La rentrée ministérielle
Blanquer va-t-il changer la gouvernance de l’éducation nationale ?
Et si on prenait les propos de JM Blanquer au sérieux ? Dans le Nouvel Observateur, en annonçant le recrutement des enseignants par les chefs d’établissement, le ministre de l’éducation nationale ouvre un nouveau chantier, celui de la gouvernance du système éducatif. Alors prenons le au sérieux. Quelles sont les idées de JM Blanquer en ce domaine ? Comment peut-il les pousser ? Bref à quoi faut-il s’attendre ?
Blanquer engage les réformes de gouvernance
Réorganisation des académies, renforcement du pouvoir des chefs d’établissement, annualisation des services enseignants, refonte de leur évaluation et du mouvement… Dans une interview données à Acteurs publics, Jean-Michel Blanquer va un peu plus loin dans la réforme de la gouvernance de l’éducation nationale. Un grand pas qui n’est pas une surprise pour les lecteurs du Café pédagogique : nous l’avions annoncé le 25 août.
Blanquer : Une rentrée de rupture
Pragmatisme, recherche, syllabique. Jean-Michel Blanquer a présenté le 29 septembre les nouveautés de la rentrée 2017. Le ministre prend soin de justifier au nom du pragmatisme, de la science ou du bon sens, ses décisions. Il a longuement évoqué le primaire , notamment l’apprentissage de la lecture, un sujet où il s’est un peu enflammé. C’est que Jean-Michel entend bien impulser dès cette année une rupture.
Les nouvelles évaluations Blanquer ne convainquent pas les syndicats
« Inutiles », « de très mauvaise qualité, « utilité douteuse », « on ne voit pas à quoi ça sert ». Le Snuipp et le Se-Unsa sont pour une fois d’accord. Tous deux réagissent négativement aux nouvelles évaluations de CP et 6ème qui leur ont été présentées le 28 août. Voulues par JM Blanquer, elles sont perçues au mieux comme inutiles, au pire comme nuisibles. Les syndicats n’ont pas oublié les évaluations Blanquer de 2009 et cela aussi nourrit leur méfiance. Le Se -Unsa demande le report à 2018 de l’évaluation de CP.
Le vrai / faux milliard de Jean-Michel Blanquer
« L’éducation nationale est un priorité. N’en doutez pas ». Le 29 août, lors de sa conférence de presse de rentrée, Jean-Michel Blanquer a mentionné ses discussions sur l’éducation avec E Macron et la rallonge budgétaire qu’il aurait exceptionnellement obtenue pour 2018. Une situation à faire mourir d’envie ses collègues ministres tous obligés de se serrer la ceinture en 2018. Jean-Marie Blanquer annonce une hausse de 1.2 milliard. Une indication à la fois vraie et fausse. Ou comment le ministre de la confiance ne dit pas tout…
Handicap : Quand – 20 000 devient + 8000…
Comment transformer la suppression de 20 000 AVS en création de postes ? JM Blanquer et S Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, essaient ce tour de passe passe dans un communiqué commun du 26 août. » La scolarisation des élèves en situation de handicap à l’école et leur accompagnement constituent une priorité absolue. Le Président de la République s’est engagé à ce que chaque élève en situation de handicap puisse bénéficier d’un accompagnement… Pour cette rentrée 2017, ce sont donc 8 068 emplois supplémentaires qui sont créés par rapport à la rentrée 2016 afin de couvrir l’ensemble des besoins et mieux accompagner les élèves en situation de handicap ». Une information exacte mais qui « oublie » de mentionner la suppression de 20 000 postes d’AVS. Et qui oublie aussi de préciser que ces 8 000 emplois d’AESH ont été décidés dans le budget 2017 par le gouvernement précédent : 6 400 ETP de personnels en contrat aidé transformés en AESH et 1350 ETP nouveaux eux aussi crédités au budget…
Bac : Blanquer crache dans la soupe
Donné à tout le monde le bac ? Interrogé sur un « simulacre » d’examen dans Valeurs actuelles du 31 aoôt, JM Blanquer se lâche et donne le crédit ministériel à la pire légende du bac.
Le vrai faux retour de la Marseillaise à l’école…
» Tous les enfants de France doivent connaître la Marseillaise », a expliqué JM Blanquer sur LCI le 30 août. « Et c’est important qu’il y ait un niveau du système scolaire où on l’apprenne, par exemple le CM1 se prête bien à cela ». Le ministre affirme vouloir ne pas en faire un exercice quotidien ». Mais « il y a des moments, comme les fêtes nationales, où il est important que les enfants chantent l’hymne ». Le ministre va-t-il rétablir la Marseillaise dans nos écoles ? Probablement pas ! Car la Marseillaise est au programme dès le cycle 2 (CP CE1 CE2) même si on recommande de faire travailler sur le sens des paroles seulement au cycle 3, le fameux Cm1 de JM Blanquer, qui semble un peu fâché avec les cycles. Son étude se poursuit au cycle 4 (de la 5ème à la 3ème). Un service du ministère propose des fiches pédagogiques pour cette étude : la Dgesco…
Vacances de La Toussaint : Blanquer et Raymond la science
Lundi dernier, le ministre de l’Education nationale a déclaré tout de go sur BFM : « Si vous prenez le cas des vacances de la Toussaint, qui durent depuis quelques années deux semaines, personnellement, ça m’a toujours semblé un peu long. D’autant plus que j’ai constaté que c’était un facteur de décrochage pour certains élèves au cours du premier trimestre ». Il a « constaté » ! Quand, comment ? Mystère (d’autant qu’il n’a jamais été professeur autrement qu’à l’université). Jean-Michel Blanquer disait fonder ses décisions sur le pragmatisme et la science. Maintenant il la fait !
Post bac : Le gouvernement prépare bien la sélection
Le mouvement vient de loin..Le rapport Stranes en 2015, celui de Terra Nova en 2016, ont délégitimé le droit d’accès aux études supérieures, ce qu’achève de faire les très récents propos d’E. Macron dans Le Point. Surtout les premières informations recueillies sur les groupes de travail organisés dans le cadre de la consultation lancée le 31 août par la ministre de l’enseignement supérieur, montrent que l’on s’oriente bien vers une sélection à l’entrée en université. Les victimes sont déjà désignées les bacs professionnels en premier lieu, les bacs technologiques ensuite et même les « petits 10 » chez les bacheliers généraux. Alors que le nombre de jeunes qui veulent entrer dans le supérieur augmente, le gouvernement répond par la stabilité du nombre de places. La sélection est évidente.
La rentrée des syndicats
Le Snuipp avertit le ministre : » La confiance se construit »
Malgré la chaleur pesante, l’ambiance était fraîche le 28 août à Paris à la conférence de presse de rentrée du Snuippp, la première tenue sous l’ère Macron. Si le principal syndicat du primaire apprécie la mesure-phare du nouveau quinquennat en matière éducative – le dédoublement des classes de CP et de CE1 en éducation prioritaire -, il apprécie beaucoup moins qu’elle se fasse aux dépens d’autres dispositifs. Deux autres sujets de mécontentement sont venus se rajouter à la veille de la rentrée : les propos du ministre Jean-Michel Blanquer ravivant la polémique stérile sur les méthodes de lecture et les suppressions annoncées d’emplois aidés dans l’éducation.
Rentrée sous tension pour le Se-Unsa
« C’est une rentrée sous tension avant tout du fait de la politique menée par le ministre ». Habituellement modéré, le Se-Unsa a clairement critiqué l’action ministérielle le 30 août. Le second syndicat des enseignants souligne les « motifs d’agacement » des enseignants et prédit des tensions si le ministre développe du caporalisme ou ne respecte pas les engagements de l’Etat sur les carrières. Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa et Claire Krepper, secrétaire nationale, ont fait le point sur l’application des accords de revalorisation et pris position sur la réforme du bac.
Le Snes inquiet des projets gouvernementaux
« Ce qu’on retenu les professeurs de la rentrée gouvernementale, c’est l’avalanche de mesures sur les fonctionnaires ». Le 31 août Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu, le premier syndicat du secondaire, manifeste elle aussi ses « inquiétudes » en cette rentrée. Si les mesures Blanquer sur le collège ont pu en partie satisfaire le syndicat, le discours ministériel sur l’autonomie des établissements, les mesures budgétaires du gouvernement, la réforme de l’accès au post-bac sont autant de sujets d’inquiétude. Le Snes dénonce aussi l’aggravation des conditions de travail alors que les effectifs élèves explosent.
