Limiter l’accès au supérieur comme l’envisage le gouvernement n’est certainement pas une bonne idée soufflent les données de Regards sur l’éducation, publiées par l’OCDE le 12 septembre. En effet la France compte relativement peu de diplômés du supérieur long par rapport à ses voisins. Surtout avoir un diplôme du supérieur est particulièrement payant en France , même avec un diplôme de type BTS. Une dimension supplémentaire à inscrire au désarroi à venir dans les classes populaires…
Le pays manque de doctorants
S’il est un pays où il faut bon être diplômé du supérieur c’est bien la France. Les statistiques de Regards sur l’éducation montrent que les diplômés du supérieur gagnent sur bien des tableaux. Mais l’avantage est aussi pour l’Etat et la société dans son ensemble.
Notons d’abord que la France compte relativement peu de diplômés du supérieur. Parmi les actifs 35% de la population française a un diplôme du supérieur ce qui est dans la moyenne OCDE. On est un peu au dessus chez les 25-34 ans (44 contre 43%). Par contre on compte davantage de diplômes courts que nos voisins et moins de diplômes longs, les seuls qui comptent dans de nombreux pays.
Un net gain salarial dès le BTS
Il y a pourtant un intérêt à être diplômé. L’écart salarial entre les diplômés du supérieur et les salariés diplômés seulement du bac est particulièrement élevé en France. Et cela même si on prend en compte l’investissement qu’impliquent les études. Pour l’OCDE , le « rendement financier » des études supérieures est élevé en France.
Si l’on s’en tient au bénéfice privé, l’OCDE a pu calculer que le salaire moyen d’un titulaire d’un BTS est supérieur de 31% à celui d’un détenteur du bac. Pour un titulaire d’un doctorat ou d’un master l’écart est de 105%. On est au dessus des moyennes OCDE (22 et 98%). C’st particulièrement net pour les diplôme courts comme le BTS.
Au total le bénéfice privé est estimé à 305 900 $ (en PPA) pour un français et seulement 152 600 $ pour une française. Pour les hommes on est nettement au dessus de l’OCDE (252 100$) et pour les femmes un peu en dessous (167 400). L’écart entre les sexes est très fort. Il en dit long sur les mentalités et l’organisation du marché du travail.
Un gain pour la société dans son ensemble
Mais la diplomation est aussi un investissement public rentable même si les étudiants coutent à la collectivité. En France on estime le bénéfice moyen à 158 100 pour un homme soit un peu plus que la moyenne OCDE. En additionnant les deux on obtient un généreux bénéfice !
Une autre dimension du gain collectif de l’accès au supérieur c’est le mieux être des diplômés. Par exemple l’OCDE montre que les diplômés du supérieur sont nettement moins dépressifs en France que dans les autres pays et que par rapport au non diplômés.
Enfin l’accès à l’emploi des diplômés du supérieur est nettement privilégié en France par rapport aux non diplômés.
Qu’en est il ailleurs ?
Contrairement à ce qu’on laisse croire la sélection n’est pas la règle dans les pays de l’OCDE pour accéder à l’enseignement supérieur. « Dans plus de la moitié des pays et économies dont les données sont disponibles, l’admission est libre (tous les candidats réunissant les conditions minimales requises sont admis) dans au moins certains des établissements publics ou privés. Des critères de sélection peuvent toutefois s’appliquer à l’accès dans des établissements ou domaines d’études spécifiques dans ces pays. Les examens centraux ou nationaux organisés vers la fin du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et les examens d’entrée organisés par les établissements d’enseignement tertiaire sont les épreuves les plus largement utilisées pour sélectionner les candidats admissibles dans les premiers cursus de l’enseignement tertiaire », explique l’OCDE.
D’une façon générale « le taux de scolarisation de l’enseignement tertiaire augmente dans les pays de l’OCDE », à rebours de ce que prépare le gouvernement français. Tut simplement parce que « la progression de l’effectif diplômé du niveau d’enseignement minimal requis à l’admission dans l’enseignement tertiaire entraîne l’accroissement de la demande potentielle de cursus tertiaires », note l’OCDE, une réalité que l’on refuse à Paris. « En raison de l’accroissement de la demande de formations tertiaires, les établissements et les responsables politiques ont de nouveaux défis à relever pour que la capacité d’accueil soit suffisante », ajoute l’OCDE.
Autant d’arguments qui pourraient bien avoir à se faire entendre rapidement face aux barbelés des pré-requis que le gouvernement est en train de monter. Sans évoquer l’humanité, aurait-il une vue gestionnaire si courte ?
François Jarraud