Suffit-il de mettre les élèves ensemble pour qu’une activité collective en découle ? Le numéro 23 de la collection pour l’action, aux éditions Revue EPS, coordonné par Olivier Vors, propose une analyse de cette problématique centrale entre l’individu et le collectif et interpelle la compréhension de l’activité collective et les conditions de son émergence. Un ouvrage pertinent et en lien direct avec les enjeux sociétaux actuels.
Dépasser la simple somme des individus
Une équipe experte se réduit-elle à une équipe d’experts ? C’est bien une des questions centrales de l’ouvrage. L’enjeu, sous le terme « d’intelligence collective », est de produire une performance supérieure à la somme des performances individuelles. Jérôme Bourbousson, Cyril Bossard et David Adé propose trois processus pour la caractériser : le partage cognitif, l’adaptation et la médiation par des objets. Des pistes intéressantes pour l’EPS…
De plus, « L’activité collective » peut-elle être comprise de la même manière que la notion de collectif ?
Qu’est-ce que l’activité collective ?
Jacques Saury nous propose un éclairage scientifique sur la notion d’activité collective. Il s’agit de la comprendre, dans un premier temps, à travers un engagement mutuel des acteurs dans une pratique commune finalisée. De plus, elle implique une interdépendance entre l’activité et ses acteurs. Enfin, l’activité collective donne lieu à l’émergence d’un ordre collectif ayant sa propre autonomie et ses propres caractéristiques. Bien évidemment, des nuances sont à apporter, notamment au regard de la taille du collectif ou encore la nature des relations entre ses membres mais donnent des indications sur comment la faire émerger !
L’activité collective, ou comment apprendre de ses pairs !
C’est bien une vision renouvelée de l’apprentissage qui est proposée par Philippe Veyrunes et Olivier Vors à travers les communautés de pratique. Ces dernières permettent la transmission de règles, normes, codes d’action, véhiculés par les pratiques dans des collectifs. Les recherches montrent qu’elle permet aux acteurs de se coordonner et d’agir plus efficacement. Evidemment, elle demande à être organisée, mais permet des résultats intéressants. Les auteurs soulignent, par exemple, que les expérimentés du groupe jouent un rôle important dans la transmission aux novices qui progressivement vont passer d’une participation périphérique à une participation de plus en plus centrale dans la communauté.
Cependant, la mise en place de ces communautés de pratique demeure difficile et nécessite une mise en projet sur de longues périodes, ce qui exige une cohérence au sein du parcours de formation en EPS mais peut être également en dehors…
Un long processus
Marie-Cécile Crance, à l’occasion de la création d’un spectacle de Danse, met en avant le processus progressif et long permettant l’émergence d’une activité collective. Comment passer d’une classe à une compagnie de Danse ? L’auteure propose différentes étapes à cette construction et différents éléments qui ont permis de renforcer l’entreprise commune. Mais également, quelle posture l’enseignant a-t-il adopté dans sa volonté de permettre et créer l’entreprise commune.
Enjeux moteurs, éducatifs et sociétaux et complexité
A la lecture de l’ouvrage, et au regard du contexte actuel, il va de soi que ce dernier numéro de cahier pour l’action est une ressource de qualité pour l’enseignant d’EPS. Il soulève aussi une problématique centrale en sortant des bonnes intentions pour montrer la complexité de la tâche, à la fois but et moyen pour faire apprendre et apprendre à vivre ensemble. Il ne suffit pas de mettre les élèves ensemble pour qu’ils en retirent bénéfice. L’activité collective est un processus complexe, long, qui demande une organisation et une cohérence de l’enseignement en EPS, et au sein de l’EPLE. Bonne Lecture
http://www.revue-eps.com/fr/l-activite-collective_o-15388.html
Sur le site du Café
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