Peut-on lancer un projet eTwinning avec des élèves de lycée professionnel ? Leur maitrise limitée d’une langue étrangère ne risque-t-elle pas de constituer un obstacle majeur à la qualité des échanges ? Sandrine Palau-Windstein, professeure d’anglais-lettres au lycée professionnel Marie Marvingt de Tomblaine en Meurthe et Moselle, démontre au contraire combien un tel pari peut-être gagnant. Sur leur sujet de prédilection, ses terminales Métiers de la Mode et du Vêtement ont réalisé en anglais recherches et créations communes avec des Italiens d’une filière équivalente. Le profit n’est pas que linguistique : « Ils ont appris à se partager le travail, à s’entraider, à dialoguer et à prendre en compte les points de vue de leurs camarades. Ils ont particulièrement apprécié le travail en équipe, car cela changeait des cours traditionnels. Tous, même les plus faibles, se sont investis et ont participé. » Lauréat du concours national 2017, le projet « Let’s express how we view each other through fashion and design ! » a participé à la conférence annuelle eTwinning à Malte.
Dans quel contexte avez-vous mené ce projet ?
En 2016/2017 j’ai mené un projet Etwinning avec mes élèves de terminales Métiers de la Mode et du Vêtement. Mon objectif était d’aborder l’EGLS (Enseignement Général Lié à la Spécialité) de manière différente. Pari gagné ! Grâce à ce projet les élèves ont pu développer et améliorer leurs capacités à communiquer en anglais ainsi que leurs connaissances et compétences en anglais technique… et beaucoup plus !
Comment le partenariat s’est-il noué ?
J’avais une idée de projet que j’ai déposé sur la plateforme eTwinning live. J’ai rapidement été contactée par Patrizia Dinoi, qui enseigne à des élèves de Métiers de la Mode à Lecce en Italie.
Quelles ont été les premières activités menées pour mettre en relation les élèves ?
Le projet a démarré avec des activités brise-glace. Les élèves ont réalisé des Padlets sur leurs loisirs et passions. Chacun pouvait ajouter des informations. Ils ont ensuite présenté leur établissement et leur ville ou région à travers des vidéos réalisées par eux-mêmes, des livres interactifs, des Padlets et des quiz.
Le projet porte sur la mode : en quoi a consisté le travail ?
Pour lancer les activités sur les designers de mode, les élèves ont visionné des vidéos sur la mode puis ont donné leur avis sur un Tricider et ont réagi aux opinions de leurs camarades. Plusieurs élèves ont également dessiné un logo pour le projet. Les logos ont été téléchargés sur un Tricider et les élèves ont voté pour leur logo préféré qui a été choisi pour représenter notre projet.
Des équipes composées d’élèves français et italiens ont ensuite été formées par les professeurs. Durant un meeting vidéo réalisé sur Skype, les élèves ont par équipe tiré au sort le nom du designer sur lequel ils devaient travailler. Une page spéciale dans le Twinspace a été attribuée à chaque équipe. Sur chaque page se trouvaient des consignes de travail précises et une date limite pour rendre le projet ainsi qu’un Google Document pour travailler en équipe et un Google Presentation pour réaliser un Powerpoint commun. Du temps a été laissé aux élèves afin de travailler en autonomie.
Enfin, pour clore le projet, les élèves français et italiens ont réalisé en groupe un dessin de modèle en s’inspirant du designer sur lequel ils avaient travaillé et ont présenté leur modèle durant un meeting vidéo.
Quelles ont été les interactions directes entre les élèves des différents? Comment les élèves ont-ils vécu ces échanges ?
Une évaluation a eu lieu sous forme d’un Google Form. Il en ressort que les élèves ont beaucoup apprécié le projet. La clé du succès de ce projet a été la communication. Patrizia Dinoi et moi même avons communiqué étroitement et ce depuis le début du projet soit par mail ou sur la salle des profs du Twinspace. Nous nous sommes partagé équitablement les tâches et avons été attentives aux souhaits de l’autre. Les élèves ont communiqué également depuis le début. Ils ont échangé sur leurs profils et très rapidement sur les réseaux sociaux.
Au final, quels vous semblent les profits et les plaisirs que les élèves ont tirés de ce travail ?
Les élèves ont appris à travailler en équipe avec leurs partenaires italiens et leurs camarades de classe dans le but d’effectuer des recherches, de produire les Powerpoint, les Padlet, les vidéos et le livre interactif et surtout le dessin final du designer. Ils ont appris à se partager le travail, à s’entraider, à dialoguer et à prendre en compte les points de vue de leurs camarades. Ils ont particulièrement apprécié le travail en équipe, car cela changeait des cours traditionnels. Tous, même les plus faibles, se sont investis et ont participé. Ils ont fait preuve d’autonomie et de créativité lors des diverses productions, des recherches et de l’utilisation des outils TICE.
Par exemple, ils ont entièrement pris en main la réalisation de la vidéo de présentation de l’établissement. L’idée, le scénario, le montage… tout a été réalisé par les élèves, et en dehors des heures de cours ! Je ne suis intervenue à aucun moment. Si je les ai un peu plus guidés dans la réalisation des autres tâches, ils ont tout de même fait preuve de beaucoup d’autonomie et d’implication.
Enfin, ce projet a également permis un travail pluridisciplinaire. Les élèves ont travaillé avec le collègue d’arts appliqués pour la réalisation et la mise en forme du livre interactif.
Pour conclure, ce projet a été une très belle expérience pour les élèves et pour nous professeurs. L’échange a été très fructueux et enrichissant. Il manquait toutefois la dimension physique à ce projet : en France et en Italie, les élèves n’ont pas cessé de nous solliciter afin d’organiser une rencontre « live ».
Envisagez-vous des prolongements ou de nouveaux projets ?
Patrizia et moi allons nous lancer dans un nouveau projet eTwinning cette année et nous envisageons d’élargir vers une mobilité physique.
Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut