Quel rôle les régions veulent -elles jouer dans l’enseignement professionnel et l’orientation ?? Le 22 novembre, Hervé Morin a été élu président de l’Association des régions de France et François Bonneau président délégué. Il nous explique pourquoi les régions demandent le pilotage de l’enseignement professionnel et de l’orientation et quelle place précise elles veulent y jouer.
« Pas question de devenir ceux qui s’occupent du ravalement et de la peinture et qui n’ont rien à dire sur les formations ». Nouveau président de l’Association des régions de France, Hervé Morin a annoncé le 22 novembre un Manifeste des régions qui fera connaitre leurs demandes sur la gouvernance. Selon H Morin les régions « le redressement du pays passe par les territoires » et les régions attendent de l’Etat « un référentiel budgétaire jusqu’en 2022 à partir de compétences stabilisées ». En échange de quoi elles reviendraient dans la Conférence nationale des territoires. H Morin a beaucoup parlé de l’apprentissage estimant que « c’est une mauvaise idée de le confier aux branches professionnelles ». Les régions revendiquent son pilotage.
François Bonneau , devenu président délégué de l’ARF, fait le point sur cette question et sur celle de l’orientation.
Les régions veulent-elles vraiment mettre la main sur les lycées professionnels ?
D’abord il faut rappeler les objectifs des régions. C’est ça qui compte. L’objectif c’est d’avoir tous les jeunes en situation d’avoir une qualification professionnelle reconnue correspondant aux emplois d’aujourd’hui et de demain. Alors que l’on voit partout des entreprises qui peinent à trouver les compétences dont elles ont besoin et qu’en même temps on a 3 millions de chômeurs, notre objectif c’est de faire en sorte qu’au moment de la reprise de l’activité les ressources humaines ne soient pas un frein mais un moteur.
Pour cela il faut commencer par réformer nos diplômes. Il faut que la carte des formations soient confiées aux régions et élaborées avec les branches professionnelles en fonction de l’évolution des territoires. Il faut des formations organisées autour d’un tronc commun pour des diplômes plus adaptables. Il faut qu’elles soient modulaires pour pouvoir s’adapter à al réalité de publics très différents. Il faut que les moments d’entrée et de sortie de formation puissent être à un autre moment que le calendrier d el’éducation nationale. Il faut donc beaucoup assouplir les formations et faire évoluer les diplômes.
Ensuite il faut faire évoluer l’orientation. Nos jeunes connaissent mal le monde des métiers d’aujourd’hui et de demain. Cela ne leur permet pas de former un projet professionnel dans lequel ils puissent vraiment s’investir. Nous voulons que les choix soient faits avec une connaissance meilleure de l’entreprise et de la vie économique. Les jeunes ont souvent encore une vision à la Zola de l’entreprise alors que chaque emploi fait appel à plus d’autonomie et qu’une nouvelle organisation du travail est en place.
Nous pensons aussi qu’il faut davantage de complémentarité entre apprentissage et lycée professionnel Pour certains jeunes, le L.P. est le chemin de la réussite. Pour d’autres le contact avec le monde adulte, dans l’apprentissage, leur permet de se construire. Faisons de la dualité une chance.
Pour cela nous voulons la responsabilité de la formation professionnelle initiale en alternance ou en lycée professionnel. On y associera les branches professionnelles. Mai spas question de mettre les régions sous leur tutelle.
Des syndicats enseignants disent que donner la carte des formations aux régions c’est réduire les choix des jeunes et les enfermer dans des politiques régionales. Que répondez vous ?
Nous sommes capables de faire évoluer les formations pour s’adapter aux évolutions économiques. Par ailleurs les jeunes doivent pouvoir bouger pour suivre une formation qui n’existe pas localement.
Pour l’orientation qu’aimeriez vous changer concrètement ?
Aujourd’hui l’information est portée par des enseignants et des conseillers d’orientation qui par leurs charges n’ont pas assez la possibilité de comprendre le monde économique. L’orientation est une vocation du projet de chaque établissement. On veut que cette orientation se nourrisse de concret. On soutiendra des projets d’orientation dans les établissements associant des entreprises ou des universités. On mobilisera des entreprises pour que dans chaque établissement il y ait un bouquet d’information. Il faudra aussi que les entreprises fassent davantage de place à l’accueil des jeunes. Finalement on veut prendre la responsabilité de l’orientation pour que l’établissement puisse trouver dans son environnement des offres d’accueil et sensibiliser les jeunes pour qu’ils forgent progressivement leur projet.
Confier les lycées professionnels aux régions c’est toujours d’actualité ?
On a déjà un rôle très important dans ces lycées. L’équipement, les murs,l’internat, l’entretien, la restauration, la proposition de la carte des formations, tout cela c’est déjà nous. On demande la responsabilité de la carte des formations, aujourd’hui partagée avec le recteur. On veut qu’elle s’articule avec l’alternance et on veut piloter cette carte des formations. Les enseignants resteront dans l’éducation nationale. Mais la carte des formations et l’accompagnement des jeunes doivent devenir des compétences régionales.
Propos recueillis par François Jarraud