Professeur de physique chimie depuis dix ans, Romain Bourdel-Chapuzot ne cesse de vouloir faire évoluer ses pratiques pour répondre aux difficultés qu’il peut rencontrer au quotidien avec ses élèves. Il a fait le choix de la pédagogie inversée mais, pour lui, il était aussi essentiel de repenser l’espace classe pour le mettre en adéquation avec ses choix pédagogiques qui s’appuient sur la coopération et l’entraide.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager dans la pédagogie inversée ?
En arrivant au collège après six années dans le même lycée en tant que TZR, je me suis retrouvé, comme de nombreux enseignants de sciences, un peu isolé. J’ai rapidement senti que si je ne changeais pas de pratique, je risquais de tomber dans une routine qui allait m’ennuyer, et donc, ennuyer mes élèves. C’est en lisant un fil de discussion sur un forum d’enseignants de physique-chimie que j’ai appris l’existence des classes inversées. Du jour au lendemain, j’ai décidé de changer de pratique pour passer à l’inversion. Aujourd’hui, j’ai été rejoint par ma collègue de SVT Fanny Grauer avec qui nous élaborons des documents de travail communs pour les élèves.
Que retirez-vous de cette première année de fonctionnement ?
Cette première année en classe inversée a été très enrichissante. J’ai d’abord souhaité mettre le moment de la trace écrite en dehors de la classe pour favoriser les temps d’activités et d’exercices. Ce passage a déjà permis, alors que ce n’était pas un but recherché initialement, aux élèves souffrant de troubles de l’apprentissage, d’être plus serein en classe car il n’y avait plus l’angoisse du cours à écrire.
De plus, les temps d’activité et d’exercice en classe ont pu être plus longs. Naturellement, il y a aussi des problèmes qu’il faut réussir à résoudre : difficulté d’accès aux capsules, aux cours en ligne… J’ai pu compter sur la documentaliste et les AED qui ont permis aux élèves d’accéder (au CDI et en salle de permanence) aux ressources en ligne.
En quoi la physionomie des salles spécialisées de sciences était-elle un frein ?
Très vite, c’est le temps en présentiel qui a été totalement repensé. En effet, afin de pouvoir mieux différencier et favoriser le travail en groupes, je suis passé en plan de travail. Ce mode de fonctionnement peut induire des difficultés auxquelles on n’est pas ou peu confrontés dans un mode de fonctionnement classique. La salle de sciences dans laquelle je travaille est constituée de paillasses reliées à l’eau et au courant, et donc, fixées au sol. Or, pour travailler en groupe, un espace modulable, permettant notamment des îlots est intéressant.
Quelles sont les astuces mises en place actuellement ?
Une des choses qui est flagrante lorsque l’on fonctionne avec un plan de travail pour les élèves, c’est qu’ils sont souvent en mouvement. Un des premiers aménagements fait dans ma salle a été de placer des balles de tennis sous les tabourets, pratique courante en primaire mais peu au collège. Cela a permis aux élèves de pouvoir travailler dans une ambiance plus calme. De la même manière, afin que les élèves puissent travailler par groupe, j’ai enlevé les panneaux verticaux qui gênaient les élèves lorsqu’ils travaillaient à quatre sur la même table.
Qui dit coopération et entraide, dit explications et tutorat entre pairs. Après avoir vu le fonctionnement de la classe mutuelle de Vincent Faillet, j’ai permis aux élèves d’écrire au feutre effaçable sur les paillasses. Tous ces aménagements n’ont rien coûté au collège (j’ai récupéré les balles dans mon club de tennis).
Dans un collège idéal, quels aménagements complémentaires effectueriez vous ?
La salle de sciences idéale serait pour moi une classe modulable, qui pourrait convenir à toute sorte d’enseignants ou de mode de fonctionnement. Ainsi, un projet d’un collège avait attiré mon attention puisqu’il utilisait des paillasses qui étaient sur roulettes. Cet agencement permet de configurer la classe selon le type de séance. On peut n’avoir que des îlots ou bien avoir deux grandes tables pour préparer des posters, placer les tables de manière à pouvoir faire des présentations. Je pense qu’il est important de ne pas figer une structure sachant que la durée de vie d’une salle de sciences est d’au moins quinze ans.
Aurélie Badard