».
François Jarraud
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