Lundi dernier, le ministre de l’Education nationale a déclaré tout de go sur BFM : « Si vous prenez le cas des vacances de la Toussaint, qui durent depuis quelques années deux semaines, personnellement, ça m’a toujours semblé un peu long. D’autant plus que j’ai constaté que c’était un facteur de décrochage pour certains élèves au cours du premier trimestre ». Il a « constaté » ! Quand, comment ? Mystère (d’autant qu’il n’a jamais été professeur autrement qu’à l’université). Jean-Michel Blanquer disait fonder ses décisions sur le pragmatisme et la science. Maintenant il la fait !
Il faut savoir que les spécialistes de l’étude des rythmes biologiques et psychologiques sont formels : « Pour que les écoliers profitent pleinement de leurs vacances, deux semaines sont nécessaires [ … ]. Les deux semaines sont encore plus bénéfiques lorsqu’elles se trouvent dans les périodes de l’année reconnues comme difficiles à vivre : fin octobre-début novembre et fin février–début mars » (« L’enfant et ses rythmes », François Testu et Roger Fontaine, Calmann-Lévy, 2001, p 108 ). Et il est recommandé (hors grandes vacances scolaires) une alternance de sept semaines de travail scolaire et de deux semaines de vacances
Ces travaux connus de longue date amènent le ministre de l’Education Jean-Pierre Chevènement (après une concertation où il reçoit notamment l’assentiment de toutes les fédérations nationales de parents d’élèves, de toutes les associations familiales ou complémentaires de l’école, ainsi que de la grande majorité des syndicats d’enseignants) à prendre le 20 janvier 1986 l’arrêté fixant le calendrier scolaire de l’année 1986-1987. « La rentrée est fixée au 3 septembre ; les vacances de la Toussaint du 25 octobre au 6 novembre ; les vacances d’hiver ( 2 zones ) du 14 février au 2 mars ou du 21 février au 9 mars ; les vacances de printemps ( 2 zones ) du 11 avril au 27 avril ou du 18 avril au 4 mai ; les vacances d’été du 30 juin au 3 septembre ».
Ce calendrier ne durera qu’un an….En effet, René Monory (qui succède à Jean-Pierre Chevènement dans le gouvernement dirigé par Jacques Chirac) est un ancien ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (et lui-même chef d’entreprise) se montre immédiatement sensible au lobby du tourisme alpin. La « nécessité économique » de retourner au système des trois zones met immédiatement à mal l’édifice construit en faveur de l’optimisation du bien être et des acquisitions des jeunes.
Avec une ‘’cerise sur le gâteau’’ apportée par François Bayrou (qui s’était pourtant targué devant le congrès de la Fédération de parents d’élèves ‘’PEEP’’ d’être du « parti des enfants »). Le ministre de l’Education nationale François Bayrou (malgré deux examens de passage difficiles devant le Conseil supérieur de l’éducation en mars 1994) modifie le calendrier scolaire en réduisant la durée des vacances de la Toussaint et en créant un congé de quelques jours à l’Ascension. En contradiction formelle avec les recommandations des spécialistes des « rythmes scolaires ».
Mais prudence, prudence dans les décisions à prendre éventuellement selon notre nouveau ministre de l’Education nationale.« C’est un sujet que j’ouvrirai de manière plus large dans les deux mois qui viennent ». Les discussions autour de la révision des périodes de vacances, avec les diverses parties prenantes (des parents d’élèves au secteur du tourisme), porteront plus globalement sur « le temps et l’espace de l’enfant du XXIe siècle »…
Ouf ! On peut être rassuré : Jean-Michel Blanquer n’est pas (pas encore ?) à la hauteur de la mégalomanie du « génie des Carpathes ». Il ne s’agit que d’amuser la galerie » !
Il court, il court, le furet,
Le furet du bois, Mesdames,
Il court, il court, le furet,
Le furet du bois joli.
Il est passé par ici,
Il repassera par là.
Claude Lelievre