Professionnel : Le Snuep Fsu ne croit pas aux promesses Blanquer
« La voie professionnelle grande priorité du ministère » ? Pour Sigrid Gérardin, co secrétaire générale du Snuep Fsu, ces propos de JM Blanquer « ne doivent pas rester une formule vide ». Le Snuep doit se battre sur 3 fronts : pour le recrutement d’enseignants et l’application des accords PPCR, pour le devenir des bacheliers professionnels et aussi pour celui des établissements menacés par la suppression de la taxe d’apprentissage.
La FSU appelle à l’action début octobre
Alors que plusieurs organisations appellent à se mobiliser en septembre contre la politique sociale du gouvernement, la Fsu monte à son tour au créneau. La fédération propose aux organisations de fonctionnaires une journée d’action au mois d’octobre.
Recherche
Rentrée : Cinquante ans de progrès de l’école en 3 graphiques
L’Ecole n’a pas à avoir honte d’elle-même. Certes l’Ecole française a ses faiblesses et il y a bien des critiques à lui faire. Le Café pédagogique n’est pas le dernier à relever ce qui ne va pas. Mais l’Ecole a aussi ses réussites. En trois graphiques, en s’appuyant sur la revue Education & Formations, rendons les visibles. En cette période de rentrée, nous les partageons avec vous…
Inégalités : Une recherche pointe l’histoire et le poids des régulations administratives locales
« La décision des autorités administratives de réviser, ou non, la carte scolaire et de réguler, ou non, les demandes de dérogation a eu un impact indéniable sur les phénomènes locaux de concurrence scolaire, et donc sur le fonctionnement et l’évolution des collèges classés en ZEP. Et ce, dès les années 1990. La seule implantation géographique ou l’opposition centre?périphérie ne constituent pas les éléments explicatifs les plus pertinents pour comprendre les situations exposées ici ». Dans un article de la revue Sociologie (n°2 volume 8 2017), Lydie Heurdier (Escol Paris 8) pointe l’archéologie de l’éducation prioritaire.
Métier enseignant
Les concours réservés sont ouverts
Le Journal officiel du 26 août annonce l’ouverture d’une dizaine de concours réservés et d’examens professionnels pour le public et le privé. Le nombre de postes n’est pas indiqué mais les arrêtés publient les date d’inscription.
Décharges syndicales : Maintien du nombre de postes
En 2017-2018, 2500 équivalents temps pleins seront accordés aux syndicats pour leurs activités. Un nombre rigoureusement identique à celui de l’année dernière.
Psychologues : Modalités de stage et d’évaluation
Un arrêté publié le 31 août fixe les modalités de stage, d’évaluation et de titularisation des psychologues de l’éducation nationale , un nouveau corps crée cette année.
Polynésie : Professeurs des écoles
Deux arrêtés publiés au JO du 31 août ouvrent les concours d’intégration des instituteurs dans le corps des professeurs des écoles en Polynésie pour le public et le privé.
Le pont de l’Ascension rayé du calendrier 2018
Selon le calendrier scolaire 2017-2018, le pont de l’Ascension ne sera pas chômé cette année. « Le jeudi 10 mai sera bien férié, mais contrairement à 2016 et 2017, les écoliers, collégiens et lycéens ne bénéficieront pas d’un week-end de quatre jours », explique RTL. Le nombre de weeks ends prolongés est passé de 6 à 4.
Ouverture du concours des PE de Mayotte
Le Journal officiel annonce l’ouverture des concours externe et interne de professeurs des écoles de Mayotte. Il fixe la date des inscriptions.
