Jean-Michel Blanquer s’est longuement invité au colloque organisé par le Mouvement contre la constante macabre (MCLCM), créé par André Antibi. Une présence qui n’est pas une surprise pour le Mouvement, car JM Blanquer participe à son colloque tous les ans. Mais qui pourrait l’être pour certains partisans du ministre. Jean-Michel Blanquer a notamment annoncé la création d’un conseil scientifique sur l’évaluation en lien avec une plus forte présence des évaluations internationales au ministère. Il a laissé entendre que « de grands principes nationaux » sur l’évaluation pourraient être énoncés.
Il faut « avancer sur deux pieds », « dépasser les clivages qui traversent le système scolaire ». Jean Michel Blanquer n’est pas allé jusqu’à mettre à son agenda officiel sa participation au colloque du Mouvement contre la constante macabre, le 13 novembre. Mais il l’a justifié en se hissant au dessus des querelles. Et il est resté longtemps, dissertant presque une heure et demi sur l’évaluation.
L’évaluation par contrat de confiance
Ce que défend A Antibi et le MCLCM c’est l’évaluation par contrat de confiance, un mot clé pour le ministre. La constante macabre, mise en évidence par André Antibi, se traduit par le fait que les enseignants semblent obligés, pour être crédibles, de mettre un certain pourcentage de mauvaises notes, même dans les classes de bon niveau. Le système de notation implique que certains élèves, souvent la moitié, aient « moins que la moyenne ». « On pense qu’une répartition de notes est un phénomène naturel, et donc qu’il est normal qu’elle donne lieu à une courbe de Gauss », explique A Antibi. Les résultats sont connus : sentiment d’injustice chez les élèves et aigreur des relations entre professeurs et élèves. Surtout, perte de confiance en soi des élèves, un phénomène qui affecte particulièrement les élèves français selon les enquêtes internationales.
Pour y remédier, André Antibi a imaginé l’évaluation par contrat de confiance (EPCC). Celle-ci repose sur un programme de révision explicite. Une semaine avant le contrôle les élèves disposent d’un programme de révision précis et un ou deux jours avant le contrôle un jeu de questions – réponses permet de déceler les difficultés. L’EPCC s’appuie donc sur des usages scolaires installés en travaillant de façon plus rigoureuse la préparation à l’évaluation.
Pour le MCLCM, le soutien fidèle de JM BLanquer est un appui important, même si André Antibi salue l’action de B Hamon et N Vallaud Belkacem en matière d’évaluation. Il voit de la continuité dans la présence de JM Blanquer et attend du ministère de l’aide pour diffuser ses idées.
Blanquer pour l’évaluation bienveillante
JM Blanquer explique au long de son discours que ses décisions sont liées à la volonté d’instaurer la confiance , comme les devoirs faits ou le dédoublement en CP. Il va aussi défendre une conception de l’évaluation qui surprendrait certains de ses partisans.
Pour lui, l’évaluation « doit être un levier de progrès ». Elle « doit dire quelque chose et être bienveillante ». Elle est bonne « si elle renforce l’estime de soi de l’élève ».
Le ministre défend les auto tests « favorables à l’acquisition des connaissances » selon les sciences cognitives. « Si on s’auto test on crante des connaissances », explique-t-il. « Ceci peut avoir des conséquences pédagogiques considérables si on divise l’année en autant de crans ».
De grands principes nationaux et un conseil scientifique sur l’évaluation
Interrogé sur sa politique en matière d’évaluation, le ministre a annoncé l’installation d’un Conseil scientifique autour des enjeux de l’évaluation. « Il n’est pas improbable d’avoir de grands principes nationaux sur l’évaluation », ajoute-il. Mais le ministre ajoute aussitôt que le changement de pratiques ne se fait pas par circulaire et qu’il faut laisser de grands marges de manoeuvre au terrain. Pour autant, « la comparaison internationale doit être présente au ministère », précise-t-il. Et il rappelle que l’Unesco ou l’Ocde sont installés à paris.
Le ministre a aussi défendu l’interdisciplinarité. « L’école de la confiance est l’école du décloisonnement », répond-il quand on l’interroge sur l’avenir des filières du bac. « C’est l’école du lien, de l’équipe pédagogique ». Des propos « pédagogistes » ?
François Jarraud