Comment le numérique peut-il faciliter l’écriture en classe ? Le site « Un livre à part » est un nouvel outil proposé en ce sens par Arnaud Bourget. Point de départ : l’enseignant.e publie sur le site le 1er chapitre d’une histoire. Les élèves sont invités à en rédiger des suites, et des interactions sont alors possibles pour un travail d’amélioration. Quand toutes les suites sont rédigées, les élèves votent anonymement pour celle qu’ils considèrent la plus réussie et qui devient le point de départ d’un nouveau cycle d’écriture. « De ce travail collaboratif sortira une œuvre unique, disponible en téléchargement et en livre. D’où le nom du site. » Eclairages par le concepteur d’un dispositif particulièrement séduisant…
Qui est derrière le projet « Un livre à part » ?
Derrière le projet « Un Livre à Part » il y a moi, Arnaud, trentenaire amoureux des mots et souhaitant créer quelque chose de bon. Je n’ai absolument aucun lien avec l’éducation. Le développement du site se fait sur mon temps libre uniquement. Je précise qu’ « Un Livre à Part » n’est affilié avec aucune personne ou entreprise.
Comment est né ce projet ?
Ce projet est né de l’idée d’aider les professeurs à transmettre le goût des mots aux élèves. Sachant développer, je sais que le numérique peut être une aide formidable.
Pourquoi ce nom « Un livre à part » ?
Il fallait absolument trouver un nom qui reflète la promesse faite aux professeurs comme aux élèves. La promesse d’un récit unique car composé à plusieurs mains.
Concrètement, comment les enseignant.es et leurs élèves peuvent-ils participer au dispositif proposé ?
Les enseignants peuvent librement s’inscrire moyennant une adresse email et un mot de passe. Ils ont la possibilité de créer autant de classes et d’histoires par classe qu’ils le souhaitent. Chaque création de classe génère autant d’identifiants que d’élèves.
Le professeur écrit un début d’histoire pour que chaque élève puisse en rédiger la suite. Toutes les suites sont visibles pour le professeur. Il peut signaler les erreurs directement sur les textes, afin que les élèves corrigent d’eux-mêmes. Quand toutes les suites sont validées, les élèves votent pour la suite qui s’impose comme étant la plus judicieuse.
Le processus se reproduit ensuite à partir du texte lauréat de cette première série de textes.
Pouvez-vous donner des exemples de récits déjà lancés ou menés à bien selon ce dispositif ?
Cet été, j’ai convié des professeurs à venir participer à une histoire. C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai joué le rôle du professeur et ce plaisir a été partagé par mes « élèves » qui se sont pris au jeu. Une deuxième histoire est en cours, la classe virtuelle s’agrandit.
Depuis l’ouverture officielle juste avant la rentrée scolaire, j’ai eu des échos d’utilisations dans les académies de Nice et de Caen notamment, aussi bien au collège qu’au lycée. Des retours enthousiastes mêlés d’idées d’améliorations à apporter.
Quels vous semblent les bénéfices d’un tel dispositif d’écriture pour les élèves ?
Le premier bénéfice pour les élèves, c’est de participer à un projet commun fort et stimulant. Le second bénéfice, c’est de créer du lien entre eux, puisqu’en lisant les textes de leurs camarades au moment de voter, ils et elles auront le plaisir de découvrir les imaginaires qui composent la classe, sans pour autant savoir qui a rédigé quoi.
Quand je repense à mes années au collège, je trouvai tellement dommage que les rédactions de mes camarades ne soient lues que par le professeur. Avec « Un Livre à Part », toutes les productions pourront être lues par toute la classe.
Quels vous semblent les bénéfices d’un tel dispositif de travail pour les enseignant.es ?
Le gain de temps, en termes d’organisation, est indéniable. Le site a été pensé en ce sens. En comparaison avec un travail papier ou même avec un éditeur de texte classique, tout a été fait pour simplifier la tâche du professeur, comme la correction par exemple.
Ce temps libéré permettra au professeur de se focaliser sur les points qui lui sembleront importants. Il est aussi possible de pratiquer une différenciation en donnant une consigne globale à la classe et quelques défis aux élèves se sentant plus à l’aise avec les mots.
Les possibilités sont infinies, : consignes d’écritures, histoires en sous-groupes… Le site laisse toute sa place aux pédagogies.
Quel bilan tirez-vous après ces quelques semaines de fonctionnement ?
« Un Livre à Part » a été quasiment une année en test avec un cercle restreint d’utilisateurs. Le mois qui vient de s’écouler après l’ouverture m’a apporté des moments de partage avec les professeurs plus fort encore que l’année précédente.
J’ai une feuille de route d’améliorations et de nouvelles fonctionnalités à apporter pour l’année à venir. Ce n’est que le début d’une histoire.
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut