Si l’on devait résumer les 6 premiers mois de JM Blanquer au ministère de l’éducation nationale, trois mots viennent à l’esprit : efficacité, succès et illusions.
Rarement ministre aura été aussi efficace. En 6 mois, JM Blanquer aura réussi à détruire les plus importantes réformes introduites depuis 2012 et cela presque sans y toucher. Fin connaisseur d’une maison qu’il a co-dirigé en fait entre 2006 et 2012, il sait déclencher les forces internes qui animent le ministère. Sur les rythmes et le périscolaire, il use de la même force que Darcos en 2008 : le laisser faire. Il peut faire confiance aux maires, tenus financièrement par la politique gouvernementale, pour se renier et aller dans le sens qu’il souhaite, le retour des 4 jours. Il peut, sans grande crainte d’être contredit par d’autres que par quelques chercheurs, ramener les grosses journées de classe et en même temps prétendre lutter contre la difficulté scolaire au primaire. Il peut aussi laisser les collèges, pris dans la concurrence entre établissements et dans les suites de la malheureuse réforme, recréer les filières d’excellence tout en se proclamant le plus social des ministres. A peine les réformes de ses prédécesseurs mises à mal qu’il s’attaque au lycée…
Le plus grand des succès de JM Blanquer c’est d’avoir réussi à se faire passer pour un homme neuf, un technicien nouveau débarqué rue de Grenelle. Evidemment, ceux qui connaissent bien l’éducation savent que JM Blanquer a été derrière les politiques menées entre 2006 et 2012. Inspirateur de G de Robien puis de Chatel, il a une grande responsabilité dans les suppressions de postes sarkoziennes. Puis dans la tentative de créer des évaluations pour noter les professeurs au mérite. Il a accompagné, au minimum, G de Robien dans sa campagne populiste pour la syllabique. Autant de politiques que nous voyons revenir maintenant qu’il est seul aux commandes.
JM Blanquer se fait-il une illusion sur son maintien en poste pendant le quinquennat ? Il annonce dans les médias qu’il est là pour 5 ans et que c’est son seul but. Mais le nouveau ministre a été bien placé pour voir ce que valent les ministères. Aucun ministre n’a duré un quinquennat depuis L de Fontanes qui quitta le fauteuil en 1815.
Aussi JM Blanquer est-il déjà un peu ailleurs. S’affichant chaque semaine en leader avec un autre ministre. Un jour la Santé. Puis le Handicap. Souvent le Supérieur. Parfois la Culture. Plus présent médiatiquement qu’aucun de ses prédécesseurs et surtout que le premier ministre. Conduisant sa politique selon le vent de l’opinion, flattant tous les préjugés (le redoublement, la dictée, la syllabique, le mérite, etc.) tout en s’affirmant pragmatique.
En 6 mois nous avons vu un homme prendre de l’aisance et de l’audace. Surtout nous voyons un politique s’imposer. A 53 ans, JM Blanquer a trouvé sa voie.
François Jarraud
Sur le site du Café
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