Plus que toute autre compétence professionnelle, gérer la classe semble au cœur du métier enseignant. C’est ce que rappelle une nouvelle étude de l’OCDE. Si cette compétence semble assez bien dominée par les enseignants des 5 pays concernés, elle reste un problème majeur pour l’Ecole française. Or ce que montre l’étude OCDE, c’est qu’elle est la clé du développement professionnel et du sentiment de bien être des enseignants.
Que sait-on de la gestion de classe ?
Fut un temps pas si lointain, juste avant 2012, où l’Education nationale prétendait apprendre à gérer la classe avec un DVD et quelques trucs et astuces. Un souvenir qu’il faut rappeler pour expliquer, même si ce n’est pas le seul paramètre, que l’école française est une des moins disciplinées de l’OCDE. Pisa 2009 classait déjà la France parmi les pays de tête où les cours étaient les plus perturbés. 20% des élèves se plaignaient du temps perdu en classe du fait de ces perturbations et la moitié signalaient du bruit en classe. On retrouve ce même classement dans Pisa 2012 où la France est, avec le Portugal, le champion européen du temps perdu en classe pour gérer les perturbations soit environ 16% du temps scolaire.
Autre particularité française, il y a un fort écart entre les établissements favorisés et les défavorisés. Comme D Meuret le signalait dans une récente étude réalisée pour la Fcpe, l’écart de discipline entre ces établissements est un des plus élevés des pays de l’OCDE. Il représente le double de la moyenne OCDE. Cette situation n’a rien de surprenant. Les établissements défavorisés sont aussi ceux où on trouve les enseignants les moins expérimentés et le plus de non titulaires n’ayant reçu aucune ou très peu de formation.
Si globalement les enseignants sont fortement demandeurs de formation dans le domaine de la gestion de la classe c’est particulièrement vrai en France où les enseignants s’estiment bien formés dans leur matière.
Une étude sur le management de classe
Il faut rappeler cela pour situer l’importance de l’étude Innovative Teaching for Effective Learning (ITEL) que vient de présenter l’OCDE. Cette étude ne concerne pas directement la France puisqu’elle a interrogé des enseignants et de futurs enseignants de 5 autres pays : Grèce, Estonie, Hongrie, Israël et Slovaquie. Mais ses enseignements éclairent la situation française.
Ce que montre l’étude c’est d’abord que dans ces 5 pays la gestion de la classe est une compétence jugée acquise par davantage d’enseignants en poste que les connaissances sur les méthodes d’apprentissage.
Surtout l’étude montre que « plus les enseignants apprennent au sujet de la gestion de classe, plus ils se sentent confiants dans leur enseignement ». Cet apprentissage a un impact positif et important sur le sentiment d’efficacité. L’OCDE parle d’un « ingrédient crucial » pour les enseignants.
Autre enseignement, plus les enseignants se sentent capables de gérer leur classe, moins ils déclarent de bruit dans leur classe et plus ils sont à même de faire évoluer leurs pratiques enseignantes.
L’étude a son point faible. C’ets de penser que la question de la discipline ne relève que de la formation des enseignants. Celle-ci est importante. Mais on a vu qu’en France la gestion du système contribue pour beaucoup à l’indiscipline. Les efforts importants de formation faits dans les établissements défavorisés sont d’ailleurs en grande partie annihilés par un turn over important. Les enseignants une fois formés voguent vers des cieux plus sereins.
François Jarraud