Depuis 5 ans, Stéphane genêt, professeur d’histoire-géographie, dirige avec sa collègue documentaliste, Sylvie Mercadal, un événement culturel qui engage tout le lycée et rayinne sur Tours et son département : les Salons Choiseul. Les 16 et 17 novembre, la 5ème édition accueille près de 8 000 personnes pour une cinquantaine de conférences ouvertes aux élèves , aux enseignants mais aussi au grand public. Un événement majeur qui marque une carrière d’enseignant. Stéphane Genêt fait le point sur l’impact pédagogique des Salons Choiseul et sur ce que cette organisation change chez un enseignant.
Installé dans la périphérie nord de Tours (37), le lycée Choiseul pourrait passer inaperçu. Il n’a ni l’ancienneté ni la place centrale d’un établissement de centre ville. Il attire des élèves de tout le nord du département ce qui lui donnerait presque un coté rural. Pourtant le lycée est maintenant connu dans toute l’Indre et Loire et au-delà. Et il le doit aux Salons Choiseul. Voilà un événement culturel de dimension nationale organisé par un lycée. Stéphane Genêt, créateur et organisateur des salons, présente cette édition et en montre les aspects pédagogiques.
Les Salons Choiseul offrent cette année leur 5ème édition. Où en êtes vous ?
L’année dernière nous avons accueilli près de 6 000 personnes. 40% étaient des lycéens , et 25% des élèves du lycée, 60% des visiteurs extérieurs au lycée. Cette année nous attendons 8000 personnes pour une cinquantaine de conférences.
Avec ma collègue, Sylvie Mercadal, nous avons choisi le thème « Mythe et héros ». Il nous semble dans l’air du temps avec la multiplication des super héros au cinéma et dans les visuels, sans parler de la référence constante au pouvoir « jupitérien ». C’est aussi un thème au programme de terminale de langues.
Qui invitez vous pour cette édition ?
Parmi les 50 conférenciers on compte Pierre Briant, un spécialiste de l’antiquité qui parlera du mythe d’Alexandre. Dominique Kalifa vient de sortir un ouvrage sur Fantomas et il en parlera. Alain Cabantous travaille sur le mythe de Noël. Patrice Gueniffey évoquera Napoléon et de Gaulle deux héros français. Mais ne croyez pas qu’il n’y ait que des historiens parmi les conférenciers. Le thème est élargi vers la culture populaire.
Les Salons Choiseul ont-ils de retombées vers les élèves ?
C’est un événement pédagogique avant tout. Les salons font l’objet d’un projet professionnel pour les élèves de BTS MUC qui gèrent l’événementiel. Les lycéens en prépa sciences po présentent les invités et cela rentre dans leur dossier. Pour tous le slycéens , des conférences sont utilisées en classe. Par exemple presque tous les professeurs d’italien du département emmènent leur classe voir la conférence sur le cinéma italien.
Mais cela va au-delà. Nous avons la chance que le proviseur autorise les élèves à assister à 3 conférences de leur choix, même sur les heures de cours. Les élèves choisissent et se ruent sur les sujets qu’ils apprécient. Des enseignants du lycée se transforment aussi en conférenciers durant les Salons.
On dit que les jeunes ne sont pas intéressés par la culture. C’est votre avis ?
Justement on veut combattre cette idée. Je constate bien au contraire une forte appétence des jeunes pour la culture. Evidemment on essaie de trouver des axes qui puissent les intéresser. Mais c’est toujours pour qu’ils découvrent une vraie réflexion intellectuelle sur un sujet.
Par exemple sur Harry Potter, le conférencier montre les racines historiques et littéraires du roman et pour cela on fait appel à un Youtuber célèbre, Nota bene. La conférence est à la fois attractive et pointue.
Et puis les élèves nous offrent des surprises. La conférence qui s’est remplie le plus vite est celle d’un professeur d’histoire du lycée qui fait une thèse sur le bleu de travail, un vêtement mythique.
Un professeur de physique faut une conférence sur les 24 h du Mans. A coté de son métier d’enseignant il est commissaire d ecourse et il montre la place des 24 heures dans le progrès de l’industrie automobile et dans l’économie de ce secteur.
La rectrice d’Orléans Tours fait elle aussi une conférence sur le Prince de Co,dé. C’est une spécialiste de la Fronde.
Une jeune professeure en communication, Clémentine Hougue, parlera des zombies : un sujet attirant mais elle montrera le rôle politique des zombies. Au total on essaie d’être attractif mais sérieux.
J’imagine que cet événement a changé votre vie de professeur ?
J’ai découvert beaucoup de choses en organisant les Salons. Mais cela a surtout influé sur ma façon d’enseigner. Je cherche davantage quelque chose d’attractif pour faire entrer les élèves dans le cours et faire passer un message qui souvent est complexe. Ca a fait évoluer ma façon d’enseigner. Evidemment l’organisation nous prend beaucoup de temps à ma collègue et à moi. Nous faisons les Salons sans décharge.
Beaucoup d’enseignants se sentent écrasés dans l’Education nationale. Comment faites vous pour échapper à ce poids ?
Il y a une part importante de liberté dans l’Education nationale. Et notre aventure le montre. Il y a de la souplesse dans le système. Si un projet est fédérateur, et le notre bénéficie du soutien de tout le lycée, ça peut fonctionner.
Propos recueillis par François Jarraud