Le plan national de formation recadré par Blanquer
Le plan national de formation servira les nouvelles priorités du ministre. La note de service publiée au BO du 24 août précise le recadrage des formations pour le primaire et le second degré. « . Il importe de mettre l’accent sur les fondamentaux de sorte que tout élève sache lire, écrire, compter, et respecter autrui, à son arrivée au collège. Une attention toute particulière doit être accordée à la mise en œuvre du dispositif « 100 % de réussite au CP » », note par exemple le texte. « Au collège, il importe de s’attacher à l’accompagnement des équipes en intégrant les aménagements de la réforme du collège actés par l’arrêté du 18 juin 2017 et en redonnant toute sa place à l’autonomie des établissements pour encourager les organisations les plus adaptées à la réussite des élèves. Dès la rentrée, un engagement fort est nécessaire pour la formation des personnes impliquées dans le dispositif « Devoirs faits », en particulier pour les recrues du service civique et les assistants d’éducation ».
Enseigner ailleurs ?
De l’air ? Le BO du 24 août publie une note sur le recrutement et le détachement dans les établissements français à l’étrager. Les textes précisent les conditions à remplir et les démarches à faire.
Ouverture des concours des inspecteurs
Le Journal officiel du 1er septembre annonce l’ouverture des concours d’IEN et d’IPR. Le calendrier d’inscription est indiqué.
Numérique
Bruno Devauchelle : Blanquer et les certitudes à l’ère du numérique
L’été a été une période propice pour que de divers canaux on nous fasse des propositions pour vérifier les informations. Cela avait été fortement médiatisé avec cette initiative du journal le Monde qui par l’intermédiaire de ses décodeurs proposait un outil (Decodex) pour cela. Une rapide recherche sur Internet montre bien qu’il y a de nombreuses initiatives dans le domaine, allant de la tentative d’élimination automatique des fake news par les sociétés de réseaux sociaux aux cours sur l’esprit critique en ligne sous forme de sites ou de vidéos. On peut donc a priori considérer qu’il y a tout ce qu’il faut en ligne pour savoir comment faire et depuis finalement assez longtemps. Mais la quantité d’approches, de conseils, d’outils ou de méthodes doit interroger l’éducateur qui veut se lancer dans une démarche pour favoriser le développement de l’esprit critique. S’il y avait une solution… on ne se questionnerait pas autant sur ce sujet.
Bruno Devauchelle : Numérique scolaire : Que savent les parents ?
Les familles, les parents, les responsables adultes sont tous de plus en plus concernés par l’informatisation de l’école. On leur propose d’accéder au site de l’établissement, à une partie de l’environnement numérique de travail (ENT), de consulter les notes, de consulter le cahier de texte, d’interroger les enseignants etc. On l’a souvent entendu dans les salles des professeurs : « vont-ils mettre leur nez partout ? », « vont-ils surveiller notre travail ? », « vont-ils vérifier ce que font leurs enfants ? » On leur impose progressivement l’usage de l’informatique pour de plus en plus de services : inscription, orientation etc. et évidemment suivi de leurs enfants.
Qu’est ce qu’un enseignant peut apprendre de Ludovia 14è édition ?
Les évènements organisés autour du numérique en éducation ont-ils un impact sur les pratiques effectives en classe et plus généralement sont-ils porteurs de dynamiques et de réflexion pour l’introduction des moyens numériques en éducation ? A entendre leurs organisateurs la réponse est oui, au moins dans l’intention. Mais dans le quotidien des établissements ces évènements sont très éloignés de la très grande majorité des enseignants. Alors quelles idées exprimées à Ludovia peuvent être utiles aux enseignants ?
CLICx 2017 : Inversons la classe veut changer les pratiques enseignantes
Que représente aujourd’hui l’association Inversons la classe ? Christophe Le Guelvouit, enseignant de mathématiques au collège Jules Verne de Bourges (18) et trésorier de l’association explique les modalités du CLICx et les enjeux de la nouvelle plateforme CLIP développée avec l’école 42. « Vecteur de socialisation professionnelle enseignante », la dynamique association Inversons la classe développe une « action systémique » au sein de l’Education nationale. Le futur « YouTube de l’éducation » français est déjà en phase de test et Christophe Le Guelvouit annonce plus d’1 million d’élèves touchés par la pratique des inverseurs à la rentrée 2017. « J’essaye de lutter à mon échelle contre les inégalités sociales » explique-t-il au Café pédagogique.