« Pour rompre l’isolement il faut faire œuvre commune. C’est aussi une façon d’entretenir le dialogue dans la discipline ». Professeure de SES, Laure Le Gurun a imaginé et rédigé, avec 7 autres collègues du Groupe de secteur du Morbihan, un « Mémento des SES » qui fait un tabac sur les réseaux professionnels. Pourtant les professeurs n’ont pas vraiment besoin d’un résumé du programme ? Alors à qui est-il destiné ce Mémento ? Aux élèves ? Aux enseignants ? Qui aide qui en rédigeant ce Mémento ?
L’essentiel du programme en 40 pages
Imaginez tout le programme de terminale ES en 40 pages très aérées. C’est ce que propose ce mémento réalisé par le « groupe de secteur du Morbihan » auquel appartient Laure Le Gurun.
Le mémento reprend les chapitres du programme. Pour chacun il flèche les nouvelles notions à acquérir, l’essentiel du chapitre en une vingtaine de mini phrases. Il pointe les mécanismes et les savoir faire attendus.
Ainsi sur les sources de la croissance, tout tient en une page très aérée où sont rappelées les notions (PIB, IDH, facteur capital etc.) , l’essentiel du cours : l’intérêt et les limites du PIB avec un argumentaire intérêts / limites ; le savoir faire (comparaisons internationales) et des mécanismes comme les facteurs de production. La présentation aérée facilite la mémorisation et l’élève a en une page sous ses yeux tout un cours.
Un travail collectif
Le mémento a été rédigé par le « groupe de secteur du Morbihan ». L’existence de ce groupe est déjà une particularité. Il réunit 8 mercredis après midi par an de 7 à 15 enseignants de SES du département. Ce sont des volontaires car si le groupe est reconnu académiquement, il ne bénéficie ni d’heures ni même du remboursement des frais de transport. « On y est attaché car on a compris que ça rompt l’isolement alors que les professeurs de SES son toujours très minoritaires dans les établissements », dit Laure Le Gurun.
Un mémento pour les profs autant que les élèves
Pour qui est ce mémento ? Pour Laure Le Gurun c’est un outil pour les élèves. « Il permet de réfléchir sur un enseignement plus explicite et donc plus accessible aux élèves très hétérogènes en ES. Il permet aussi de rassurer els élèves sur le fait que notre matière ne consiste pas à apprendre sans fin ».
Mais c’est aussi un outil pour les professeurs. Le mémento permet de rompre l’isolement des enseignants mais aussi de sortir de la routine et d’harmoniser les pratiques. En fait il porte une révolution pédagogique : celle de l’enseignement par compétences.
Travailler par compétences
« On a ressenti une forme d’épuisement à répéter des consignes, à corriger les mêmes erreurs », dit Laure Le Gurun. « On s’est autoformés au travail par compétences et on a vu que cela enrichissait nos pratiques. Cela convenait aussi à l’arrivée de l’enseignement d’exploration en seconde, une option sans note ».
Laure Le Gurun insiste aussi sur la volonté d’harmoniser qui peut sembler curieuse dans un département divisé entre public et privé. « La recherche d’harmonisation c’est aussi entretenir le dialogue dans la discipline. Il y va de la crédibilité de notre enseignement par rapport aux élèves et aux parents ».
Retour au tâtonnement pédagogique
Comment un professeur peut-il utiliser ce mémento ? « Ca peut être un outil qui lui facilite la vie pour commencer à penser différemment la structuration d’une séquence et réfléchir à la granularité de son cours », explique Laure Le Gurun. « Mais il peut aussi l’utiliser pour vérifier qu’il a fait le tour des points au programme ».
De l’expérience collective de rédaction du mémento, Laure Le Gurun a gardé le souvenir d’avoir à nouveau lu de la pédagogie, d’avoir beaucoup échangé et débattu avec les membres du groupe. « Ca nous a apporté une bouffée d’air. Les professeurs sont des chercheurs ».
François Jarraud