Le tournant a été annoncé. Il arrive maintenant officiellement avec la publication au Journal officiel ce 29 novembre des postes mis aux concours du second degré. En moyenne il y a 20% de postes en moins à tous les concours externes du second degré : -19% à l’agrégation, – 20% pour le capes, – 21% pour le capet et le capeps, – 18% pour les plp. Les postes mis aux concours internes sont préservés. Pour le concours de professeur des écoles, il faut encore attendre.
La baisse va au delà de la réalité des recrutements
« On ne fait pas de rénovation politique en fonction d’un budget. La volonté du gouvernement est que le budget appuie la politique publique ». Mais la politique publique c’est la réduction du nombre de postes de fonctionnaires. Alors rien d’étonnant dans les chiffres actuels. La baisse de 20% des postes mis aux concours du second degré avait été annoncée par le Café pédagogique le 28 septembre.
Pour l’entourage du ministre la baisse devait correspondre » aux postes non pourvus aux concours en 2017″ et devait donc théoriquement être indolore. En réalité elle va bien plus loin que cela. Ainsi au concours externe de l’agrégation 1709 postes sont été pourvus en 2017 et il n’y a que 1555 postes offerts en 2018. Pour le capes externe, 6011 postes ont trouvé preneur en 2017 et il n’y a que 5 833 postes offerts en 2018. Pour le capet c’est 569 et 495. Au concours externe de PLP 1647 postes ont été pourvus en 2017 mais 1580 sont offerts en 2018. En EPS les 800 postes ont été pourvus en 2017 mais on passe à 630 postes en 2018.
Le message envoyé aux étudiants est donc très clair : l’Education nationale réduit ses recrutements. D’autant que la réalité pourrait bien être inférieure encore aux annonces.
Les disciplines ne sont pas traitées avec équité
En effet, l’ajustement aux réalités de recrutement des postes en 2017 n’est pas fait. Le ministre n’a pas sabré dans les disciplines qui ne trouvent pas de candidats mais qu’il flatte. Au capes externe d’allemand, seulement 125 postes ont été couverts en 2017 sur 345 proposés. En 2018, 275 postes sont offerts. En maths 1066 postes ont trouvé preneur en 2017 mais 1183 sont proposés en 2018 (c’était 1440 en 2017). En lettres classiques, 85 professeurs certifiés ont été recrutés en 2017 mais 183 postes sont offerts en 2018 (230 en 2017). En anglais l’éducation nationale a recruté 847 professeurs en 2017 pour 1190 postes offerts. En 2018 elle en attend 949. Par contre en arts plastiques 165 postes ont été couverts en 2017 sur 200 proposés mais seulement 125 sont offerts en 2018. Pour le capet, celui de tourisme disparait carrément et en STMS on passe de 48 à 27 postes seulement. Les disciplines ne sont pas traitées avec égalité.
Il y aura encore des postes non pourvus en 2018
Cela veut dire que le nombre réel d’emplois qui seront pourvus en 2018 sera probablement inférieur aux emplois ouverts en 2018. L’écart entre offre et réalité va continuer à exister , justifiant de nouvelles baisses les années suivantes.
L’inversion de tendance sera durable
Alors même que le nombre d’élèves attendus à la rentrée 218 dans les collèges et les lycées va augmenter de près de 20 000 jeunes, il y aura nettement moins d’enseignants pour les accueillir. D’autant que le nombre de départs pourrait bondir en cas de réforme brutale des retraites.
Après des années de croissance, le signal qui est envoyé aux étudiants c’est bien la chute du recrutement à l’éducation nationale. Alors que le ministère a mis des années à obtenir une reprise des candidatures aux concours de l’enseignement, le plan de recrutement de 2018 va annihiler ces années d’effort. Il y a un autre signal dont il faut tenir compte alors que le ministère va attaquer la réforme du lycée. C’est la volonté de diminuer le nombre d’emplois dans le second degré. Les réductions de postes ce n’est probablement pas terminé.
François Jarraud