« Le plus important c’est le sentiment de valorisation ». Professeur de SES au lycée Froment d’Aubenas (07), Fabien Meynier anime depuis 10 ans le Prix lycéen de sciences économiques et sociales. Une initiative soutenue par des professeurs de SES qui fait travailler ensemble une centaine de lycées dans ce projet indépendant qui s’obstine à marier sciences économiques et sciences sociales.
Un prix créé et porté par des enseignants
Cette année Anne Lambert et Baptiste Virot ont reçu le Prix lycéen de sciences économiques et sociales pour leur ouvrage « Turbulences », devant une centaine de lycéens réunis au lycée Claude Monet de Paris. Pour la deuxième année consécutive c’est un ouvrage de sociologie que les élèves ont choisi parmi les 8 livres proposés (4 d’économie et 4 de sociologie). « La sociologie c’est plus difficile mais les élèves aiment bien », nous dit Fabien Meynier. Et c’est aussi une différence avec le Prix « Lire l’économie » organisé, depuis L Chatel, par le ministère…
Créé par Arnaud Catala, un professeur de SES, en 2001, le prix a atteint la cinquantaine d’établissements en 2005. Cette année il y a déjà plus de 100 lycées inscrits à l’édition 2018. C’est donc près de 2000 élèves de première et terminale qui vont lire des livres d’économie ou sociologie.
Les ouvrages proposés aux lycéens sont sélectionnés par Alternatives économiques pour l’économie et par Liens sociaux pour la sociologie. Cette année ils avaient retenu « Changer de prénom » de B Coulmont, « Les pompiers héros fatigués » de R Pudal et « L’école qui classe » de Joanie Cayouette Remblière pour la sociologie. L’auteure de « L’école qui classe » a eu la gentillesse de présenter son livre aux lycéens après la remise du prix.
Un tremplin pour s’affirmer dans la culture savante
Tout repose sur l’engagement des professeurs de SES qui encadrent les élèves dans des ateliers souvent situés sur l’heure du déjeuner et souvent bénévoles. Dans chaque établissement participant à l’attribution du prix se constitue un comité de lecture composé d’élèves volontaires qui se réunit périodiquement afin d’échanger les points de vue sur les lectures, de mettre en évidence les ouvrages intéressants et de critiquer ceux jugés fades ou inaccessibles. Au delà de ces débats internes, les élèves des différents établissements échangent leurs opinions sur les livres par l’intermédiaire du site du prix lycéen. A la mi-mai, chaque comité établit la liste de ses 3 ouvrages préférés. En additionnant les suffrages, on détermine le lauréat du prix lycéen
« Pour les élèves c’est un excellent tremplin pour prendre la parole », nous dit F Meynier. « Le plus important c’est le sentiment de valorisation qu’ils ressentent en lisant ce genre d’ouvrage. Il y a aussi une dimension utilitaire : ces lectures les préparent aux études universitaires. Les anciens me disent que ça surprend toujours leurs professeurs en fac quand ils disent qu’ils ont lu tel ou tel livre. Il y a aussi autre chose de fondamental qui pousse les élèves: ils ont envie de comprendre. Et ces livres sont un vrai défi pour eux ».
Un pur bonheur
Fabien Meynier estime que cette activité permet aussi aux élèves de réellement s’approprier la démarche et les outils des SES puisqu’ils doivent s’exprimer sur des thèmes incarnés dans des sujets contemporains (les évolutions du monde du travail, les relations hommes-femmes , notre modèle économique, la prise en compte de l’environnement)…
Et si Fabien Meynier anime le prix depuis 10 ans c’est « parce que c’est un pur bonheur ». Le bonheur de voir des élèves s’investir gratuitement dans sa discipline et de les découvrir sous un autre jour. « Le prix est un vrai outil militant pour faire aimer les SES »…
François Jarraud