L’uchronie c’est une histoire refaite logiquement telle qu’elle aurait pu être. La démarche n’est pas évidente pour l’historien et encore moins pour le professeur d’histoire-géographie qui a déjà tant de mal à enseigner la véracité historique. C’est pourtant le détour qu’a pris Gwendoline Juilleron, professeure au lycée Charles de Gaulle de Dijon. Ses élèves de section européenne ont imaginé un manuel scolaire d’histoire réécrit selon leur fantaisie. Une aventure collective qui a nécessité une bonne maitrise de la réalité historique pour construire une uchronie cohérente.
L’uchronie est déjà présente dans le quotidien des adolescents à travers plusieurs séries. C’est aussi une démarche appréciée par des historiens, beaucoup dans le monde anglo saxon et un peu en France. Rédiger une uchronie est aussi une façon de tester sa connaissance d’une période et d’interroger les choix faits à un moment donné.
« On ne peut faire une bonne uchronie que si on maitrise bien la vraie histoire »,nous a dit G Juilleron. Cette jeune enseignante a fait le pari de l’uchronie en utilisant des heures de section européenne (2 heures hebdomadaires). L’uchronie et le cours d’histoire ont donc été nettement séparés dans l’emploi du temps des élèves. Enfin les travaux des élèves ont été rendus en anglais , lalangue marquant aussi la séparation.
L’uchronie a d’abord été une aventure collective. La trentaine d’élèves a lancé l’idée du manuel scolaire. Ils ont du pour cela s’organiser en ateliers tournant d’un chapitre à l’autre. Pour chaque chapitre un coordonnateur veille à la cohérence entre les aspects économiques, politiques, culturelles des chapitres. La cohérence est interne à chaque chapitre. Les élèves n’ont pas assuré de cohérence entre les chapitres.
« Chaque chapitre a été précédé d’une explication des thématiques de façon classique avec travail de recherche », souligne G Juilleron. « En histoire on pose souvent la question des enchainements, du pourquoi. L’uchronie est une bonne façon de travailler dans cette logique ».
Qu’ont appris les élèves ? « A travailler ensemble et à justifier leur point de vue », explique G Juilleron. « Ils ont participé à un projet qui s’est matérialisé et ont du approfondir leurs connaissances ». Quand à elle, elle a appris « qu’on peut faire faire beaucoup de choses aux élèves quand c’est créatif ». Le projet vient d’être récompensé par l’académie de Dijon.
F Jarraud