« La politique de santé scolaire va désormais s’inscrire dans le cadre de la politique de santé publique. Les conventions entre les agences régionales de santé et les rectorats seront actualisées pour qu’elles mettent l’accent sur le parcours de santé des enfants âgés de zéro à six ans. Dans le même sens, les comités académiques d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CAESC) verront leur action renforcée », annoncent les ministres de la Santé et de l’éducation nationale. Ces mesures sont-elles à la hauteur ?
L’annonce ministérielle
Les deux ministres ont promis le 27 novembre de « mieux construire et coordonner l’accès à la santé des enfants avant l’âge de six ans grâce à un travail partagé et coordonné entre la santé scolaire, la protection maternelle et infantile et les professionnels de santé, en fonction des territoires, au profit de la détection de troubles ou maladies risquant d’affecter l’adaptation en milieu scolaire et les apprentissages des enfants » . Cela semble vouloir dire que les rectorats pourraient s’appuyer sur le personnel de la PMI et des professionnels de santé libéraux.
Disparition de la médecine scolaire
Actuellement la situation de la médecine scolaire est tellement catastrophique que le ministère se garde de publier un rapport commandé en 2015 malgré les demandes des syndicats et des parlementaires. Selon un très récent rapport de l’Académie de médecine, on compte un millier de médecins scolaires , un nombre en rapide déclin compte tenu de l’âge moyen des médecins (58 ans). On est passé de 1400 à 1000 médecins scolaires depuis 2006.
En principe chaque élève doit avoir une visite de dépistage des troubles éventuels à l’âge d e6 ans. Selon l’Académie de médecine seulement 57% des élèves auraient bénéficié de cette visite, avec des taux allant de 0 à 90% selon les territoires. Dans certains départements il n’y a plus aucun médecin scolaire. C’était le cas de l’Indre par exemple en 2014. Chaque médecin encadre de 2000 à 46 000 élèves. En moyenne, on est arrivé à un médecin scolaire pour 12 000 élèves. Cette situation pénalise en premier lieu les enfants des familles défavorisées qui n’ont souvent pas accès à la médecine en dehors de la médecine scolaire.
Quelles solutions ?
L’appel aux professionnels de la PMI ou aux médecins libéraux peut-elle apporter une solution ? Sur les territoires les plus défavorisés, le taux d’encadrement des médecins libéraux est déjà très faible et celui de la PMI insuffisant. Ainsi , dans le 93, le bilan à 4 ans, assuré en principe par la PMI, n’est plus assuré. L’annonce ministérielle semble davantage relever des formules que de l’appui direct à une situation désastreuse.
Comment en est-on arrivé là ? Les médecins scolaires sont les moins bien payés des médecins de la fonction publique. Le recrutement est donc très insuffisant. Ce sont aussi les plus seuls. Ils n’ont autour d’eux aucun personnel de santé pour les aider. Sans action sur ces deux points on voit mal comment la situation pourrait s’améliorer.
F Jarraud
Médecine scoalire en voie d’extinction