L’OCDE ne voit pas d’un bon oeil les réformes du nouveau ministre de l’éducation nationale. L’organisation internationale l’a fait savoir le 12 septembre en présentant la nouvelle édition de Regards sur l’éducation. Même le dédoublement des CP est accueilli avec scepticisme. Pour l’OCDE cette mesure est contre balancée par le retour de la semaine de 4 jours.
Des objectifs inatteignables ?
« On n’est pas très ravi du retour de la semaine de 4 jours ». En présentant la nouvelle édition de Regards sur l’éducation, le 12 septembre, Corinne Heckmann, coordinatrice de Regards sur l’Education, n’a pas caché ses réserves sur les réformes Blanquer.
C Heckmann a commencé par comparer les « 100% de réussite » au CP promis par JM Blanquer à la réalité des résultats des élèves français dans Pirls et Timms, deux évaluations internationales réalisées par l’OCDE. Dans Pirls la France est en dessous de la moyenne européenne en lecture et dans Timms elle est carrément en bas de classement en maths. Autrement dit on est très loin de l’objectif politique, d’ailleurs assez vague, fixé par JM Blanquer.
Un dédoublement annulé par la réforme des rythmes
On aura d’autant plus de mal à l’atteindre que les réformes Blanquer ne vont pas dans le bon sens selon l’OCDE. Certes C Heckmann salue « tous les efforts faits par le gouvernement précédent et celui-ci pour le primaire qui vont dans le bon sens », mais dans le détail les critiques l’emportent.
Ainsi le dédoublement des classes de CP est accueilli avec scepticisme. » Diviser la taille des classes par deux est très positif mais il faut poser la question de la formation des enseignants… Il y a un gain quand la pédagogie est adaptée. Si l’enseignement ne change pas ça ne change pas », explique C Heckmann.
Surtout l’effet positif du dédoublement va entrer en conflit avec le négatif de la réforme des rythmes. « La taille des classes va baisser mais le nombre de jours de classe va baisser aussi alors que le nombre d’heures de cours reste le même… On peut se poser la question de comment adapter la pédagogie pour les élèves en difficulté avec des journées si concentrées ». La France a beaucoup plus d’heures de cours que la moyenne OCDE (200 h de plus) mais aussi le moins de jours de classe. Pour l’OCDE la 5ème matinée de classe « permet un apprentissage de meilleure qualité ».
L’OCDE se déclare favorable aux maitres surnuméraires. « L’initiative allait dans le bon sens » notamment en mettant plus de collaboration entre les enseignants.
Rétablissement inutile des bilangues
Ce n’est pas mieux au collège où l’OCDE critique le rétablissement des classes bilangues et de classes de latin grec. « Ces classes renforcent l’élite des élèves français », dit C Heckmann qui souligne que ça continue au lycée avec 37% de dépenses en plus de la moyenne OCDE du fait des options. « Ce n’est pas une priorité de rétablir les clases bilangues et de latin. Il faut travailler sur l’accompagnement des jeunes et aider les élèves en difficulté ».
La position de l’OCDE est moins négative sur la réforme de l’accès au supérieur. « On savait à l’avance qu’il y avait plus de naissances et de demande d’accéder au supérieur. Il y a eu un manque d’anticipation », dit C Heckmann. « Il faut une réflexion sur les compétences à l’entrée en université. Si l’élève n’est pas autonome par exemple il ne peut pas aller en université ».
Revaloriser les enseignants
Reste la question des enseignants. « On dit que les enseignants travaillent moins que les autres mais si on regarde vraiment ils ont un salaire plus bas que les autres mais travaillent davantage au niveau du primaire », dit C Heckmann. L’OCDE souhaite des efforts pour améliorer le recrutement notamment au niveau salarial. « Il faut trouver les moyens de revaloriser les enseignants ». Mais là aussi les premières mesures gouvernementales ne vont pas dans le bon sens.
François Jarraud